L’ALLERGIE AUX PROTEINES DE LAIT DE VACHE SYMPTOMES ET DIAGNOSTIC
L’allaitement maternel offre les meilleurs bienfaits pour la santé du nourrisson et de la mère. Le lait contient tous les nutriments dont le nourrisson a besoin pendant les six premiers mois. Les bébés ont besoin d’un allaitement maternel et le cas échéant d’une alimentation au biberon avec une formule à base de lait de vache et supplémentée en nutriments pour bien grandir. Cependant, il y a des situations pathologiques où le système immunitaire de l’enfant réagit de manière anormale et excessive à des allergènes comme les protéines de lait de vache présentes dans le régime alimentaire : on parle alors d’allergie alimentaire au lait de vache ou aux protéines de lait de vache (APLV).
Rappels sur la terminologie
L’aversion alimentaire est une réaction de rejet volontaire qui peut être d’ordre culturel, psychologique et physiologique qui s’établit en fonction des préférences personnelles ou des règles sociales. Nous ne l’aborderons pas dans ce document. La terminologie pour définir les réactions d’hypersensibilité a été précisée par l’Académie Européenne d’Allergie et d’Immunologie Clinique (EAACI) (85). C’est le terme générique pour désigner toutes sortes de réactions inattendues de la peau et des muqueuses. Les symptômes ou les signes cliniques sont objectivement reproductibles, initiés par une exposition à un stimulus défini, à une dose tolérée par des sujets normaux. Elle est à distinguer de l’hyper-réactivité, qui est une réponse normale exagérée à un stimulus. Un trait clinique, une tendance personnelle ou familiale à produire des immunoglobulines E (IgE) en réponse à de faibles doses d’allergènes ordinaires, généralement des protéines, et à développer des symptômes caractéristiques tels que l’asthme, la rhino-conjonctivite ou l’eczéma. L’atopie est transmissible génétiquement. C’est une réaction d’hypersensibilité reproductible et déclenchée par des mécanismes immunologiques. L’allergie peut être à médiation humorale ou cellulaire. Les symptômes allergiques classiques comprennent l’asthme, la rhino-conjonctivite, des manifestations gastro-intestinales et des lésions cutanées caractéristiques. Ordinairement, avec l’âge un patient atopique développe un spectre de « maladies atopiques », parfois appelée « la marche atopique ».
Autrefois désignée comme une réaction adverse aux aliments (86), une réaction indésirable à la nourriture est désormais classifiée comme une hypersensibilité alimentaire. Si des mécanismes immunologiques sont mis en évidence, il s’agit d’une allergie alimentaire. Si le rôle des immunoglobulines E est mis en évidence, on parle d’allergie alimentaire médiée par les IgE. Les réactions dites d’ « intolérance alimentaire » sont qualifiées d’hypersensibilité alimentaire non-allergique.
Les hypersensibilités allergiques selon la classification de Gell et Coombs
La classification des réactions allergiques de Gell et Coombs (1963 – 1975) « sert toujours de référence bien que la réalité soit plus complexe » (87). D’après cette classification, il est possible d’identifier quatre types de réactions immunologiques selon les mécanismes d’action et le temps de réponse. Toutefois, les réactions sont rarement individualisées. Les réactions de type I médiées par les immunoglobulines E sont les mieux caractérisées et les plus fréquentes. L’allergie au sens large constitue un véritable problème sanitaire à l’échelle mondiale. Les maladies allergiques occupent le quatrième rang parmi les maladies mondiales (88). L’OMS projette que la moitié de la population mondiale sera affectée par au moins une maladie allergique en 2050 (89). C’est un phénomène en croissance, dans tous les pays et en particulier dans les pays industrialisés. Elle touche une proportion importante de la population y compris française et toutes les tranches d’âge (89). L’allergie a longtemps été envisagée comme une maladie infantile, on sait aujourd’hui qu’elle peut survenir à tout âge.
Dans la population générale française, la prévalence de l’allergie alimentaire a été estimée entre 2,1 et 3,8 % par Moneret-Vautrin et al. en 1998 (94). L’allergie alimentaire peut apparaître à tout âge mais elle est plus fréquente chez l’enfant : 8 % de la population pédiatrique est concernée (95). C’est souvent la première manifestation allergique à survenir dans l’enfance. Chez l’enfant de moins de huit ans, l’incidence est évaluée entre 5 et 10 % (88) et on considère habituellement une proportion de trois enfants pour un adulte. Les facteurs responsables de l’augmentation de la fréquence de l’allergie alimentaire ne sont pas tous connus. Ceux principalement retenus sont liés aux nouvelles habitudes alimentaires, à l’introduction d’aliments exotiques et à l’emploi de nouvelles techniques agroalimentaires (88). L’identification des aliments émergents et des nouveaux risques allergiques alimentaires est donc particulièrement importante (94). Parmi les allergènes émergents, sont cités les protéines de lait de brebis ou de chèvre, les isolats de blé, certains fruits exotiques ou la farine de lupin.