L’Algérie face aux chocs externes.

 L’Algérie face aux chocs externes.

La crise pétrolière de 1986 : Historique

Les Différents chocs pétroliers Pour comprendre la crise pétrolière de 1986 il est nécessaire de rappeler le concept de choc pétrolier. Les chocs pétroliers sont considérés comme des hausses rapides et très fortes du prix du pétrole. Ils contribuent à l’accélération de l’inflation et au ralentissement de l’activité économique des pays industrialisés. Ils déclenchent généralement une crise pour les pays qui ne produisent pas de pétrole et qu’ils sont dépendant de l’importation. Les chocs pétroliers dépendent généralement de deux facteurs : le déséquilibre entre l’offre et la demande ainsi que les tensions géopolitiques. De ce fait, ils ont un impact considérable sur les économies à l’échelle mondiale. L’expression choc pétrolier est apparue pour la première fois en octobre 1973, tout juste deux années après la nationalisation des hydrocarbures en 1971 par l’Etat Algérien, lorsqu’en plein conflit israélo-arabe, les pays producteurs arabes membres de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP), réunis à Koweït les 16 et 17 octobre, décident d’un embargo sur les livraisons de pétroles vers les pays occidentaux soutenant la contre-offensive israélienne dans le Sinaï et sur le plateau du Golan66. Un historique de la géopolitique du pétrole est nécessaire pour rappeler tous les enjeux économiques mondiaux caractérisés par des conflits divers, inscrits dans une échelle de temps linéaire et qui ne cessent de remodeler toutes les géostratégies auxquelles le monde a eu à faire face depuis les premières découvertes et exploitations de cette matière, dite « Or noir ». 66 Bruno Bauraind, « Choc et contre-choc pétrolier. Matériaux pour une étude du concept ». Le 27/06/2008. Article disponible sur le site :http://www.gresea.be/Choc-et-contre-choc-petrolier-Materiaux-pour-une-etude-duconcept 72  La géopolitique du pétrole décrit l’impact de la demande et de l’offre en pétrole sur la politique des pays consommateurs et producteurs de cette matière essentielle au mode de vie économique actuel. Ce sont les Etats-Unis, depuis le début du XXe siècle, qui détenaient le monopole pétrolier mondial avec le Cartel désigné sous le vocable des Sept Sœurs et qui par conséquent se retrouvaient comme les principaux acteurs des fluctuations du prix de pétrole mondiales. Cette exclusivité a abouti à la naissance de l’Organisation des Pays Producteurs de Pétrole (OPEP) en 1960 sous l’impulsion de l’Arabie Saoudite et du Venezuela. L’OPEP avait (a) un rôle de modérateur dans la politique du prix du baril même si parfois subsistaient des désaccords propres aux intérêts économiques nationaux de chacun des pays membres sur fond de chocs et de contre-chocs pétroliers. Evolution des prix du baril de 1861 à 2017 1859 1ère découverte Du Pétrole en Pennsylvanie Naissance Le prix du pétrole est très bas Conflits et crises de l’Industrie financières pétrolière aux USA Source: BP Statistical Review of World Energy. 73  La notion de contre-choc pétrolier désigne une baisse brutale du prix du pétrole. Elle s’oppose à la notion de choc pétrolier qui indique une montée soudaine du prix du baril de pétrole, comme cela a été le cas en 1973 et en 1979. Un contre choc pétrolier, tout comme le choc pétrolier, est dû à la convergence de nombreux facteurs. La baisse de plus de 50% du prix du pétrole observée depuis le mois de juin 2014 s’explique ainsi par plusieurs événements économiques et politiques. L’essor du pétrole de schiste aux États-Unis, la demande qui n’évolue pas mais aussi le refus des différents acteurs du secteur du pétrole de diminuer leur production de barils sont autant de facteurs influant sur la baisse prolongée du prix du pétrole67. Pour renforcer la compréhension de notre commentaire, nous avons jugé utile de faire un bref aperçu historique lié aux chocs et contre-chocs pétroliers ayant eu lieu depuis 1973. Le 16 octobre 1973, pour cause de guerre (guerre du Kippour) mettant en confrontation l’Egypte et la Syrie d’un côté et Israël de l’autre côté, six pays du Golf membre de l’OPEP augmentent de 70% les prix du pétrole en décrétant un embargo contre les pays occidentaux jugés pro-israéliens. Ce fut la première fois depuis 1960, depuis la création de ce Cartel, que des Etats producteurs imposent une hausse de prix sans l’accord des compagnies pétrolières. S’ensuivent alors une envolée des prix et une crise pétrolière mondiale. Deux mois après il y eut une nouvelle augmentation menant le prix du baril à 11.65 dollars soit l’équivalent de 60,2 dollars de janvier 2016. Nous rappelons qu’en mois de septembre de la même année, ce prix du baril était quatre fois inférieur. En 1979 la guerre Iran-Irak (1980-1988) une flambée des prix est provoquée par une diminution de la production mondiale. C’est le deuxième choc pétrolier. A l’automne 1979, le brut culmine à 40 $ soit l’équivalent de 126,8$ de l’année 2016. Pour réduire leur dépendance à l’or noir, les pays consommateurs vont mettre en œuvre des politiques d’économie d’énergie par la diversification d’autres sources énergétiques (comme l’énergie nucléaire).  

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Le contre-choc pétrolier de 1986

Un contre choc pétrolier s’installe à partir de 1981(et qui va s’étirer jusqu’à 1986) suite à l’abondance de l’offre conséquente de la restriction pétrolière engendrée par la révolution iranienne en 1979 et du déclenchement de la guerre Iran-Irak, périodes durant lesquelles les prix du baril avaient flambé : le baril était passé de 14$ courants en 1978 à 35$ courants. 71 Henri Wanko, « La « crise pétrolière » : enjeux politiques et réalités économiques ». Revue d’économie industrielle, vol.38, 4e trimestre 1986. pp.13-31. 72 https://www.investir-petrole.com/article/marches-spot.html 79  Cette forte augmentation des prix du pétrole allait exercer deux conséquences : du côté de l’offre, elle va permettre l’arrivée sur le marché du pétrole provenant des pays comme le Mexique, l’Alaska et la Mer du Nord. Il faut dire que l’exploitation pétrolière de ces pays n’était pas rentable jusque-là. Du côté de la demande, celle-ci va accentuer la réduction de la consommation engagée à la suite du premier choc pétrolier (1973) par le biais de politiques d’économie d’énergie et de diversification73. Ainsi, la multi-polarisation de l’offre pétrolière et l’introduction de nouvelles énergies comme le nucléaire auront un rôle prépondérant dans la diminution, voire l’effondrement des prix du pétrole en 1986 malgré la réduction de près la moitié de la production des pays de l’OPEP. L’Algérie dont l’économie demeure très fortement dépendante de la rente des hydrocarbures et qui représente la principale source de revenus du pays sans être parvenue à se diversifier et à mettre en place une économie compétitive au niveau international, se verra pénalisée par la crise pétrolière de 1986. Celle-ci sera la cause d’un excédent pétrolier de 2.5 à 3 millions de barils/jour. Associée à la consommation totale du pétrole dans le monde, ce surplus ne représente que moins de 5% de l’offre totale du brut. Cependant ce chiffre relativement faible a conduit à un effondrement du cours moyen du brut de 27,50$/b en décembre 1985 à moins de 10$/b fin mars 1986 avant de se stabiliser au tour de 14$/b en novembre 198674. De tous les pays de l’OPEP se sont l’Algérie et la Lybie qui se sont retrouvé fortement affectées. a) La crise pétrolière de 1986 et ses répercussions sur l’économie algérienne : Messieurs Zemouri Messaoud et Haroun Tahar75 de la Faculté des Sciences Economiques de Batna, Algérie, ont estimé que le contre-choc pétrolier de 1986 et les capacités de financement du pays allaient altérer son pouvoir d’achat à l’international et dévoiler au grand jour l’extrême vulnérabilité de son économie de rente à laquelle a abouti l’Algérie. Ce sont des prévisions auxquelles s’attendaient les algériens qui n’avaient pas écarté cette éventualité mais n’avaient pas prévu aussi que le prix du baril plongerait sous la barre de 10-15$ soit une diminution de 10% des recettes. L’Algérie qui accusait l’Arabie Saoudite de brader son pétrole par la pratique des contrats « netback » se trouve obligée début 1986 de recourir aux mêmes pratiques. Nous soulignons que la valeur netback76 correspond au prix de vente du Brut, déduction faite des frais de commercialisation directs. Cependant, l’Algérie prit conscience de sa vulnérabilité du fait qu’elle ne pouvait par cette pratique commerciale concurrencer l’Arabie Saoudite. Si cette dernière pouvait se permettre une diminution financière de 15 à 20 milliards de dollars par an durant au moins 5 années, une telle perspective ne pouvait être envisagée par l’Algérie avec un baril de 15$ qui perdrait plus d’un tiers de ses revenus pour l’année 1986, soit 4,6 milliards pour 12,6 milliards de dollars qui constituaient ses recettes pour 198577. En réalité, à partir du début de 1986, la généralisation des contrats netback, conjuguée à la baisse rapide des prix du Brut, s’est traduite par une restauration de la marge du raffinage mais cette situation reste fragile car les marges de cette industrie étaient moroses et faibles78. En 1984-1985, le secteur pétrolier contribuait encore pour plus de 90% aux recettes d’exportations, finançant 60% du budget de l’Etat et représentant 35% du PIB. Par ailleurs, l’Algérie se distingue des autres pays de l’OPEP par la diversification de ses structures des exportations énergétiques. Les exportations totales de pétrole Brut et de produits pétroliers ne représentaient que la moitié de toutes les exportations, le reste étant compensé par des condensats79 (14 millions de TEP80) et du gaz naturel liquéfié (GNL) (17 millions de TEP). Soulignons que jusque-là et depuis 1978, la balance commerciale algérienne était excédentaire. En 1985, les exportations s’étaient élevées à 14 milliards de dollars en augmentation de 13,4% par rapport à 1984 tandis que les importations d’équipements industriels et de biens de consommation représentaient 19,4 milliards de dollars. Ces chiffres sont restés à peu près stables depuis 1981 (voir tableau ci-après en milliards de dinars).

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