L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE, UNE REALITE
LES ORIGINES
Après les deux guerres mondiales, l’objectif et la priorité pour l’agriculture conventionnelle (ou moderne) étaient de produire rapidement et en grandes quantités. Logiquement, elle a opté pour l’intensification : monoculture sur plusieurs hectares, variétés à hautes performances, mécanisation à outrance, usage industriel d’engrais et de pesticides chimiques. L’équilibre naturel n’était pas dans ses priorités ni ses préoccupations. Dans les années 30, les pionniers de l’AB avaient le même objectif de produire en quantités suffisantes, mais en se fixant d’autres priorités : (1) l’homme doit être utilisateur et non destructeur de la nature; (2) le sol doit être maintenu en bonnes conditions de fertilité et si nécessaire régénéré.
LES PRECURSEURS
1924 : Rudolf STEINER philosophe allemand se basa sur la conviction de GOETHE que « Rien n’arrive dans la nature vivante qui ne soit en relation avec le tout », pour développer l’anthroposophie que E. PFEIFFER utilisa pour mettre au point la technique biodynamique en AB. 1938 : Ehrenfried PFEIFFER créa aux Etats-Unis la première ferme « biologique ». 1940 : Albert HOWARD chercheur anglais publia dans le « Testament Agricole » les résultats de plusieurs années d’essais de transformation des déchets selon un travail programmé de tas aérés et régulièrement retournés (le compostage), travaux menés en Inde. Aux Etats-Unis apparut le terme « organic » avec le magazine « Organic Garden Magazine » de J. J. RODALE. 1945 : H. MULLER biologiste suisse et H. P. RUSH médecin allemand, défenseurs d’une « agronomie économique », développèrent la « méthode Muller d’AB » qui se répandit en Europe Centrale. Des innovateurs surgirent ensuite un peu partout dans le monde. Citons pêle-mêle: Jean PAIN qui se préoccupe du compostage des rejets de sous-bois; LEMAIRE qui apporte au compost des algues marines en complément; JEAN qui préconise le travail superficiel par respect de la vie aérobie du sol ; FUKUOKA avec sa « Révolution d’un seul brin de paille » qui est catégoriquement pour le zéro labour ; Maria THUN qui met au point le calendrier planétaire… On innove encore ou on centre l’action sur un point particulier: ajouts de roches volcaniques ou de phosphates naturels broyés, soussolage, associations et rotations dé cultures, engrais verts de légumineuses pérennes…
ET A MADAGASCAR
L’AB est connue et pratiquée à Madagascar depuis une trentaine d’années grâce aux efforts du CAPR Tsinjoezaka de Fianarantsoa, animée par l’équipe du Père de LAULANIÉ, Frère Michel HUBERT, Mr Edmond RATAMINJANAHARY et Mme Jeanine RASOAIVIADANA. Le mouvement s’est développé surtout dans les années 80 avec la demande à l’exportation de produits certifiés bio, fruits et légumes essentiellement. Une antenne malgache de « Nature et Progrès » voit le jour en 1989 à Antsirabe pour sensibiliser et former progressivement le paysannat aux techniques respectueuses de la Nature. ECOCERT France envoyait annuellement un inspecteur pour contrôler et certifier les produits bio malgaches jusqu’en 1995 où une antenne malgache est créée. En 1995, un Comité National de l’AB est organisé par les professionnels et opérateurs du secteur pour (1) coordonner toutes les activités se rattachant à la production, la transformation, le transport, la commercialisation et la promotion des produits bio ; (2) proposer une politique d’action sur le développement du mode de production biologique ; (3) donner son avis sur les projets de texte et tout projet d’exploitation de production spécifique bio ; (4) œuvrer pour la vulgarisation de tout savoir-faire sur le mode de production biologique.
Un projet de loi sur l’AB a été remis par le CNAB aux autorités malgaches mais n’a pas eu de suite jusqu’à maintenant. Une trentaine d’opérateurs engagés dans les activités de commercialisation de produits biologiques se sont organisés et groupés au sein d’un syndicat dénommé « PROMABlO » (PROduits MAlgaches BIOlogiques). La promotion des produits biologiques est l’objectif prioritaire de PROMABIO: fruits et légumes frais ou transformés, épices, huiles essentielles, textiles, oléagineux, riz, sucre, vanille… Tout dernièrement, l’antenne de l’Association TEFY SAINA à Fianarantsoa a apporté ces précisions intéressant es: avec l’AB, c’est (1) résoudre le problème immédiat d’augmentation de la production, (2) obtenir un bon prix (compte tenu des richesses locales) et (3) une alimentation de qualité en (4) sauvegardant la santé du sol aujourd’hui et demain, (4) tout en mettant l’homme en harmonie avec son terroir. Cf. Chapitre « Approche Terroir ».