L’agressivité a toujours existé. Elle fait partie de la nature de l’Homme. Si nous remontons à l’époque de la préhistoire, lorsque les premiers Hommes apparurent sur terre, ils n’avaient pas le choix de se battre pour obtenir ce dont ils avaient besoin. Ils devaient répondre à des nécessités telles que les vivres, des besoins d’être reconnu en tant que chef de la tribu ou alors pour ne pas en être exclu et des obligations de défendre leur territoire. Les Hommes se battaient contre les animaux mais également entre eux .
Aujourd’hui, il est difficile de dire si l’agressivité a diminué ou si elle est en augmentation sans se baser sur des études réalisées sur une longue période. Cela n’est pas le but de ma recherche. Ce que je peux dire à ce propos, en me basant sur la théorie de Richard E. Trembley, c’est que la colère et l’agressivité qui en découle apparaît très tôt dans la vie du jeune enfant. Dès les premiers mois de sa vie, l’enfant apprend de lui-même à donner des coups, à griffer ou à gifler lorsqu’il est en colère. Ces gestes seraient alors, selon M. Trembley, innés à tel point que l’enfant sait que s’il tape, ça fera mal. La colère serait : « […] un mécanisme permettant d’atteindre un but désiré. » L’agressivité ferait donc partie de notre cerveau reptilien. M. Trembley va même jusqu’à dire – en se basant sur des expériences réalisées à la fin du 20ème siècle – « que, dès les premiers mois de la vie, la colère est un outil mieux adapté que la tristesse. C’est d’ailleurs dans cette perspective que cet outil primitif pour atteindre un but est utilisé par les entraîneurs d’athlètes que l’on veut mobiliser pour la compétition. » .
Mon but avec ce premier point, est avant tout de comprendre quels sont les facteurs et les sources qui ont une influence sur le comportement agressif.
♦ Définitions de l’agressivité
Tout d’abord, j’insère ci-dessous quelques définitions de l’agressivité.
◦ « l’agressivité est une composante vitale de notre fonctionnement. Elle est une des façons possibles de matérialiser notre volonté de communiquer avec le monde extérieur, d’y laisser notre empreinte en imitant l’autre avant d’essayer de s’y substituer. »
◦ « l’agressivité est un caractère offensif d’un individu cherchant à blesser autrui, à porter atteinte à son intégrité physique ou morale. »
◦ « L’agressivité est une recherche de soi à travers les réactions de l’autre, elle a un sens, elle veut exprimer divers besoins : être écouté, être compris, être reconnu. […]» J’insère également la définition du mot « agression » car il reviendra régulièrement dans mon travail : ◦ « […] le terme d’agression recouvre toute forme de comportement ayant pour but d’infliger un dommage à un autre organisme vivant lorsque ce dernier est motivé par le désir de ne pas subir un traitement pareil. » Si je fais une synthèse de ces quatre définitions, je peux retenir que :
◦ L’agressivité fait partie de l’être humain. Elle serait innée.
◦ Elle nous permet de communiquer, de nous défendre, d’exprimer un besoin ou de faire comprendre que nous ne sommes plus en accord avec une situation en blessant physiquement ou moralement une personne. J’ajoute pour finir, une définition du mot « violence » car je trouve essentiel de marquer la différence entre les deux.
◦ La violence : « […] réaction qui se traduit par un ou plusieurs actes diversifiés. Elle peut se manifester par des mouvements brutaux, agressifs et passionnés, mais aussi par un emportement, une exaltation, une intimidation. » Selon Farzaneh Phalavan : « rien ne peut justifier un acte de violence. » « La violence attire surtout l’attention par ses conséquences extrêmes, telles que le meurtre ou une attaque physique grave, elle peut être dirigée aussi bien contre les autres (guerre, viol, terrorisme, meurtre, maltraitance,) que contre soi-même (Slaby, Braham, Eron & Wilcox, 1994) » .
Nous pouvons constater après avoir lu ces définitions que l’agressivité est utilisée pour se défendre ou pour s’exprimer, elle a des conséquences mais elles ne sont pas aussi extrêmes que celles de la violence. Cette dernière est définie comme brutal et comme ayant des effets tels que le meurtre ou le viol.
Ces définitions m’ont permis d’éclaircir le terme. Cependant, il reste encore les différentes formes d’agressivité à définir.
♦ Les différentes formes de l’agressivité
L’agressivité peut se trouver sous plusieurs formes : Active ou passive : la forme active sous-entend que l’acte agressif est commis par l’auteur dans le but d’atteindre un but. La victime, blessée par ce comportement, se retrouve en situation dite passive. Physique ou verbale : l’agressivité physique est composée de coups, de morsures et de gestes qui portent atteinte au physique de l’autre. La forme verbale comporte les insultes ou les gros mots. « Directe ou dissimulée : la forme directe est une agression directe envers l’adversaire. Elle peut donc être constatée. Par contre, l’agression dissimulée ou sournoise est difficilement constatable et prouvable. En font partie, le vol, le mensonge mais aussi la propagation de faux bruits pouvant porter atteinte à autrui. » .
♦ Chacune d’entre elles peut être :
◦ « […] hostile : comportement agressif visant à blesser (physiquement ou psychologiquement) une personne ou à lui nuire. » .
Exemple : un garçon et une fille se disputent à l’école. Le garçon s’énerve de plus en plus car il ne se sent pas écouté. Il saute sur la fille et lui tire les cheveux.
◦ « […] instrumentale : comportement agressif visant l’obtention ou la destruction d’un objet. » Exemple : Henri et Dylan se disputent pour avoir un jouet. Ils le tiennent les deux par les mains et tirent dessus. Henri voit que Dylan ne cèdera pas. Il arrache le jouet d’un coup sec et griffe Dylan dans le même temps.
◦ « […] caractérielle : mode de comportement dans lequel le modèle agressif du début de l’enfance devient un mode de vie pour l’individu. » . Exemple : Éric et Antoine jouent au ballon. Éric se fait un croche-pied et tombe sur Antoine par accident. Antoine prend sa chute comme un acte intentionnel visant à le blesser et donc se venge. La suite de mon travail apportera des réponses sur l’origine des différents comportements agressifs.
Les théories liées à l’agressivité
« L’agressivité est considérée comme un phénomène interactionnel » Au cours de mes lectures, j’ai réalisé que pour comprendre précisément où commence l’agressivité, il fallait remonter tôt dans la vie du jeune enfant. J’ai découvert plusieurs théories et j’ai décidé d’en exposer deux d’entre elles car le comportement agressif ne dépend pas que d’une seule et unique théorie.
♦ Approche interactionniste de l’agression
Cette théorie soutient qu’il y aurait une interaction entre la colère et l’agressivité. L’auteur des gestes agressifs aurait la volonté d’atteindre un but. Ce but serait la motivation de l’action. Le comportement agressif commence lorsque l’auteur réalise qu’une faute a été commise. Il va alors chercher à punir l’individu qui est en faute. L’agression serait donc utilisée pour rétablir une situation ou pour se venger. L’auteur de cette agression ne trouverait pas d’autres alternatives à cette agression, ce qui conduit la théorie à dire que « L’agression serait de ce fait plus probable chez les individus peu sûrs d’eux. » .
Cette approche soutient que l’agressivité serait un comportement instrumental car elle prend seulement en compte les interactions interpersonnelles, les caractéristiques situationnelles et personnelles des individus. « Les valeurs et les attentes de l’agresseur joueraient un rôle prépondérant dans l’évaluation de la situation et dans la décision de s’engager dans une agression. » Elle élimine de ce fait, que l’agressivité peut être d’origine biologique, physiologique ou neurologique.
♦ Théorie biopsychosociale de l’agression
Cette théorie prend en compte plusieurs facteurs qui inter-réagiraient entre eux et qui seraient à l’origine de l’agression : le biologique, le physiologique, les expériences sociales ainsi que les mécanismes d’apprentissage. La colère est une émotion et les émotions sont gérées par le cerveau. D’après les partisans de cette théorie, le système nerveux serait modulable et ce, grâce aux expériences et aux apprentissages que fait l’individu. « […] La colère peut acquérir un statut d’émotion positive, lorsqu’il y a succès constant de ses expressions et conditionnement dit appétitif (agréable) du système d’exploration. » Cette théorie soutient que l’éducation a un rôle important dans ce processus. De ce fait, si l’enfant exprime ses émotions en tapant, l’éducateur devrait établir un dialogue en lui faisant prendre conscience de son comportement agressif. Si cela se produit dès la naissance, l’enfant, en grandissant se rendra compte par lui-même de ses actes agressifs et apprendra d’autres alternatives à l’agression physique.
1. Introduction |