L’AFRIQUE DANS LES GUERRES CIVILES A ROME AU DERNIER SIECLE DE LA REPUBLIQUE
GUERRE DE JUGURTHA
JUGURTHA
Pour parler de Jugurtha, il faut remonter un peu en arrière. Au cours de la deuxième guerre punique, le général carthaginois Hannibal avait infligé à l’Italie les plus rudes coups qu’elle n’avait jamais supporté depuis l’ établissement de la grandeur romaine. Le roi des Numides, Massinissa, admis dans l’amitié des Romains par l’intermédiaire de P.Scipion, s’était illustré par de nombreux faits d’armes. Il avait beaucoup contribué à la défaite des Carthaginois. En récompense après la défaite de Carthage et la capture de Syphax, qui possédait en Afrique un vaste et puissant empire, le peuple romain fit don au roi de tous les territoires et villes que son bras avait conquis. Ce fut pourquoi Massinissa leur garda une amitié sûre et fidèle. Mais son empire finit avec sa vie. Par la suite, son fils Micipsa régna seul lorsque la maladie emporta ses frères Mastanabal et Gulussa. Il avait deux fils Adherbal et Hiempsal, et il traita chez lui avec les mêmes égards que ses propres enfants, le fils de son frère Mastanabal, JUGURTHA, que Massinissa avait laissé végéter dans la vie privée, parce qu’il était né d’une concubine 26 . Pourtant ce dernier ne se montra point indigne du sang de Massinissa. Bien fait de corps, écuyer et chasseur, agile et brave, net et décidé dans les actes de son administration 27 . Jugurtha avait l’esprit étendu, vif, délié, pénétrant. Il était beau de visage, et d’une force qui ne s’amoindrissait jamais dans les plaisirs et les excès. Il était sobre comme les hommes de sa race et s’adonnait avec passion aux exercices du corps. Il montait à la manière des Numides, un cheval qui n’avait ni selle ni frein, le lançait au galop, et accomplissait tout armé, pendant les courses les plus rapides, ces brusques évolutions que l’on admirait chez les cavaliers africains. Il excellait dans les grandes chasses. Il se précipitait hardiment, avec seulement un javelot, à la poursuite du lion et des bêtes féroces qui habitaient le désert. Il luttait à la course avec ceux de son âge, et malgré les succès qu’il remportait sur tous, les Numides l’aimaient et l’admiraient Dès lors Micipsa ne se fit point d’illusions sur les dangers qui menaçaient ses deux fils. Il comprit que, parmi ces tribus africaines qui acceptent volontiers pour chef le guerrier le plus brave et le cavalier le plus habile, son neveu avait acquis des droits plus réels que ceux de la naissance, et qui devaient l’emporter un jour sur ceux d’Adherbal et de Hiempsal. Ce fut ainsi que le roi songea plus d’une fois à le faire périr mais la crainte d’exciter un soulèvement parmi les tribus soumises à son commandement l’arrêta. A l’époque du siège de Numance, il crut enfin avoir trouvé une occasion de se défaire de celui qui lui inspirait pour l’avenir de si vives inquiétudes. En effet, les Romains avaient demandé au roi numide, leur allié, un corps de troupes. Il se hâta de leur envoyer en Espagne des cavaliers et des fantassins qu’il avait placés sous les ordres de Jugurtha. Il pensait que le jeune prince, emporté par son bouillant courage et sa témérité, trouverait la mort dans les rangs ennemis et le dispenserait ainsi de recourir à un crime dont l’exécution jusqu’alors lui avait paru périlleuse. Mais Jugurtha sut contenir son ardeur déjouant ainsi son calcul. Chargé souvent de missions difficiles, il les remplit avec prudence et courage devenant ainsi l’idole des Romains et la terreur des Numantins. En peu de temps, il sut acquérir l’affection du général sous les ordres duquel il avait été placé et de tous les officiers. Lors des travaux de la guerre, les repos et les veilles de camp, Jugurtha avec sa vive pénétration, étudiait le caractère de ses compagnons d’armes. Il se liait d’amitié avec certains hommes très influents, mais qui étaient plus amis des richesses que de la vertu et de la probité. Il recherchait de préférence les plus corrompus, comptant sur eux pour réussir un jour dans ses projets ambitieux. Ce fut de ces hommes décriés que le jeune numide apprit, dit Salluste, « qu’à Rome on obtenait tout à prix d’argent. » Après la prise de Numance, Scipion renvoya ses auxiliaires. 18 Toutefois il ne se sépara pas du corps des Numides sans lui avoir témoigné hautement sa satisfaction, et il donna à Jugurtha, pour Micipsa une lettre ainsi conçue : « Ton cher Jugurtha a montré dans la guerre de Numance une valeur sans égal ; chose qui j’en suis sûr, te réjouira. Ses mérites nous l’ont rendu cher, et nous travaillerons de toutes nos forces à faire partager nos sentiments au Sénat et au peuple romain. Pour toi, je te félicite au nom de notre amitié. Tu as là un homme digne de toi et de son grand-père Massinissa… » Cette lettre, loin de réjouir Micipsa, ne faisait sans doute que raviver ses craintes et ses inquiétudes. Mais il n’y avait plus à hésiter ; il fallait jusqu’au bout conserver des ménagements et des dehors d’affection pour celui qui, par ses qualités personnelles et son habile conduite, s’était rendu également cher aux Numides et aux Romains. Depuis la guerre de Numance, Micipsa traitait Jugurtha comme l’égale de ses propres enfants. Peu d’années après, sentant approcher sa fin, le roi lui donna une part de son héritage afin qu’il ne fut tenté de prendre le tout. Sur son lit de mort, il convoqua ses amis, ses parents, ses fils Adherbal et Hiempsal. Devant cette assemblée, il adressa, dit- , on à Jugurtha et à ses fils de vivre en paix et de se prêter secours dans les circonstances difficiles. Il priait Jugurtha de prendre soin de ses cousins, lui faisant savoir qu’il n’y avait rien de plus solide que les liens du sang. Il terminait en leur disant qu’il leur laissait un royaume solidement affermi et qu’ils avaient intérêt à rester unis pour sauvegarder leur royaume. Quant à ses deux fils, il les recommandait de respecter et d’honorer Jugurtha et d’être braves et habiles comme lui. Jugurtha savait que ce discours sonnait faux mais il remerciait le roi avec les plus vives protestations. Mais dès la mort de Micipsa, sa famille était accablée de tous les maux qu’il avait prévus. Lors de la délibération sur toutes les affaires du royaume, Hiempsal qui détestait Jugurtha à cause de l’infériorité de sa naissance du côté maternel, s’était assis à côté d’Adherbal pour empêcher, Jugurtha d’occuper le siège du milieu qui était la place d’honneur chez les Numides mais son frère l’obligea à se lever. 28.Sall.,Jug., IX.. 19 Au cours de l’entretien sur l’administration du royaume, Jugurtha proposa d’abroger toutes les ordonnances et tous les décrets parus dans les cinq dernières années, période pendant laquelle Micipsa accablé par l’âge n’avait plus toute sa raison. Hiempsal lui avait répondu qu’il cessait d’être roi puisqu’il n’avait été appelé à partager le royaume que depuis trois ans. Ce mot lé blessa au plus profond de lui-même et dès ce moment, rongé de colère et de honte, il se résolut à se venger de celui qui l’avait offensé. Pendant qu’on négociait, un assassin gagé par Jugurtha le débarrassa de Hiempsal. La nouvelle de ce meurtre se répandit bientôt dans toute l’Afrique. Adherbal et tous les anciens sujets de Micipsa étaient terrorisés. Les Numides se divisèrent en deux camps. Le plus grand nombre autour d’Adherbal mais les meilleurs soldats furent pour Jugurtha. Ce dernier arma ses partisans, se rendit maître des villes de gré ou de force et s’apprêta à régner sur toute la Numidie. Bien qu’Adherbal eût envoyé à Rome des députés pour instruire le Sénat du meurtre de son frère et de sa propre situation, il n’attendit point leur retour et s’avança contre les meurtriers de son frère. Dès le premier combat, il était vaincu et forcé de se réfugier dans la province romaine d’Afrique et de là gagnait Rome. Cependant Jugurtha n’était pas complètement rassuré par la fuite d’Adherbal. Il craignait les Romains et l’effet que devaient produire sur le Sénat les plaintes de celui qu’il avait dépouillé. Il n’avait d’espoir que dans la cupidité de la noblesse et dans ses propres trésors. C’était ainsi qu’il envoyait à Rome des députés chargés de corrompre les plus notables des patriciens. Ces émissaires s’adressèrent d’abord aux nobles romains que le roi avait connus au siège de Numance et avec leur aide en gagnèrent de nouveaux. L’or et les promesses firent dans les esprits un grand changement à tel point que l’élan d’indignation que certains sénateurs avaient pour Jugurtha se transformait parmi les nobles en sentiments amicaux et favorables. Quand finalement on assignait un jour à Adherbal pour entendre ses plaintes, sa cause dans le Sénat était perdue d’avance. Les paroles adressées par Adherbal aux sénateurs furent touchantes. 20 Il leur dévoila indirectement les manoeuvres des émissaires de Jugurtha et laissa entendre que plusieurs parmi les sénateurs avaient été gagnés d’avance. Après avoir écouté Adherbal, les envoyés de Jugurtha ayant pris la parole, affirmaient que Hiempsal avait été mis à mort à cause de sa cruauté et que dans cette guerre Adherbal était l’agresseur. Jugurtha affirmait au Sénat qu’il était resté le même depuis Numance. Après délibération, le nombre des corrompus était plus grand. Il était arrêté que dix commissaires régleraient le partage des Etats de Micipsa entre Jugurtha et Adherbal. On mit à la tête de cette commission Lucius Opinius, personnage célèbre et influent au Sénat pour avoir pendant son consulat, après le meurtre de C. Gracchus et M.fulvius Flaccus, exploité avec cruauté la victoire de la noblesse sur la plèbe. Il était parmi les adversaires de Jugurtha à Rome mais ce dernier l’accueillit avec les plus grands égards et à force de dons et de promesses, l’amena à sacrifier son honneur, sa réputation au profit des intérêts du roi. Jugurtha avait réussi à gagner aussi la plupart des délégués qui avaient accompagné L.Opinius. Dans le partage, la partie de la Numidie voisine de la Maurétanie était la plus fertile et la plus peuplée était assignée à Jugurtha ; l’autre partie qui avait plus d’apparence que davantage réels et qui était mieux pourvue en port de mer et en édifices, devint la portion d’Adherbal. Après le départ des commissaires, Jugurtha enhardi par le succès que ses envoyés avaient obtenu dans le Sénat et comptant pour ses entreprises futures sur la puissance de son or, convaincu que ses amis de Numance ne l’avaient pas trompé en lui affirmant qu’à Rome tout était à vendre, n’hésita pas à reprendre les armes contre Adherbal ; il voulait régner seul sur l’empire de ses ancêtres. Ce fut ainsi qu’il se jeta sur le royaume d’Adherbal avec des corps armés, ravageant des campagnes et des villes faisant un gros butin. Mais Adherbal ami du repos, pacifique et sachant l’infériorité de sa force, n’essaya point de se venger et tenta encore la voie des négociations. Il envoya des députés à Jugurtha pour se plaindre des violences commises mais ce dernier l’insulta. Il préféra se résigner plutôt que d’engager un nouveau combat Mais cela n’empêcha pas Jugurtha de commettre son forfait en pillant encore des villes et des campagnes emmenant toutes sortes de butin, redoublant la confiance de ses hommes et la terreur des ennemis. Dès lors Adherbal n’avait que deux possibilités : soit quitter son royaume soit le défendre par les armes. Il opta pour la dernière solution. Il leva des troupes et marcha à la rencontre de Jugurtha. Les armées se rencontre un soir aux environs de Cirta. 21 A la fin de la nuit les soldats de Jugurtha surprirent ceux d’Adherbal et les mirent en déroute. Adherbal, avec quelques cavaliers, s’enfuirent à Cirta.Ils étaient poursuivis jusqu’aux portes de la ville parce qu’elles étaient défendues par des soldats italiens. Comme Jugurtha voulait en finir d’un coup et comptant sur un facile succès, vint investir Cirta. Mais la ville fut bravement défendue par les soldats italiens. Jugurtha commença un siège en règle. Cependant le bruit des évènements qui s’accomplissaient en Afrique était arrivé jusqu’à Rome. On envoya trois jeunes gens au nom du Sénat et du peuple Romain pour les faire déposer leurs armes et aussi régler leur différend à l’amiable. Jugurtha trompa les Romains par des paroles pleines de soumission. Les députés revinrent en Italie sans avoir délivré Adherbal. Dès que les Romains tournèrent le dos, Jugurtha pressa de plus en plus le siège de Cirta. Adherbal implora encore l’aide du Sénat et on députa en Afrique cette fois-ci des personnes d’àges et de naissance ayant rempli les plus hautes charges. De ce nombre était M. Scaurus mais Jugurtha se comporta avec eux de la même manière en leur donnant de l’or, des présents. Ces derniers repartirent sans avoir lever le siège de Cirta. A cette nouvelle, les Italiens, qui jusqu’alors avaient combattu bravement perdirent courage. Ils croyaient pouvoir sauver leur peau en évoquant la grandeur du nom romain et conseillaient Adherbal de se rendre. Adherbal capitula bon gré, mal gré et fut torturé jusqu’à la mort. Ensuite Jugurtha massacra indistinctement tous les adultes numides ou négociants romains en possession d’armes. Mais ces forfaits ne restèrent pas longtemps cachés. Le scandale de la corruption criminelle éclata et on décida de poursuivre le parricide en faisant la guerre au roi.
MARIUS
Quel était le troisième nom de Caius Marius ? Nous ne saurons le dire41 . Le troisième nom chez les Romains est le surnom : cognomen. En effet le Cognomen fait partie avec le praenomen et le nomen des tria nomina qui désignent un citoyen romain. A l’origine, il désigne une particularité de l’individu comme le caractère, les actions, l’aspect ou les affectations du corps. Macrinus, Sylla, Cicéron, César sont des cognomen. Il finit par se transmettre aux descendants et désigne ainsi une des branches de la famille. Plusieurs surnoms peuvent s’ajouter les uns aux autres 42 . Marius est né à Arpinum de parents tout à fait obscurs, travailleurs manuels et pauvres. Son père s’appelait aussi Marius, sa mère Fulcinia. L’existence qu’il y menait était assez grossière mais frugale et conforme à l’ancienne éducation romaine. Sa statue de marbre correspond entièrement à ce l’on dit de la rudesse et de l’âpreté de son caractère. D’un naturel viril et combatif, formé par une éducation plutôt militaire que civique, il montra dans les charges qu’il exerça une humeur intraitable c’est-à-dire le grec. Marius trouvait ridicule d’apprendre la langue d’un peuple esclave. Il fit ses premières armes contre les Celtibères, à l’époque où Scipion l’Africain assiégeait Numance. Le général vit qu’il l’emportait en courage sur les autres jeunes gens et qu’il acceptait très aisément le changement de régime que Scipion introduisit dans les armées, gâtées par la noblesse et par le luxe. On dit aussi qu’étant aux prises avec un ennemi, il l’avait terrassé sous les yeux du général. Il reçut plusieurs marques d’honneur de Scipion. On rapporte un jour qu’au cours d’un repas un des convives ayant posé la question de savoir quel général égal à lui le peuple romain pourrait avoir, Scipion frappa doucement l’épaule de Marius en disant peut être celui-ci. On dit que cette parole exalta ses espérances au point de le faire s’élancer dans la carrière politique. En 119, il a été tribun de la plèbe, grâce à la faveur de Cecilius Metellus, dont la maison avait toujours protégé la famille de Marius. Il menaça les consuls d’arrestation lorsque le Sénat a voulu modérer ses projets. Il s’est fait remarquer en réduisant les points électoraux à la largeur d’un homme, ceci pour mieux lui permettre de s’opposer à une restauration de la loi frumentaire de Caius Gracchus 43 . Marius réussit à faire passer sa loi. Il passa dès lors pour un homme inaccessible à l’intimidation, dégagé des liens du respect, capable de tenir tête au Sénat et empressé à capter la faveur du peuple. Après le tribunat, il brigua l’édilité la plus haute car il y a deux chaises curules sur laquelle on s’assied pour traiter les affaires, et l’autre, inférieure qu’on appelle plébéienne mais échoua. Il se replia sur l’autre édilité moins haute mais rien, perdit encore. Bien qu’ayant essuyé deux échecs en un seul jour, il ne rebattit rien de sa fierté et peu de temps après, brigua la préture. En 115, la grande année des Metelli, il tient sa récompense : il est préteur. Pendant sa préture, sa conduite lui valut peu de louanges. A sa sortie de charge, le sort lui assigna l’Espagne Ultérieure où il élimina les bandits de cette province dont les moeurs étaient encore brutales et sauvages. En entrant dans la carrière politique, Marius ne possédait ni l’éloquence, ni la richesse, moyens dont se servaient les hommes les plus estimés pour diriger le peuple. Mais la raideur même de sa fierté, son ardeur infatigable au travail et la simplicité toute populaire de sa vie lui attirèrent l’estime de ses concitoyens, il grandit en considération et en crédit qu’il fit un grand mariage. Il s’allia à l’illustre maison des Césars en épousant Julie la tante de César qui devint par la suite le plus grand des Romains. En 109, le consul Caecilius Metellus désigné pour diriger la guerre de Jugurtha amena avec lui en Libye Marius comme légat 44 . Il mena la guerre avec énergie et par des intrigues réussit à enlever le commandement de l’armée d’Afrique et à être élu consul. En 105, il se fit livrer Jugurtha par l’intermédiaire de Sylla. On venait à peine d’annoncer la capture de Jugurtha quand survinrent les premières rumeurs sur l’irruption des Cimbres et des Teutons. Il s’agit de deux puissantes peuplades germaniques au nombre de trois cent mille guerriers traînant avec eux une masse nombreuse d’enfants et de femmes en quête d’un pays capable de les nourrir et de villes où ils puissent s’établir et vivre. Ils avaient appris que c’était ce que les Celtes avant eux avaient fait en enlevant aux Etrusques et en occupant la meilleure partie de l’Italie. A peine de retour en Italie, on le chargea d’arrêter ces derniers. Il extermina les Teutons à Aix-en-Provence en 102 et les Cimbres en 101 à Verceil. Il fut considéré comme le sauveur de l’Italie et reçut le titre de troisième fondateur de Rome. Il accomplit son cinquième consulat. Quant au sixième, Plutarque dit qu’il mit plus d’ardeur à le briguer que personne n’en mit jamais pour obtenir le premier. Il recherchait la faveur du peuple en le flattant et cédait à la foule pour lui complaire. C’est surtout lors de son septième consulat que Marius se rendit odieux en devenant le complice des nombreux méfaits de Saturninus qui égorgea Nonnius ; faisait passer les lois quand il le voulait. Ce comportement de Marius se justifie ; lorsqu’il voulait faire exiler Metellus, il s’était servi de Saturninus, c’est pourquoi il était forcé de fermer les yeux. Quand Metellus fut rappelé d’exil, il s’y opposa en vain. Pour ne pas assister au retour de Metellus, il s’embarqua pour la Cappadoce et la Galatie en prétextant qu’il voulait faire des sacrifices pour la mère des dieux. En réalité mal doué pour la paix et pour la politique, alors que la guerre l’avait rendu grand, et pensant que l’inaction et le repos étaient en passe de flétrir insensiblement sa puissance et sa gloire, il cherchait à susciter de nouveaux conflits. Il espérait mettre la discorde entre les rois, soulever et exciter Mithridate que l’on croyait prêt à faire la guerre. 35 Marius serait aussitôt désigné pour commander l’armée et remplirait la ville de nouveaux triomphes et sa propre maison de dépouilles du Pont et des trésors du roi 45 . Entre temps s’éclate la guerre sociale c’est-à-dire la guerre qui opposa Rome et ses alliés qui revendiquaient le droit de cité romaine. Marius conduit la guerre mollement et finit par abdiquer. L’année même où s’acheva la guerre sociale, Mithridate, roi du Pont envahit l’Asie Mineure, y fit massacrer quatre vingt mille Romains et occupa la Grèce. Le Sénat confia à Sylla la conduite de cette nouvelle guerre, mais le tribun Sulpicius Rufus fit voter par les comices une loi qui la lui ôta au profit de Marius. Sylla qui se trouvait à Nole, en Campanie, où il préparait son départ, marcha sur Rome avec ses troupes, après une brève résistance S. Rufus fut tué, et Marius traqué, eut grand— peine à s’échapper. Sylla partit pour l’Orient. Pendant son absence, les Marianistes sous la conduite de Cinna reprenant l’avantage massacrèrent les chefs les plus en vue du parti sénatorial.
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