L’activité de la pêche et le développement local

Le développement local : Origine du concept

Le développement local est un concept qui est apparu, premièrement, dans les pays occidentaux. Il est considéré comme faisant partie des nouveaux paradigmes, cadres d’analyse et d’intervention pour venir à la rescousse des économies européennes en proie à des difficultés. Le développement local s’exerce sur un espace déjà constitué ou à constituer donc sur un territoire réduit. Le concept est né en France dans les années 19501 à partir d’une prise de conscience que les politiques d’aménagement du territoire mises en oeuvre pour corriger les grands déséquilibres géographiques et socio-économiques ne pouvaient s’appuyer que sur une mobilisation des volontés locales. On parlait alors de « développement endogène » pour reprendre l’expression de FRIEDMAN et STÖHN2. A travers une approche volontariste axée sur un territoire restreint, ils concevaient le développement local comme une démarche partant du bas d’où l’appellation développement par le bas, privilégiant les ressources endogènes ou locales. De même, on parle de développement communautaire tout en insistant et en mettant en exergue les initiatives populaires. D’autres auteurs situent l’émergence du concept et le dateraient dans les années 1970. Mais, il faut retenir que, l’idée de développement local est apparue en réaction aux modèles d’analyse traditionnels (modèle de la base économique, pôle de développement…), et aux politiques régionales axées sur les subventions pour l’implantation d’entreprises. Dés lors, il a fallu imaginer des moyens qui permettraient de miser sur les entreprises locales et sur l’esprit d’entreprise, ainsi que sur les capacités d’innovation du milieu afin de créer ou de renforcer les avantages comparatifs d’une localité et d’en assurer le développement3. Le développement local apparaît ainsi, comme « un modèle alternatif » de développement qui est décliné dans la littérature sous le vocable de « développement endogène », de « développement par le bas » ou encore de « développement communautaire4 ».

• Une vision du local dans le global Le concept de développement local est apparu dans un contexte où la vision centralisée de l’Etat était critiquée par certains acteurs locaux5. Ces derniers considéraient que le développement d’un territoire devait prendre en compte les besoins et les aspirations des habitants. Une nouvelle logique d’autonomie est alors revendiquée vis-à-vis des centres décisionnels, politiques ou économiques. Le développement local se rapporte ainsi à des actions partenariales entre des acteurs intéressés à l’amélioration des conditions de vie dans leur environnement immédiat. Il s’agit d’une vision « du local dans le global », où le territoire est considéré comme un système en relation avec d’autres systèmes et acteurs. Il doit être global et multidimensionnel, basé sur des logiques culturelles, économiques et sociales qui améliorent le bien-être d’une société. Dans les pays en développement, le concept de développement local est aussi appelé « développement à la base ». Il peut reposer sur des actions mobilisant les initiatives locales au niveau des petites collectivités et des habitants eux-mêmes, avec une aide extérieure éventuelle. Exemples : construction de petites infrastructures, mise en place de coopératives ou d’associations de microcrédit, exploitations agricoles ou artisanales tirant partie des ressources locales.

• Développement par le haut, développement par le bas : Les initiatives se distinguent les unes des autres par la stratégie de travail qui est adoptée. Certaines envisagent le développement local comme une affaire devant relever des acteurs institutionnels appartenant à des réseaux nationaux (grandes entreprises, grandes institutions publiques). Ces initiatives orchestrent un développement local par le haut, sans accorder de droit de regard à la communauté. L’élite se dit assez aux faits des problèmes et des moyens d’action sans avoir besoin de recourir à une validation des démarches par la communauté. On y préconise alors une approche centralisatrice.Nous qualifions également ce type de développement local, de développement exogène. Les idées, les solutions sont parachutées sur la communauté, sans que cette dernière ne participe réellement au processus de production et de réalisation du plan d’action. D’autres initiatives font reposer tout le travail de conception et de réalisation du plan de relance sur la participation de la communauté aux différentes étapes de travail. Ces initiatives sont contrôlées par la base et nous les qualifions de développement local par le bas. Elles résultent nécessairement d’une prise de conscience d’une communauté désireuse de se prendre en main et d’agir sur son devenir. L’action se fait de bas vers le haut en fonction des besoins et des ressources de la communauté. Ce mode de développement est aussi qualifié de développement endogène. Nous devons surtout retenir des notions de développement par le haut et par le bas, les aspects de participation et d’implication et le degré de maîtrise d’une communauté de son action de développement.

De quel type de « local » s’agit-il ?

La question mérite d’être posée. En effet, avant que n’émergent les phénomènes que l’on appelle maintenant « développement local », les découpages de l’espace qu’utilisaient les « acteurs du développement » étaient le plus souvent calqués sur les découpages administratifs. On sait que la logique à partir de laquelle ils avaient été constitués diffère très sensiblement de la logique du développement12. Certes, certains secteurs avaient introduit d’autres critères de découpage spatial, mais leur caractéristique résidait justement dans le fait qu’ils se fondaient sur l’homogénéité des situations. Or, on a démontré souvent l’écueil fondamental que représentait un découpage basé sur l’homogénéité. Celui-ci ne peut en effet que tenter de superposer plusieurs espaces « homogènes », chacun de leur point de vue – géographique, social, agronomique, économique, etc. – et qui sont donc par nature différents. La superposition de ces homogénéités aboutit alors à des espaces beaucoup trop restreints dont, par ailleurs, rien ne dit que le caractère homogène constituera un atout important pour devenir un « espace de développement ». Comme nous l’avions souligné le développement local apparaît donc dans les années 1970, que ce soit dans les pays industrialisés ou dans les pays du Tiers-Monde, comme le développement global d’un espace assez restreint pour que les phénomènes économiques et sociaux y soient maîtrisables par les intéressés, mais de dimension suffisante pour que des processus d’articulation entre les activités puissent y apparaître13 de façon significative. C’est cet espace que nous avons appelé, après beaucoup d’autres, «espace de développement ». Cet espace n’est pas nécessairement homogène.

Il est en effet davantage délimité par la volonté « politique » d’un certain nombre d’acteurs sociaux de mettre en place un processus de développement commun plutôt que par les homogénéités du passé. « L’espace de développement » sont-ils alors des réalités uniquement tournées vers l’avenir ? Certainement pas. La formation historique de la situation actuelle y sera très présente, mais davantage comme un test de cohérence que comme un critère majeur de délimitation. Enfin, il s’agit bien d’un espace de nature « méso-économique ». Sa dimension se mesurera surtout en termes de population, tant les densités peuvent être différentes. Ainsi le mot « local » accolé à celui de « développement » est lourd de signification. Le « local » repose sur la notion de territoire ouvrant ainsi la voie à la discussion sur les échelles de pertinence d’un territoire. Le niveau local correspond, le plus souvent, à une zone d’économie locale formée par une ou des villes et leurs hinterlands ruraux14. Cette discussion est alimentée par la dimension du mot territoire et de la représentation que les sociétés humaines en ont15. Donc chercher à définir la notion de territoire nous amène à nous poser la question suivante : s’agit-il d’une zone délimitée par des frontières administratives et politiques (ville, commune, province, région…) ou d’une zone géographique déterminée par la composition du milieu (montagne, vallée…), ou encore un espace pertinent pour la mise en oeuvre de la gouvernance et des politiques publiques ? La réponse à cette question pourrait être la suivante : le territoire est une construction collective, basée sur la valorisation des ressources locales et la maîtrise des différents systèmes de relations en présence, et la coopération de l’ensemble des acteurs (entités Administratives, politiques, non gouvernementales… à différentes échelles) ; c’est un processus multidimensionnel, qui concerne toutes les composantes de la société locale, qui se déroule dans le temps long et dans un espace qui se construit.

Le rôle économique de l’activité de la pêche

De manière générale, des études et recherches sont de plus en plus menées dans le souci de non seulement mettre à la disposition de ceux qui interviennent dans le domaine de la pêche des informations concernant le rôle que joue ce secteur dans l’économie ; mais aussi de promouvoir celui-ci afin qu’il puisse répondre aux attentes, c’est-à-dire entre autres satisfaire au mieux la demande alimentaire, le besoin d’emploi31. Ainsi, l’étude de base n°19 de la FAO sur le rôle des pêches dans l’économie alimentaire s’attache à montrer comment les ressources alimentaires que contiennent les mers et les eaux intérieures peuvent contribuer à améliorer le régime alimentaire et le niveau des revenus surtout dans les pays en voie de développement. Etant donné que pour beaucoup de ces pays, poissons et crustacés jouent un rôle important dans la nutrition, les exportations de produits dérivés du poisson vers les pays industriels constituent parfois une source substantielle de recettes en devises. L’organisation prévoyait déjà qu’à l’avenir on doive demander aux ressources halieutiques de couvrir une proportion plus grande des besoins en produits alimentaires.

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Le commerce international des produits de la pêche, évalué à près de 2 milliards de dollars, représente environ 1% des échanges mondiaux et environ 7% du commerce total de produits agricoles de base. En 1965, près du quart des exportations totales de poisson (exprimés en valeur) provenaient de pays en voie de développement, soit plus de 186 millions de dollars. Le rôle du poisson dans le régime alimentaire de la population varie considérablement selon les pays. En effet, la consommation par habitant est passée d’une moyenne de 9,9 kg (équivalent poids vif) dans les années 60 à 18,4 kg en 2009, et les estimations préliminaires pour 2010 laissent présager une nouvelle augmentation de la consommation de poisson, qui devrait s’établir à 18,6 kg par personne1. Sur les 126 millions de tonnes disponibles pour la consommation humaine en 2009, c’est en Afrique que la consommation a été la plus faible (9,1 millions de tonnes, soit 9,1 kg par habitant), tandis que l’Asie a représenté les deux tiers de la consommation totale, avec 85,4 millions de tonnes (20,7 kg par personne), sur lesquelles 42,8 millions de tonnes ont été consommées en dehors de la Chine (15,4 kg par habitant). Pour l’Océanie, l’Amérique du Nord, l’Europe, et l’Amérique latine et les Caraïbes, la consommation de poisson par habitant a atteint, respectivement, 24,6 kg, 24,1 kg, 22,0 kg et 9,9 kg. Bien que la consommation annuelle par habitant de produits de la pêche ait progressé régulièrement dans les régions en.

Table des matières

Introduction générale
Chapitre I : L’activité de la pêche et le développement local : Quelques précisions conceptuelles
1-1 Notion sur le développement local
1-1-1 Le développement local : Origine du concept
 Une vision du local dans le global
 Développement par le haut, développement par le bas
1-1-2 définition, objectifs, acteurs, et outils de développement local
a- Qu’est-ce que le développement ?
b- Qu’est-ce que le « local » ?
c- De quel type de « local » s’agit-il ?
d- Un développement économique local
 Définition de développement local
 Le développement local, une pratique économique, culturelle et sociale
1-1-3 Les acteurs et leur rôle
A- Les acteurs Publics
a- Les collectivités locales
b- L’Etat
c- Les services extérieurs des départements ministériels
B- Les acteurs privés
C- Autre acteurs
1-1-4 Objectifs et outils
1-1-5 Décentralisation et développement local
1-1-6 Les stratégies de développement local
1-1-6-1 Une politique fondée sur des nouveaux principes d’action
a- une politique de développement local
b- Un développement stratégique
c- Un système formalisé de gestion et de prise de gestion
1-1-6-2 Un développement qui fait appel à des outils spécifiques
a- Les outils de production d’information et de connaissances
b- Les outils d’aide à la concertation, à la mobilisation et à la coopération entre acteurs pour accompagner les projets de développement
1-1-7 Les Conditions de Développement local
a- Une volonté Politique locale
b- Une interdisciplinarité économique, sociale et culturelle
c- Le partenariat
1-1-8 Dimensions du développement local
a- Aménagement du territoire
b- Développement de l’employabilité
c- Création d’entreprises et d’emplois
 Généralistes
 Spécialisées
1-1-9 Le développement local en Algérie : un processus en marche vers le développement des territoires
a- La prise de conscience du fait local
1-2 l’activité de la pêche
1-2-1 Définition de la Pêche
1-2-1-1 Définition de la filière de pêche
 Les pêcheurs
 Intermédiaires
 Transformateurs
 Distributeurs
 Consommateurs
1-2-2 Diversité des types de pêcheries
1-2-2-1 Pêche alimentaire ou de subsistance
1-2-2-2 Pêche artisanale et pêche industrielle
A- La pêche artisanale
a- La pêche artisanale côtière
b- La pêche artisanale hauturière
B- La pêche semi-industrielle
C- La pêche industrielle
a- La pêche hauturière ou pêche au large
b- La grande pêche
1-2-3 Les types d’activité de pêche
1-2-3-1 Pêche maritime
-Pêche artisanale
-Pêche côtière
-Pêche hauturière
1-2-3-2 Aquaculture
1-2-4 L’utilisation des ressources halieutiques
1-2-5 Le rôle économique de l’activité de la pêche
1-2-6 L’activité de la pêche et le développement durable
1-2-7 Comment la pêche est elle réglementée ?
1-2-8 Gestion de l’activité de la pêche
1-3 Lien entre le développement local et l’activité de la pêche
1-3-1 L’activité de la pêche peut provoquer le développement local
1-3-2 L’activité de la pêche peut soutenir le développement local
1-3-3 Le développement local peut soutenir le développement L’activité de la pêche
Chapitre II : La place de l’activité de la pêche et de l’aquaculture
2-1 Aperçu sur l’activité de la pêche et de l’aquaculture
2-1-1 Le secteur de la pêche dans le monde
2-1-2 Le secteur de La pêche au Maghreb
a- La Tunisie : un secteur dynamique
b- Une industrie à part entière au Maroc
c- La Mauritanie
d- L’Algérie
2-1-3 Le secteur de la pêche en Algérie
 La configuration du littoral
 Les conditions climatiques
2-1-3-1 Organisation institutionnelle du secteur
2-1-3-2 Evolution du statut du secteur des pêches de 1962 à 2010
2-1-3-3 Le découpage administratif du littoral
2-1-3-4 Structure organisationnelle des autorités des pêches
a- L’autorité responsable des pêches au niveau national est le ministère de la pêche et des ressources halieutiques (MPRH)
b- Les institutions nationales chargées de l’administration : MPRH
2-1-3-5 Caractéristiques de la pêche en Algérie
A- Ressources halieutiques
B- La pêche maritime
 Les ports de pêche et sites de débarquement
 Emplacement des principaux sites de débarquements
C- L’aquaculture
 Les Potentialités
 Sites potentiels
 Potentialités hydriques
 Potentiel biologique Potentiel biologique
2-1-4 Principales réglementations appliquées au secteur de la pêche et d’aquaculture
2-1-4-1 Loi cadre
2-1-4-1 Texte d’application
a- L’Autorisation de pêche
b- Les Zones de pêche
c- Les Engins de pêche
d- Les Tailles minimales marchandes
e- Contrôle et surveillance
f- L’aquaculture
g- Les navires étrangers
2-1-5 Les principaux investissements du secteur en Algérie
2-1-6 La Stratégie concernant le secteur de la pêche
2-1-6-1 Le Schéma directeur de Développement des Activités de la Pêche et de l’Aquaculture à l’horizon 2025
2-1-7 Actions et mesures
2-2 Le rôle socio-économique de l’activité de la pêche en Algérie
2-2-1 Les effets économiques induits par l’activité de la pêche
 En termes de Production
 En termes de flottille de pêche
a- Les chalutiers
b- Les sardiniers (senneurs)
c- Les petits métiers
 En termes de ration de consommation alimentaire
 En termes d’emploi
a- Les catégories de professionnels dans le secteur de pêche
b- Population maritime
 En termes création de la richesse
 En termes d’exportation
Chapitre III L’impact de l’activité de la pêche sur le développement local de la wilaya de Mostaganem
3-1 Diagnostique du potentiel socio-économique de la wilaya Mostaganem
3-1-1 présentation de la wilaya
3-1-2 diagnostique démographique
3 1-3 diagnostiques économiques de la wilaya
3-1-3-1 La population active
3-1-3-2 Le tissue économique (les PME)
a- PME et création d’emploi dans la wilaya
3-2 la pêche dans la wilaya de Mostaganem
3-2-1 Présentation du secteur de la pêche
3-2-1-1 les Infrastructures portuaires
• Port de Mostaganem
• Le port de Sidi Lakhdar (port de pêche et de plaisance)
• Plages d’échouages
3-2-1-2 les Structures d’appui
• Chantier de construction et de réparation navale
• Les chambres froides
• Les poissonneries
• Station d’avitaillement
• La flottille de pêche dans cette wilaya
3-2-2 Effectif Marin
3-2-3 La Production de Poisson
3-2-4 Le secteur de l’Aquaculture
a- Une Firmes d’élevage de dorade
b- Le projet de l’élevage des coquillages
c- bProjet d’élevage de (l’angouste, crustacé)
d- Le projet d’algoculture
3-2-5 Le soutien à l’investissement
 Les programmes de soutien à la relance économique
 Autre programmes de soutien
3-2-6 Les Perspectives en matière de pêche
3-2-7 Les contraintes liées au secteur
3-3 Enquête sur Le rôle et l’impact de l’activité de la pêche sur le développement locale de la wilaya de Mostaganem
3-3-1 L’Observation d’un Echantillon
 Méthodologie et objet de l’enquête
a- objet de l’enquête
b- Méthodologie de l’enquête
 Définition de la population
 Méthode d’échantillonnage
 Taille de l’échantillon
 Le plan de questionnaire
3-3-2 résultats de l’enquête
I- Identification de l’entreprise
 Profil de l’armateur
 Personnels et main d’œuvre
 Matériel et équipements
-La flottille de pêche
-Le moteur
-Les engins de pêche
 Charges de production
-Les charges fixes
-Les charges variables
 Importance de l’activité de la pêche
II- Production transformation et commercialisation
 Les ressources halieutiques de cette wilaya
 Estimation de l’effort de pêche et de la capture
III- L’environnement externe
IV- Les contraintes dans la pratique de la pêche
V- les perspectives de ce secteur
Conclusion générale

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