L’ACTIVITE ANTIOXYDANTE DE L’EXTRAIT ETHANOLIQUE DES FEUILLES DE CASSIA SIEBERIANA DC
Description botanique
Cassia sieberiana est inscrit à la pharmacopée de l’Organisation OuestAfricaine de la Santé (O. O. A. S.). C’est une espèce tropicale de la famille des Caesalpiniaceae (Kerharo et Adam, 1974). C’est un petit arbre de 8 à 10 mètres, souvent moins, à fût court, contourné, fréquemment ramifié près de la base. Les feuilles : Elles sont composées, pennées, vert foncées, avec 6 à 12 paires de folioles brillantes dessus, oblongues, lancéolées, largement acuminées mais obtuses au sommet, à poils opprimés à la face inférieure, à nervure médiane déprimée en dessus, très saillante dessous. Elles sont munies de pétioles de 3 cm environ et de pétiolules de 5mm. Fleurs : Elles sont en grappes pendantes jaune d’or. Chaque fleur peut être pédicellée jusqu’à 5cm. Les fruits : Ce sont des gousses cylindriques ligneuses atteignant plus de 10cm sur 10 à 15mm de diamètre, droites, brun-foncées ou noirâtres à maturité, persistant longtemps dans l’arbre, avec de nombreuses graines, une par loge. Les figures 1 et 2 illustrent la plante fleurie et ses fruits. Figure 1 : Cassia siberiana en floraison[Dr S. Giani]
HABITAT ET REPARTITION GEOGRAPHIQUE
Cassia sieberiana est une plante commune des savanes soudano-guinéennes allant du Sénégal au Nigéria jusqu’en Afrique de l’Est. Au Niger, elle se rencontre fréquemment dans le sud du pays (Adjanohoun et al., 1980;Burkill, 1995). Elle est commune jusqu’en lisière de la forêt guinéenne en Casamance. Il est très rare dans le sud du Sahel où il persiste encore dans les galeries sèches et les sols sablonneux du Cayor (Kerharo et Adam, 1974). I-4 CHIMIE Les feuilles Des travaux ont signalé dans les tissus l’abondance de l’oxalate de calcium, et de minime quantité d’acide cyanhydrique ; dans les feuilles on note la présence de dérivés anthraquinoniques (Kerharo et Adam, 1974). Les travaux de Duquénois et Anton (1968) ont mis en évidence les composés suivants dans les folioles provenant du Mali : Des dérivés anthraquinoniques à fonction carboxylique : rhéine et rhéine-8glucoside. 7 Des flavonoïdes tels que les O-flavonolosides parmi lesquels se trouvent de notables quantités de quercitrine et d’iso quercitrine. Des leucoanthocyanes probablement la pélargonine ou la peonine. Des tanins catéchiques en faible proportion. Les racines L’existence de ces éléments a été signalée (Kerharo et Adam, 1974) oxalate de calcium mucilage stérols tanins anthraquinones Taylor-Smith(1960) en a isolé le β-sitostérol Paris et Etchepare (1967) ont trouvé sur l’espèce ivoirienne : des dérivés anthracéniques (0,15 %) tanins catéchiques condensés (12,6 à 16,5%) leuco anthocyanes :leucopélargonidol, épi-catéchol, gallatede l’épi-catéchol et traces de gallocatéchol. Waterman et al. (1979) ont isolé de l’extrait méthanolique des écorces de racine une molécule appelée (-)-épictéchine. Le lupéol et le sitostérol ont été aussi isolés. Les graines Les acides gras des huiles des graines de Cassia sieberiana comprennent l’acide palmitique (16,4 à 20,1%), l’acide oléique (16,5 à 31,6%) et l’acide linoléique (40,9 à 54,0%). Les stérols représentaient 35 à 46 % de la fraction insaponifiable. Le sitostérol (21,5 à 60,5%), le stigmastérol (21 à 32,1%0 et le campestérol (6,7 à 11,4%) sont les fractions majoritaires de la fraction stérol (Mireille et Gaydou, 1986). La figure 3 représente les 8 structures de quelques composés anthraquinoniques des racines de Cassia sieberiana. O O OH R O O OH O O HO HO OH OH HO HO OH OH COOH H H R= COOH: Sennosides A et B R= CH2OH: Sennnosides C et D Figure 3: Structures de quelques dérivés anthracéniques
EMPLOIS, PHARMACOLOGIE ET TOXICITE
Emplois traditionnels des différentes parties de la plante Les racines Selon Adjanohoun et al. (1968), les racines sont employées pour traiter diverses affections. Ainsi, le décocté des racines administré par voie orale est utilisé comme diurétique, antilépreux, antiblennorragique, anti-ictérique, antifongique, laxatif, antispasmodique intestinal et antibilharzien. Additionné à du citron, il serait employé dans le traitement de la stérilité. Utilisé en bain, per os ou en massage, il permettrait de lutter contre l’asthénie physique et les douleurs musculaires. Le décocté de racines administré par voie orale ou en bain de vapeurs serait un antitussif. Les racines pilées, puis frottées ou appliquées en bandage autour de la tête sont recommandées contre les céphalées. 9 Le macéré de racines en boisson est antiamibien, ténifuge à forte dose mais dangereux. Salé, il est utilisé pour lutter contre l’impuissance et l’asthénie sexuelle. Les feuilles D’après Diop (1990) et Sambou (1998), les feuilles de C. sieberiana possèdent diverses propriétés. Le décocté des feuilles administré par la voie orale agit sur les douleurs musculaires ou abdominales. Il possède également per os des actions purgative, antipaludique (en bain aussi) et anti-inflammatoire. L’infusion ou le décocté des feuilles est utilisé comme diurétique. Les feuilles cuites et appliquées sur les parties brûlées agissent comme cicatrisant. Enfin, les feuilles jeunes, fraîches ou cuites, sont d’usage alimentaire. Les rameaux feuillés Ils ont des propriétés dépurative, antipyrétique et antianémique, en boisson. Ils sont utilisés en général pour le traitement des enfants. Les écorces de tiges Le décocté de la poudre d’écorces de tiges possède des propriétés laxative et antiblennorragique (Diagne, 1988).
Propriétés pharmacologiques
Activité antibactérienne et antifongique Selon Silva et al. (1997), l’extrait éthanolique des racines de Cassia sieberiana est actif sur 9 souches de Neisseria gonhorrheae, y compris des souches résistantes à la pénicilline et à la tétracycline. Ceci justifie sans doute l’utilisation traditionnelle de la plante dans les maladies vénériennes. 10 Fall et al. (2009) ont étudié, in vitro, les propriétés antibactérienne et antifongique de l’extrait acétonique des racines de C. sieberiana et de ses fractions. Concernant l’activité antibactérienne, à l’exception de Staphylococcus aureus, les trois autres bactéries (Enterococcus faecalis, Pseudomonas aeruginosa et Escherichia coli) sont sensibles à l’extrait acétonique et à ses différentes fractions. L’étude de l’activité antifongique a montré que l’extrait acétonique n’est actif sur Candida albicans et Aspergillus fumigatus qu’à la plus forte dose testée (2.5mg/ml). Cependant il est très actif in vitro sur Cryptococcus neoformans et la fraction aqueuse présente la meilleure inhibition de la croissance fongique. Activité antivirale Au cours d’une autre étude Silva et al. (1997), montrèrent que l’extrait des racines de C. sieberiana a une action antivirale significative sur l’Herpes Simplex Virus de type 1 (HSV1). Activité anticoccidienne Les travaux de Gueye (2001) montrent que l’extrait éthanolique des racines de C. sieberiana possède une activité antiparasitaire. En effet, l’administration de l’extrait à deux lots de chiens (un lot de chiens errants et un lot de chiens domestiques) a permis de mettre en évidence une activité anticoccidienne aux cinquième et dixième jours après ingestion du produit. Le suivi parasitologique effectué en suivant l’évolution de la charge parasitaire des selles, révèle une efficacité thérapeutique de 63,5% au niveau des chiens errants cinq jours après le traitement. Au dixième jour, l’efficacité thérapeutique de l’extrait diminue et s’élève à 48% à cause probablement des ré infestations. 11 Par contre, le lot des chiens domestiques a donné de meilleures réponses au traitement car l’efficacité thérapeutique est passée de 25% à 62,2% respectivement au cinquième et dixième jours. Fallet al. (2015) ont étudié l’activité anticoccidienne de l’extrait hydroéthanolique des racines de C. sieberiana sur des poulets de souche Leghorn. Les résultats ont montré que l’extrait hydro-éthanolique est plus actif que ses fractions (dichlorométhanique, d’acétate d’éthyle et méthanolique) et la référence utilisée (amprolium). Les pourcentages de réduction des œufs par gramme de fèces (OPG) au niveau des lots traités par l’extrait (10 et 5 mg/jour) à la fin du traitement sont respectivement de 88,63±7,89% et 74,39±6,81% alors que celui de l’amprolium est de 58,42±5,78%. Les fractions dichlorométhanique (0,131 mg/jour) et méthanolique (7,22 mg/jour) ont montré un effet anticoccidien similaire avec des pourcentages de réduction des coccidies de 80±7,25 et 81,01±7,03% respectivement. Activité anthelminthique L’extrait éthanolique des racines de C. sieberiana est actif sur les Trichiurus qui disparaissent totalement des selles des deux lots de chiens au cinquième jour suivant l’administration de l’extrait selon Gueye (2001). Cette activité anthelminthique a été confirmée par Waterman et al. (2010). Ils ont établi que l’extrait de racines de Cassia sieberiana a présenté une forte activité sur les souches de Caenorhabditis elegans résistantes au lévamisole.
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