L’accumulation du retard scolaire au cours de la scolarité

LA PLACE DU REDOUBLEMENT DANS LA SCOLARITÉ PRIMAIRE ET SECONDAIRE

L’accumulation du retard scolaire au cours de la scolarité

La figure 2.1 indique la répartition des élèves de la cohorte 1992 en fonction du retard qu’ils ont accumulé au cours de leur scolarité primaire et secondaire. Au terme de leur scolarité secondaire, 52 % des élèves n’ont jamais redoublé, 37 % ont redoublé une fois et 11 % ont redoublé deux fois ou plus. FIGURE 2.1 – Retard scolaire accumulé par les élèves nés en 1992 au cours de leur scolarité primaire et secondaire 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 Aucun retard Un an de retard Deux ans de retard ou plus Proportion d’élèves Lecture : Au terme de leur scolarité secondaire, 52 % des élèves nés en 1992 n’ont accumulé aucun retard scolaire. Source : MENESR-DEPP, FAERE 2003 à 2011. Champ : Ensemble des élèves présents dans le panel de suivi de la cohorte née en 1992. Deux points méritent d’être soulignés.

D’une part, ce graphique confirme le caractère massif du recours au redoublement pour les élèves scolarisés dans les années 2000 : au terme leur scolarité secondaire, 48 % des élèves ont redoublé au moins une fois. Ce chiffre manifeste cependant un déclin relatif du redou34 Chap. 2 – La place du redoublement dans la scolarité primaire et secondaire blement au cours des dernières décennies (voir figure 2.2). Par comparaison, la FIGURE 2.2 – Évolution des taux de redoublement dans plusieurs niveaux clés (1990-2013) 0% 2% 4% 6% 8% 10% 12% 14% 16% 18% 20% 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 Rentrée scolaire Seconde GT Troisième Sixième CM2 CP Source : Les taux de redoublement pour le premier degré proviennent de la base ADOC/HC 29, notice no 3686, à l’exception des points 2011 à 2013 qui proviennent des RERS 2012, 2013 et 2014 (DEPP, 2012 ; DEPP, 2013 ; DEPP, 2014). Les taux de redoublement pour le second degré proviennent des RERS 2001 (DEPP, 2001) pour la période 1990-2000 et 2014 (DEPP, 2014) pour la période 2000-2013. proportion d’élèves ayant redoublé au moins une fois était de 66 % parmi les élèves nés en 1978 (Caille, 2004).

D’autre part, le graphique 2.1 indique également que les redoublements multiples sont rares, dans la mesure où 77 % des redoublants n’ont accumulé qu’une seule année de retard au cours de leur scolarité. Au vu de ces éléments et de la baisse tendancielle des taux de redoublements enregistrée au cours des dix dernières années, il est vraisemblable que la proportion d’élèves ayant accumulé au moins un an de retard scolaire à l’issue de leur scolarité secondaire sera plus faible pour les cohortes actuellement scolarisées dans le premier et le second degré que pour la cohorte née en 1992. Ce fait a des conséquences importantes pour l’évaluation du coût du redoublement, dans la mesure où il implique qu’à dépense moyenne par élève inchangée, le coût du redoublement pour 35 Évaluation du coût du redoublement la cohorte 1992 est supérieur à l’économie budgétaire qui pourrait réalisée en supprimant le redoublement à partir de la rentrée 2015.

Caractéristiques des élèves redoublants

Le tableau 2.2 compare, au sein de la cohorte 1992, les caractéristiques moyennes des élèves qui n’ont pas redoublé au cours de leur scolarité (colonne 1) avec celles des élèves qui redoublé une fois ou plus (colonne 2). La troisième colonne du tableau mesure la différence entre les caractéristiques moyennes de ces deux catégories d’élèves et précise le degré de significativité statistique de ces différences. Les caractéristiques des élèves sont regroupées en deux grandes catégories : caractéristiques socio-démographiques (sexe et statut de boursier sur critères sociaux) e performances scolaires (rang percentile au DNB). TABLEAU 2.2 – Comparaison des caractéristiques individuelles des élèves redoublants et non-redoublants (cohorte 1992) Aucun retard scolaire Au moins un an de retard scolaire Différence (1) (2) (3) = (2) – (1) A. Caractéristiques socio-démographiques Garçon 0,45 0,53 0,08*** (0,50) (0,50) (0,00) Boursier sur critères sociaux 0,16 0,25 0,09*** (0,36) (0,44) (0,00) B. Performances scolaires Rang percentile au DNB (sur 100) 64,1 36,2 -27,90*** (26,44) (24,03) (0,06) Nombre d’élèves 342 128 316 960 Lecture : 25 % des élèves redoublants sont boursiers sur critères sociaux contre 16 % parmi les non-redoublants. Source : MENESR-DEPP, FAERE 2003 à 2011. Champ : Ensemble des élèves présents dans le panel de suivi de la cohorte née en 1992. Note : * : différence significative au seuil de 10 % ; ** : différence significative au seuil de 5 % ; *** : différence significative au seuil de 1 %. La statistique de test de significativité de la différence entre les caractéristiques moyennes des élèves redoublants et non-redoublants est égale au ratio de la différence des moyennes sur l’écart-type de la différence. Cette comparaison des élèves redoublants et élèves non-redoublants confirme les observations de plusieurs études consacrées au redoublement en France (Caille, 2004 ; Murat, 2009 ; Gary-Bobo, Goussé et Robin, 2014).

Les élèves redoublants sont plus souvent de sexe masculin et d’origine sociale défavorisée que les non-redoublants : 53 % des élèves redoublants sont des garçons contre 45 % parmi les non-redoublants ; 25 % des redoublants sont boursiers contre 16 % parmi les non-redoublants. Ces différences sont statistiquement significatives au seuil de 1 %. Sans surprise, on observe que les redoublants ont, en moyenne, des performances scolaires plus faibles que les non-redoublants. Leur rang percentile au DNB (sur 100) moyen est égal à 36,2 contre 64,1 pour les élèves non-redoublants. Cette différence de près de 28 rangs percentile est statistiquement significative au seuil de 1 %. Ce résultat est confirmé par la figure 2.5, qui compare la distribution de la moyenne aux épreuves écrites du DNB (sur 20) en fonction du nombre 40 Chap. 2 – La place du redoublement dans la scolarité primaire et secondaire FIGURE 2.5 – Distribution de la moyenne aux épreuves écrites du DNB des élèves nés en 1992 en fonction de leur retard scolaire accumulé Lecture : Les différentes courbes représentent la distribution des notes moyennes aux épreuves écrites du DNB des élèves qui n’ont jamais redoublé (en noir), qui ont accumulé un an de retard scolaire (en gris foncé) et qui ont accumulé deux ans de retard scolaire ou plus (en gris clair). Source : MENESR-DEPP, FAERE 2003 à 2011. Champ : Ensemble des élèves présents dans le panel de suivi de la cohorte née en 1992. d’années de retard scolaire accumulé au terme de la scolarité secondaire : les performances des élèves aux épreuves écrites du DNB des élèves sont d’autant plus faibles que leur retard scolaire accumulé est important. À la lumière de cette comparaison, le profil typique de l’élève redoublant apparaît comme celui d’un garçon défavorisé socialement et peu performant scolairement.

Redoublement, durée de scolarisation et nature des études

Comment le redoublement s’inscrit-il dans le parcours scolaire des élèves ? Pour répondre à cette question, nous comparons les durées de scolarisation et les niveaux de formation atteints par les élèves en fonction du retard scolaire qu’ils ont accumulé au cours de leur scolarité.

Niveau atteint dans l’enseignement secondaire et durée de scolarisation

La durée moyenne de la scolarité primaire et secondaire des élèves nés en 1992 est égale à la somme du niveau d’études atteint (mesuré par le nombre d’années « complétées » depuis l’entrée en CP) et du nombre moyen d’années redoublées par ces élèves. Niveau d’études atteint dans le secondaire. En moyenne, les élèves nés en 1992 ont complété 11,10 années d’études dans l’enseignement primaire et secondaire. La figure 2.6 indique que parmi les élèves de cette cohorte, près de 62 % ont complété au moins 12 années d’études (ce qui signifie qu’ils sont allés jusqu’en terminale). Plus précisément, 55 % des élèves ont complété 12 années d’études (mode de cette distribution) et 7 % ont complété 13 années. Ces derniers correspondent aux élèves qui sont allés jusqu’en terminale professionnelle avant la réforme de la voie professionnelle.

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