L’accompagnement des entrepreneurs immigrés liés à la Boutique de Gestion A.L.E.X.I.S.
L’existence d’une demande quantitative160 de porteurs de projet issus de l’immigration adressée à ces dispositifs ne suffit pas à répondre positivement, en particulier parce que cette demande est souvent prescrite par des organismes sociaux. La confrontation des demandes qualitatives des porteurs de projet qui s’adressent à ces dispositifs avec les différentes offres qui leur seraient proposées s’impose. En d’autres termes, il convient, pour valider notre proposition, d’évaluer quels sont les avantages concurrentiels des dispositifs génériques pour l’accompagnement des publics issus de l’immigration. Cette recherche conduit à circonscrire la cible des publics issus de l’immigration à une certaine catégorie d’entre eux ou à une certaine catégorie de projets. Pour y parvenir, nous commencerons par définir ce que l’on entend par « accompagnement » dans la littérature comme dans la pratique, en soulignant les différentes positions possibles (5.1). Puis, nous envisagerons l’offre d’accompagnement spécifiquement dédiée aux publics issus de l’immigration en comparant trois dispositifs sur lesquels des chercheurs et des praticiens ont porté un regard critique (5.2). Enfin, nous soumettrons les discours de porteurs de projet à une analyse critique pour évaluer ce qu’ils retirent de l’accompagnement dont ils ont bénéficié et, par contraste, en comparant les discours de porteurs de projets non accompagnés avec les discours de porteurs accompagnés (5.3). Il s’agira de faire ressortir si, pour le porteur de projet, il existe une valeur ajoutée à l’accompagnement. Ces données, mêmes croisées, demeurent subjectives. Nous essaierons, pour finir, d’objectiver l’interaction entre l’offre générique et la demande, à partir d’une étude quantitative réalisée sur les porteurs de projets accompagnés par la Boutique de Gestion de Forbach (5.4). Cette étude visera à mesurer statistiquement l’existence de différenciations selon les groupes ethniques dans la demande d’accompagnement adressée à A.L.E.X.I.S. et dans l’issue de l’accompagnement.
L’accompagnement, théorie et doctrine
Selon le Larousse, l’acccompagnement désigne « le fait d’aller quelque part avec quelqu’un, escorter, mettre en place des mesures visant à atténuer les effets négatifs sur quelqu’un ». Cette définition préliminaire suggère simultanément la dimension interactive et même intersubjective161 de l’accompagnement et son rôle social. Pourtant cette définition n’est pas unanimement partagée. Si le rôle social et la fonction technique de l’accompagnement sont admis, la dimension intersubjective de la relation d’accompagnement n’est pas systématiquement mise en valeur. généralement entendu comme un processus d’aide au porteur de projet comprenant trois étapes : l’accueil, l’accompagnement, le suivi post-création. Idéalement, il vise à aider une personne ayant une idée de création d’activité afin qu’elle puisse : concrétiser son projet et devenir un chef d’entreprise autonome dans l’hypothèse où son projet de création s’avère viable, et, dans le cas contraire, mettre en évidence des qualités personnelles ou professionnelles sur lesquelles cette personne pourra « » si son projet s’avère irréalisable.
Pour parvenir à cet objectif, la démarche d’accompagnement à la création d’entreprise notamment assurée par A.L.E.X.I.S. recouvre les trois phases déjà reprises ci-dessus. -L’accueil est un temps d’information, de sensibilisation et d’orientation ou de réorientation des porteurs d’idée. Il marque le début du traitement de l’idée et laisse une grande place à l’expression du porteur, ce dernier se présentant et exposant son projet (historique de l’idée, raisons de ce choix….), puis détaillant plus ou moins la formalisation écrite du projet et les informations déjà réunies. A partir de ces données, le chargé de mission peut aider à la définition du produit et/ou du service et, surtout, conseiller le porteur sur d’autres éléments d’information à collecter, puis détecter des besoins de formation technique ou à la gestion. Enfin, en proposant une démarche d’accompagnement au porteur, le chargé de mission est amené à donner des informations détaillées au Porteur sur la méthodologie de la création d’entreprise, les dispositifs d’aide et de soutien existants et, éventuellement, oriente le porteur vers des organismes complémentaires. Enfin, il réalise un pré-diagnostic du projet. -L’accompagnement proprement dit est généralement constitué de deux parties interdépendantes : l’accompagnement au montage du projet et un accompagnement financier. Suivant la personnalité et les besoins du porteur, l’accompagnement au montage inclut des phases d’aide au mûrissement du projet, des temps de formation technique ou à la gestion, et la réalisation de l’étude de faisabilité jusqu’à la concrétisation éventuelle du projet. Précisément, il recouvre notamment: l’appui à l’étude de marché, l’étude de faisabilité, la détection des besoins de formation encore à compléter, l’aide au chiffrage, l’aide au montage juridique, et l’appropriation par le porteur des différents éléments de son projet. L’ accompagnement financier permet d’effectuer un accompagnement bancaire du porteur de projet (mise en relation bancaire ; finalisation de l’appropriation des termes de la négociation bancaire par le porteur) et de finaliser l’appropriation du chiffrage du projet par le porteur, voire de réaliser une expertise et une instruction du dossier pour d’autres institutions, le rapport du chargé d’accompagnement servant de pré-décision financière pour certains organismes dans leur décision d’attribution de subventions au porteur. Il en va ainsi avec l’AGEFIPH (Association de Gestion du Fonds pour l’Insertion des Personnes Handicapées) et même avec la BDPME pour l’attribution du Prêt à la Création d’Entreprises.