L’accompagnement de l’enfant face aux conduites agressives en Unité d’Accueil Pour Ecoliers

LE DÉVELOPPEMENT DE L’AGRESSIVITÉ CHEZ L’ENFANT

Selon Violaine Martinella-Grau, des études portant sur un grand nombre d’enfants suivis de la petite enfance jusqu’à l’âge adulte, ont été menées par de nombreux chercheurs en développement de l’enfance. Ces études visaient à comprendre les racines multidimensionnelles de l’agressivité au cours de l’enfance, à travers le monde. (2011) .

Ces recherches ont démontré que, contrairement aux idées reçues, l’agressivité physique n’apparait pas à l’adolescence, mais bien dès la petite enfance. Ces études s’accordent à dire que l’agressivité physique envers les autres commence à augmenter significativement entre le 9e et le 48e mois après la naissance de l’enfant; la pointe de l’agressivité se situant entre le 24e et le 42e mois.

« Contrairement aux idées reçues toujours, tous les jeunes enfants ont de temps à autre un comportement agressif; mais la forme et la fréquence des agressions changent au cours de la période préscolaire » (Schneider, Normand, Allès-Jardel, Provost, & Tarabulsy, 2008, p. 164).

Pour clarifier ces propos, voici un tableau explicatif repris de « Les âges de la vie », de Helen Bee et Denise Boyd (2009):

Si ces recherches démontrent que l’agressivité physique de l’enfant tend à diminuer graduellement dès l’âge préscolaire, c’est parce que c’est inversement proportionnel aux acquisitions cognitives. Plus l’enfant va grandir, plus il va acquérir de nouveaux savoirs. Sa compréhension des pensées va s’affiner, son langage va se développer, et il entamera sa socialisation avec ses pairs. Dans sa théorie de l’esprit, Piaget définit la compréhension des pensées comme étant un ensemble d’idées qui permettent à l’enfant de se représenter l’état d’esprit d’autrui (pensées, croyances, sentiments, intentions) et de prédire ses comportements. Les études sur la compréhension de l’émotion montrent qu’entre l’âge de deux et six ans, l’enfant devient de plus en plus perméable au point de vue d’autrui.

Suivant le même ordre d’idée, Selman développe quatre étapes du développement relationnel chez l’enfant en fonction de son âge et de ses compétences. Il définit également les attitudes des enfants en fonction de leur niveau de développement. Ces différentes étapes sont numérotées de 0 à 3, en fonction de l’âge de l’enfant et de son développement.

LA VIOLENCE ET SES DIFFÉRENTES FORMES 

Le mot « violence » est un terme ambigu, extrêmement diffus et complexe, car il recouvre un champ si vaste qu’il est peu aisé de le circonscrire. Etymologiquement, le mot violence ne comporte pas de connotation négative. Il nous vient du latin « violencia » (Collectif, 2009, pp. 2012,colonne I) et du latin « violentus » (Gaffiot, 1967, pp. 1680, colonne II), issu du verbe « vis » (verbe « volere ») signifiant « vouloir », lui même découlant du mot grec « bia » (la force vitale) (Bailly, 2000). Au sens premier du terme, il est donc impossible de séparer la violence de la vie. Aujourd’hui, la violence a un sens dérivé de cette consonance étymologique dans la mesure où l’on ne retient de cette force primitive de vie que, la force destructrice et non plus, la force vitale.

Dans son rapport mondial sur la violence, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), définit la violence d’ordre globale comme suit: L’usage délibéré ou la menace d’usage délibéré de la force physique ou de la puissance contre soimême, contre une autre personne ou contre un groupe ou une communauté qui entraîne ou risque fort d’entraîner un traumatisme, un décès, un dommage moral, un mal-développement ou une carence. (Organisation Mondiale de la Santé, 2002) Pour différencier l’agressivité de la violence, quelques caractéristiques sont à clarifier. « La frontière entre agressivité et violence est mince et le passage de l’une à l’autre rapide. […] La différence réside principalement dans les caractéristiques propres au processus de la violence […]. » (Martinella-Grau, 2011, p. 55) Tout d’abord, rappelons-le, dès qu’un individu perçoit une menace, réelle ou supposée, son cerveau met en place un mouvement défensif lui permettant de projeter à l’extérieur ce qu’il ressent d’insupportable à l’intérieur. Deuxièmement, la personne n’est pas violente en soi. C’est dans la façon dont elle communique son ressenti qu’elle le devient. Il s’agit d’un comportement, et non d’un trait de personnalité. L’agression n’est pas non plus le fruit du hasard. Qu’il soit évident ou non, il y a toujours un élément déclencheur dans le passage à l’acte. La violence n’est donc pas gratuite, mais réactionnelle. Elle symbolise une souffrance ou une attente que la personne ne peut exprimer autrement. Enfin, une situation ne peut être qualifiée de « violente » qu’en référence à des normes établies et reconnues par tous, à une situation et à un contexte. Pour définir ce qu’est la violence: (…) il faut faire appel, non pas à une science exacte, mais à la capacité de jugement. Les idées sur ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas en termes de comportement et sur ce qu’est le mal, sont influencées par des facteurs culturels et sont constamment remises en question à mesure qu’évoluent les valeurs et les normes sociales. (Organisation Mondiale de la Santé, 2002) Ce sont donc bien les valeurs et les normes qui vont définir ce qui est ou non considéré comme violent. Une part de la violence va donc dépendre de la perception que l’on en a. En fonction des valeurs personnelles et des normes en vigueur dans l’UAPE, chacun déterminera le degré d’intensité de la situation rencontrée.

L’agressivité, ainsi que nous l’avons vu plus haut, fait partie intégrante des étapes du développement de l’enfant. Lorsque l’agressivité se développe, schématiquement parlant, la courbe augmente et redescend rapidement. L’intervention d’une tierce personne peut être utile mais n’est pas forcément nécessaire, la courbe redescendant généralement par elle-même. L’agresseur a des regrets, prend l’autre en considération et la communication peut rapidement être rétablie avec ce dernier. Si l’agressivité ne redescend pas d’elle-même, alors elle peut parfois se muer en violence. Pour la violence, deux types sont à distinguer, l’une remaniée, l’autre élémentaire. Contrairement à l’agressivité, la courbe de la violence remaniée ne redescend pas d’elle-même. A l’origine se trouve toujours une base d’agressivité mais qui, cette fois, nécessite une tierce personne pour canaliser cette énergie mal contrôlée et aider la personne à revenir à la réalité. La déshumanisation de la victime est une caractéristique importante dans la notion de violence. Contrairement à l’agression, qui est dirigée contre un individu ou un objet et qui implique une relation, la notion de violence intervient chaque fois qu’un individu cesse de considérer l’autre comme un être humain et le traite comme une chose. La victime est alors considérée comme une source, réelle ou non, de frustration et de danger. Dès lors, l’agresseur ne peut s’impliquer émotionnellement ou ressentir de l’empathie pour sa victime, il est radicalement dissocié de la situation. L’agresseur ne ressent donc pas de regrets, il va jusqu’à nier l’autre et un côté pervers et jouissif peut parfois même être observé. C’est pourquoi l’acte n’apparaît jamais aussi violent pour son auteur que pour sa victime. Pour la violence élémentaire, elle débute de la même façon que la violence remaniée; à la différence que celle-ci est pathologique. Dans ce cas de figure, la courbe de ce type de violence ne descend pas seule et une intervention médicale est généralement de mise. L’agresseur n’est plus du tout en phase avec la réalité, est souvent doté d’une force impressionnante, et peut être associé à une consommation excessive d’alcool ou de produits stupéfiants. Des troubles de la personnalité de type névrotique, psychotique, ou borderline par exemple, et/ou certaines pathologies mentales telles que la schizophrénie ou la paranoïa peuvent être assimilées au sujet.

Table des matières

1 INTRODUCTION
1.1 CADRE DE RECHERCHE
1.1.1 ILLUSTRATION
1.1.2 THÉMATIQUE TRAITÉE
1.1.3 INTÉRÊT PRÉSENTÉ PAR LA RECHERCHE
1.2 PROBLÉMATIQUE
1.2.1 QUESTION DE DÉPART
1.2.2 PRÉCISIONS, LIMITES POSÉES À LA RECHERCHE
1.2.3 OBJECTIFS DE LA RECHERCHE
1.3 CADRE THÉORIQUE ET/OU CONTEXTE PROFESSIONNEL
1.3.1 QU’EST-CE QU’UNE UNITÉ D’ACCUEIL POUR ECOLIERS?
1.3.2 L’AGRESSIVITÉ ET SES ORIGINES
1.3.3 LE DÉVELOPPEMENT DE L’AGRESSIVITÉ CHEZ L’ENFANT
1.3.4 LA VIOLENCE ET SES DIFFÉRENTES FORMES
1.4 CADRE D’ANALYSE
1.4.1 TERRAIN DE RECHERCHE ET ÉCHANTILLON RETENU
1.4.2 MÉTHODES DE RECHERCHE
1.4.3 MÉTHODES DE RECUEIL DES DONNÉES ET RÉSULTATS DE L’INVESTIGATION
2 DÉVELOPPEMENT
2.1 INTRODUCTION ET ANNONCE DES CHAPITRES DÉVELOPPÉS
2.2 PRÉSENTATION DES DONNÉES
2.2.1 QU’EST-CE QU’UN ACCOMPAGNEMENT?
2.2.2 L’UAPE DANS L’ÉMERGENCE DES CONDUITES AGRESSIVES
2.2.3 L’IMPORTANCE DES ATTITUDES ÉDUCATIVES
2.2.4 VIOLENCE OU AGRESSIVITÉ?
2.2.5 CE QU’EN DISENT LES PROFESSIONNELS
3 CONCLUSION

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