La ṣara‛at des vêtements
Les vêtements exposés à la ṣara‛at
Dans Lévitique 13, 47 – 48, il est question de vêtements de toutes sortes, un vêtement étant défini comme un article d’habillement servant à couvrir une partie du corps humain808 : Tous les vêtements sont exposés à l’impureté liée à la ṣara‛at, sauf ceux des gentils. Les vêtements achetés à des gentils (sur lesquels se trouvent des taches suspectes) doivent être examinés comme si les signes venaient d’apparaître (même s’ils sont très anciens). Mais les Rabbins ont élargi cette notion aux étoffes en général809 : Tout objet susceptible d’impureté liée à la mort, même s’il n’est pas susceptible d’impureté de la semelle0, peut contracter l’impureté de la ṣara‛at. Par exemple, une voile de bateau, un rideau, un bandeau (qui entoure la tête d’une femme et est orné de bijoux), la bande d’étoffe qui entoure le rouleau de la Loi, une ceinture tressée, des lanières de chaussure ou de sandale, dès qu’elles ont une largeur égale ou supérieure à un geris, tous ces objets sont exposés à l’impureté. Lévitique 13, 48 ajoute : dans une peau ou dans tout ouvrage en peau, mais les choses ne sont pas si simples et il y a des restrictions2 : Les peaux (des animaux) de la mer ne sont pas exposées à l’impureté3, mais si on y associe quelque chose qui pousse sur la terre, ne serait-ce qu’un fil pour le coudre ou l’emballer, ou tout matériau susceptible d’impureté, on les rend sensibles à l’impureté. Le Sifra considère l’immunité des peaux d’animaux marins comme une évidence4 et affirme que, dans la mesure où les vêtements fabriqués avec une matière qui pousse ou grandit sur la terre (comme le lin ou la laine) sont exposés, les vêtements fabriqués avec la peau d’animaux qui vivent sur la terre (ce qui exclut ceux qui vivent dans l’eau) le seront aussi. Mais les peaux d’animaux marins perdront leur immunité par l’incorporation du moindre produit de la terre (fil, laine)5 . Mais, que faut-il penser de la peau d’animaux non kasher ? La réponse se trouve dans une baraïta dans laquelle Rava a dit : La preuve que la peau d’un animal non kasher peut devenir impure est dans Lévitique 13, 48 qui dit dans une peau (be-’or) et pas une peau, pour inclure la peau des animaux non kasher, que l’atteinte existe avant l’examen par le kohen ou vienne après. Si on mélange cette peau avec un autre matériau et qu’on en fait un vêtement, il pourra être touché6 . Mais, les tamis en peau sont-ils sensibles ? Lévitique 13, 48 précise : tout ouvrage en peau, ce qui signifie en peau qui a été travaillée, or la peau des tamis n’a pas été travaillée (tannée) : elle est donc insensible7. Qu’en est-il de la lanière (en peau tannée) des sandales ? Lévitique 13, 49 mentionne : tout ustensile de peau, les lanières de sandales ne sont pas des ustensiles8. Quant aux tentes faites de peau, elles seront aussi sensibles car ce sont des ustensiles9 . D’autres matériaux, plus ou moins d’usage vestimentaire, sont peu sensibles à l’impureté, comme le feutre ou la toile de tente0. Ainsi1, une femme peut sortir avec un cache mèches en feutre, matière non tissée, donc ne risquant pas la ṣara‛at. Une baraïta anonyme2 va encore revenir sur la matière composant un vêtement : Le verset Lévitique 13, 47 qui précise laine et lin pour le vêtement est un binian av3 . Donc, dans tous les autres cas où on parle de vêtements, il s’agira de laine et de lin. Le Sifra considère que le texte biblique est clair et qu’il exclut soie, laine de chameau ou poils de chèvre du risque d’impureté4 . La baraïta précédente se poursuit et pose le problème de la dimension minimum pour risquer l’impureté : Un tissu de trois largeurs de doigt sur trois, en lin ou en laine peut contracter la ṣara‛at. D’où le savons-nous ? Si le verset avait dit beged (בגד ,un vêtement) j’aurais dit un vêtement entier, mais il est dit we-ha-beged (והבגד ,et le vêtement) deux lettres inutiles, donc même un tissu de petite taille pourra être atteint. Certains vêtements exposés pourront être « immunisés » : Des poils de chameau et de la laine de mouton ont été tissés ensemble (pour fabriquer un vêtement) : si les poils de chameau sont majoritaires, le vêtement ne sera pas susceptible d’impureté liée à la ṣara‛at ; si la laine de mouton est majoritaire, le vêtement pourra être impur ; il en est de même si le mélange se fait à parts égales. La même règle s’applique au lin et au chanvre5 s’ils ont été tissés ensemble (pour fabriquer un vêtement)6 . A propos du mélange poil de chameau et laine, Rabbi Shim‛on ben Yehudah a dit au nom de Rabbi Shim‛on : En cas de doute en matière de lésion de ṣara‛at, il faut prendre une décision indulgente, et un mélange à parts égales (de poil de chameau et de laine) est pur7 . La Tosefta ajoute que le mélange soie et laine (sans en préciser les proportions) est aussi insensible à l’impureté8 . On retrouve cette notion de mélange de matériaux dans un autre traité de la Mishnah9 : Aucune étoffe n’est interdite sauf en cas de mélange de lin et de laine830 et aucun vêtement n’est susceptible d’être atteint par la ṣara‛at sauf ceux en laine ou en lin. […] On peut mélanger de la laine de chameau avec de la laine de mouton, mais la laine de chameau doit être majoritaire et pas inférieure ou égale à la laine de mouton. Il en est de même si on mélange du lin et du chanvre.
L’examen du vêtement et ses conséquences
Alors que pour l’homme la dimension de la lésion est particulièrement importante, la Mishnah en fait peu mention pour les vêtements850 et s’attache plutôt à sa couleur et à son évolution851 : Les vêtements sont impurs s’ils ont une tache verdâtre qui devient vert intense ou rougeâtre qui devient rouge intense852. Si la tache était verdâtre (et de la dimension minimum) et s’est agrandie en devenant rougeâtre (pendant la période d’isolement), ou si la tache était rougeâtre et s’est agrandie en devenant verdâtre, le vêtement est impur. S’il y a un changement de couleur sans extension, on considère qu’il n’y a pas de changement. Mais Rabbi Yehudah a dit : il faudra réexaminer le vêtement comme si c’était la première fois (le changement de couleur étant considéré comme l’apparition d’une nouvelle tache), et l’isoler à nouveau une ou deux semaines. Dans certains cas, l’examen devra être fait dans des conditions particulières853 : Une cape épaisse (molletonnée) où apparaît un signe de ṣara‛at reste pure, selon Rabbi Eliézer ben Ya‛aqov, à moins que le signe n’apparaisse et à l’extérieur et dans l’épaisseur de la cape. Une outre ou un sac doivent être examinés dans la position dans laquelle ils sont utilisés, et il n’y aura impureté que si le signe s’étend de la face externe à la face interne ou inversement. Dans tous les cas le vêtement sera isolé puis réexaminé par le kohen854 : Un vêtement sera déclaré impur dans un délai maximum de deux semaines en fonction d’un des trois signes suivants : la couleur verdâtre, la couleur rougeâtre ou la progression (de la lésion). Les deux premiers signes peuvent être constatés dès le début (au premier examen), à la fin de la première ou de la deuxième semaine. La progression de la lésion ne pourra être constatée qu’à la fin de la première ou de la deuxième semaine d’isolement. Dans ces cas, le vêtement serait déclaré impur au terme de deux semaines d’isolement, soient treize jours. Comme le précise la mishnah, l’impureté ne sera prononcée, après isolement, que si la couleur de la tache a persisté et si sa taille a augmenté. En effet855 : L’extension (de la tache), si faible soit-elle, est une cause d’impureté ; l’apparition d’une autre tache, au même endroit du vêtement, est aussi cause d’impureté à condition qu’elle soit de la taille d’un geris. Il en est de même en cas de réapparition d’une tache qui s’était atténuée. La prise en compte d’une deuxième tache apparue pendant l’isolement est justifiée par Lévitique 13, 51 : si l’atteinte a progressé dans le vêtement, l’absence de précision indiquant qu’il peut s’agir de n’importe quel endroit du vêtement856 . Plusieurs éventualités peuvent donc se présenter857 : Si la tache n’a pas changé à la fin de la première semaine d’isolement, il faut laver la tache858 et isoler le vêtement une deuxième semaine. Si la tache reste inchangée à la fin de la deuxième semaine859 ou si elle a progressé pendant la première, le vêtement sera brûlé860 . Si la couleur de la tache s’est affaiblie avant d’être examinée par le kohen (par exemple, passée du verdâtre au vert clair), Rabbi Yishma’el préconise lavage et isolement, mais les Sages estiment que cela n’est pas nécessaire et que le vêtement est pur861 . Si la couleur de la tache s’est affaiblie pendant la première semaine, elle doit être lavée et isolée à nouveau. Si la couleur de la tache s’est affaiblie pendant la deuxième semaine, elle doit être découpée et brûlée862, et il faudra obligatoirement coudre une pièce à sa place863. Mais Rabbi Neḥemiah a estimé que la pièce n’était pas indispensable864 . Mais cette pièce remplaçant la partie découpée et brulée peut à son tour poser quelques problèmes865 : Si une autre tache apparaît sur le vêtement (qui a été rapiécé), la pièce est protégée866 ; si la tache s’étend sur la pièce, le vêtement sera brûlé (ainsi que la pièce). Si une pièce, fabriquée à partir de l’étoffe d’un vêtement qui a été isolé (puis déclaré pur) est cousue sur un vêtement pur, et si une tache apparaît de nouveau sur le vêtement d’origine, la pièce doit être retirée et brûlée. Mais si la tache apparaît sur la pièce, le vêtement d’origine doit être brûlé et la pièce doit être isolée avec le vêtement sur lequel elle est cousue. Dans les trois éventualités qui précèdent, la nouvelle tache devra, bien entendu, avoir la dimension minimum d’un geris867, et sa couleur pourra être différente de celle de la première868 . Le vêtement « guéri » à la fin de la deuxième semaine (la tache a complètement disparu) doit être lavé à nouveau selon Lévitique 13, 58. Ce deuxième lavage est considéré comme un rite de purification869 . D’autres éventualités sont possibles0 : Deux vêtements ont été isolés : l’un a été déclaré pur et a fourni une pièce pour le deuxième. Si une tache apparaît sur l’un des deux, il doit être brûlé avec la pièce. Si la tache apparaît sur la pièce, les deux vêtements doivent être brulés. Mais, existe-t-il des taches pures ? Une controverse1 a lieu à propos de l’expression beyn nega‛ le-nega‛ dans Deutéronome 17, qui pourrait laisser penser que certaines taches seraient pures.