La vulnérabilité des systèmes d’élevage

La vulnérabilité des systèmes d’élevage

Principes et applications de la notion de trajectoire pour comprendre la logique du changement L’analyse des trajectoires consiste à reconstituer l’histoire et la logique de l’évolution des systèmes de production et de leurs relations avec un marché organisé (Hostiou et al., 2006). L’analyse de l’évolution de l’exploitation doit inclure à la fois les facteurs individuels, liés à des caractéristiques spécifiques de la ferme, et les facteurs collectifs, liés à l’environnement socio-économique, lequel varie au fil du temps (García-Martínez et al., 2009). Les trajectoires de développement sont le résultat de choix faits par les agriculteurs dans leurs systèmes de production, qui tiennent compte de la situation socio-économique, les conditions environnementales, culturelles, les opportunités, les projets personnels et collectifs de la famille. Les trajectoires ont été utilisées pour caractériser l’évolution dans les systèmes famille – propriété (Moulin et al., 2008 ; Rueff et al., 2012); les questions sociohistoriques (Lamine, 2011) ; la typification quantitative (Iraizoz et al., 2007) ; la dynamique de fermes (García-Martínez et al., 2009 ; Magnani, 2010 ; Ryschawy et al., 2012) ; le processus de l’évolution des pratiques (Bernard, 2010 ; Chantre et al., 2010) ; la gestion (Oiry et al., 2010 ; Langley, 1999) ; le mouvement de modèles stratégiques pour des chemins (Cialdella et al., 2009) ; et le processus de changement stratégique et de changements dans l’utilisation des terres (Madelrieux et al., 2002) Ryschawy et al. (2012) ont analysé la diversité des trajectoires agricoles entre 1950 et 2005 dans les Coteaux de Gascogne (sud-ouest français), avec l’objectif d’identifier la diversité des parcours qui ont permis la survie des systèmes de polyculture-élevage et les forces motrices de cette survie. Dans l’étude de Rueff (2012), l’analyse des trajectoires a permis d’améliorer la compréhension de la dynamique des systèmes de culture sur un territoire et sur une période à long terme couvrant plusieurs générations. Bernard (2010) a cherché à comprendre en profondeur les stratégies et les pratiques des agriculteurs et leur impact sur la performance de l’exploitation. Chantre et al. (2010) ont mobilisé la notion de trajectoire pour identifier les moyens de soutenir les changements dans les pratiques agricoles dans un contexte d’injonction politique de réduction de l’utilisation des pesticides. Suite à l’analyse des trajectoires, Cialdella et al. (2009) ont souligné la difficulté de considérer la production de bétail sans l’aide d’autres sources de revenus et financement, et l’importance de la main-d’œuvre pour l’avenir des systèmes agricoles alpins. Madelrieux et al. (2002) ont reconstruit et ont représenté un processus de changement stratégique lié à la résolution des problèmes du travail et les changements identifiés dans l’utilisation des terres dans ces processus.

La vulnérabilité

un concept pour caractériser les relations entre un système et son environnement Le concept de vulnérabilité a été mobilisé au départ pour l’étude des risques naturels (Janssen et al., 2006). Un autre domaine d’application est la justice sociale, tandis que d’autres encore abordent la vulnérabilité et la résilience dans un objectif de , selon leur trajectoire : une façon de comprendre les choix des éleveurs face aux perturbations – Définition d’une stratégie de recherche. 40 réduction des risques (Vogel et al., 2007). Globalement beaucoup de travaux ont mobilisé le concept de vulnérabilité. Ils concernent différentes disciplines, telles que l’économie, la géographie, la psychologie ; et différents champs de pratique professionnelle, tels que la recherche des risques et des catastrophes, la pauvreté et le développement, la sécurité alimentaire, l’écologie politique (Pearson et al., 2011). Dans la classification d’Adger (2006), développée par O’Brien et al. (2004), une caractéristique clé est de savoir si la vulnérabilité est elle-même l’objet de l’analyse (les résultats sont la vulnérabilité), ou si elle sert pour comprendre le processus d’apprentissage et d’adaptation (la vulnérabilité contextuelle). Selon Agder (2006), le concept de vulnérabilité peut être défini par une combinaison de trois composants : (i) l’exposition (la contrainte à laquelle un système est exposé) ; (ii) la sensibilité, et (iii) la capacité d’adaptation. Les caractéristiques de l’exposition comprennent l’ampleur de la contrainte, ainsi que sa fréquence, sa durée et son extension spatiale. La sensibilité est la mesure de la perturbation générée dans un système par la contrainte (Gallopin, 2006). La capacité d’adaptation est la capacité d’un système à évoluer tout en s’adaptant aux risques environnementaux et à élargir la gamme de ses réponses adaptatives (Adger, 2006). La vulnérabilité est déterminée par l’occurrence et la nature de l’interaction entre un sous-système social (ou humain) et un sous-système écologique (ou environnemental). Par exemple, un système (une ville, une communauté humaine, un écosystème) peut être potentiellement vulnérable à une certaine perturbation, mais exister sans problème dans la mesure où il n’est pas exposé à cette perturbation (Gallopin, 2006). Selon Metzger et al. (2005), l’exposition est la nature et le degré auquel les écosystèmes sont soumis aux changements environnementaux ; la sensibilité est le degré auquel un système humain-environnement est affecté, soit négativement ou positivement, par le changement de l’environnement ; la capacité d’adaptation reflète le potentiel de mise en œuvre des mesures d’adaptation planifiées et concerne donc les tentatives humaines délibérées pour s’adapter ou faire face au changement, et non à l’adaptation autonome.  La capacité d’adaptation contribue à réduire la vulnérabilité. Engle (2011) montre comment la capacité d’adaptation joue un rôle essentiel dans la détermination de la vulnérabilité d’un système (Figure 2.2), car elle provoque de la modération entre l’exposition et la sensibilité du système. En raison de sa position unique comme étant mise en forme par l’action humaine et comme ayant une influence à la fois sur les éléments biophysiques et sociaux d’un système, la capacité d’adaptation est considérée comme critique pour réduire la vulnérabilité. La capacité d’adaptation est généralement considérée comme la capacité à absorber les chocs et à réduire les pertes résultant de dangers potentiels, qui comprend la capacité de planifier, préparer, faciliter, d’apprendre et de mettre en œuvre des stratégies connexes pour réduire la vulnérabilité (Klein et al., 2003). 

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