LA VULNÉRABILITÉ DE L’HABITAT DES PARTICULIERS SITUÉ EN ZONE INONDABLE

LA VULNÉRABILITÉ DE L’HABITAT DES PARTICULIERS SITUÉ EN ZONE INONDABLE

L’habitat individuel, essai de définition

Si l’on se réfère aux récentes définitions de la littérature scientifique, l’habitat correspond à un « système de relations entre des éléments architecturaux, techniques et sociaux » [FIJALKOW et LEVY, 2009] mais aussi à un « ensemble de pratiques sexuées et socialement différenciées » [SEGAUD and al, 2003]. Parmi cet ensemble se trouve l’habitation, la maison, le « chez soi », un espace domestique [STASZAK, 2001], un des lieux de l’habitat humain [LEVY et LUSSAULT, 2003]. Le logement, quant à lui, s’inscrit dans l’habitat. C’est une entité fiscale destinée à loger un ménage qui peut être propriétaire ou locataire. Il désigne un « acte fonctionnel », celui de se loger [INSEE, 2011]. Pour éviter tout contre sens et mieux représenter notre objet d’étude, il nous est apparu nécessaire de préciser ce qui pouvait être entendu par l’ « habitat individuel ». La première partie de cette section rappelle l’étymologie des mots habitat et maison. L’aspect géographique de notre objet d’étude, défini comme l’ensemble des lieux pratiqués par l’homme selon ses modes d’habiter compose la deuxième partie de cette section. La troisième partie de cette section décrit l’approche anthropologique et sociologique. La fonction première de l’habitat est celle de protection et d’abri mais il est aussi constitué de marqueurs d’identité propre à ses occupants. Enfin la quatrième et dernière partie décrit l’angle architecturale de l’habitat, désignant une forme urbaine et structurelle : individuel, collective, intermédiaire.

Etymologie des mots : « Habitat » et « Maison »

Le mot « habitat » vient du latin « habitus », habitude et implique l’idée d’une certaine permanence, d’un lieu nécessitant le temps pour y avoir des habitudes. Le mot « maison » vient du latin « mansion » qui vient de l’accusatif « mansionem » qui signifie « rester ». « domicile », « domestique », « domaine » sont également des dérivées du mot maison. Par contre, en anglais, « house » dont l’ancien mot est « hus » veut dire « abri » conduisant à une interprétation de protection [SIRET et RODRIGUEZ, 2006]. La maison est le cœur même de l’habitat, c’est un lieu fixe, permanent où l’on demeure et se protège des agressions extérieures.

Approche géographique

En géographie classique, le concept renvoie à « l’ensemble et l’arrangement des habitations dans un espace donné »6 . Quant à l’habitation, elle fait référence à la « description des formes des maisons en liens avec le milieu physique » [DEMANGEON, 1938]. Les géographes le définissent aujourd’hui comme étant l’ « organisation spatiale des espaces de vie des individus et des groupes […] Il est le fait d’un ensemble d’acteurs des politiques, des économistes et des particuliers ». L’habitat n’est pas immuable, c’est un espace articulé de « lieux » pratiqués par les individus selon leur « mode d’habiter » (ex : migration pendulaire, le quotidien, etc.) [CAILLY, 2009]. « Nous habitons l’espace et c’est pour cela qu’il nous habite » [HEIDEGGER, 1954]. « Habiter » signifie que les individus et les groupes ont des pratiques spatiales et des représentations mentales qui produisent du territoire c’est-à-dire un espace investi de sens et de valeurs. Cette notion est également à l’épreuve des situations offertes par l’espace de vie. Une nouvelle organisation et structure spatiale de l’habitat émane d’une société qui souhaite s’adapter ou prévenir certaines situations (ex : Tsunami) tirer avantages des ressources disponibles ou faire face aux contraintes du milieu physique [LUSSAULT, 2007]. Ce rapport des sociétés à l’espace aboutit à mettre en évidence des conflits d’intérêts (ex : économique, politique, etc.) entre les acteurs d’un territoire dans la manière d’aménager ce 6 Brunet R and al., Les mots de la géographie. Dictionnaire critique, Reclus. La Documentation française, 1992. 20 dernier. L’habitat renvoie aussi bien à la terre entière, la ville, le quartier mais aussi à la « maison », lieu de la résidence et du domestique. Longtemps abordé de l’extérieur par l’étude de sa morphologie et de sa structure, ce n’est que tardivement que le géographe s’attache à étudier « un des lieux de l’habitat humain » : l’habitation, la maison aménagée, équipée, décorée, empreint de valeurs sociales, culturelles et familiales. [STASZAK, 2001] désigne un « espace domestique », anthropique, différencié, privé, familial et corporel. 1.1.3 Approches anthropologique et sociologique Selon [SIRET et RODRIGUEZ, 2006], la maison est un objet complexe répondant aux besoins matériels, physiologiques, spirituels et affectifs de ses occupants. D’un point de vue anthropologique, sa fonction primaire est celle de protection et d’abri contre les forces de la nature mais également de sauvegarde des provisions [PEZEUMASSABUAU, 1983]. [GUIRAUD, 1980] ajoute « le besoin de s’approprier une portion d’espace où les fonctions vitales puissent s’effectuer sans contrainte ». La maison est un espace approprié et un support d’identité « individuelle » où d’un point de vue de la psychologie environnementale [COLBEAU-JUSTIN et De VANSSEY, 2001], il favorise à la fois l’intimité et la socialisation. L’espace est construit selon des pratiques, des usages et des désirs fortement influencés par des normes et des valeurs culturelles. Les qualités de confort, de sécurité physique et psychologique sont assurées par les dimensions sociales, cognitives et culturelles que l’homme entretient avec son habitat [RATIU, 2001]. La maison est constituée de marqueurs d’identité propre à ses occupants. Elle est une prolongation de soi et est alors le reflet culturel d’une société qui conditionne la forme, le plan, le décor et les pratiques des occupants. Au-delà des besoins fonctionnels auxquels la maison répond (ex : dormir, se nourrir, se chauffer, se laver, s’éclairer, etc.) [SMITH, 1994 ; COLBEAU-JUSTIN et De VANSSEY, 2001], elle symbolise également la vie sociale et l’unité familiale [HAUMONT 2001 ; HAUMONT et RAYMOND 2001]. Considérée comme un investissement des plus importants dans la vie d’une personne, la maison est aussi un objet d’usage et un bien de consommation.

Approche architecturale

En architecture, le terme « habitat » est accolé à deux adjectifs : individuel et collectif [GUYARD, 2006]. Ceci oppose deux groupes de formes architecturales et deux types de 21 paysage urbain qui renvoient à deux modèles de référence. D’un côté, le collectif est représenté par l’immeuble empilant plusieurs logements sur une même parcelle. De l’autre, l’individuel est représenté par la maison faisant correspondre à chaque parcelle un logement unique. L’habitat individuel rassemble l’ensemble des maisons occupées par une seule famille (ex : le pavillon, la maison de maître, la maison de ville, la villa, la maison individuelle, la maison de campagne, la maison mitoyenne, etc.). L’habitat a connu à travers l’histoire de multiples transformations dictées par le contexte socio-économique et politique de la France. Il est difficile de dresser une typologie exhaustive de l’architecture de l’habitat individuel en raison, d’une part, de l’évolution des techniques et des méthodes constructives et d’autre part, d’une vaste gamme de matériaux qui varient selon les régions et les périodes de construction. Il n’existe pas de référentiel relatif à la typologie architecturale de l’habitat en France. Au regard de l’évolution socio-économique des modes de vie, la diversité architecturale de l’habitat individuel est fortement marquée par un habitat traditionnel issu d’une France rurale d’avant-guerre, suivi d’une standardisation de l’habitat individuel fruit de l’industrialisation des Trente Glorieuses (1945-1975) qui s’est peu à peu diversifié en une « maison individuelle » personnalisée et idéalisée. Face à ces différentes approches, et pour la suite de notre exposé, l’habitat sera abordé principalement sous l’angle de l’architecture. Nous emploierons les termes d’habitat individuel ou de maison individuelle pour désigner notre objet d’étude qui face aux transformations de notre société a été marqué dans sa structure, sa morphologie, ses matériaux constructifs, ses usages et ses rapports avec l’environnement.

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