La vie politique à KOLDA

LA VIE POLITIQUE A KOLDA

A l’image de tout le pays, la ville de Kolda est le lieu de cohabitation de plusieurs formations politiques. Chacune, selon les stratégies mises en oeuvre, vise à drainer le maximum de militants afin de remporter les élections régulièrement organisées. Notre enquête nous a permis de mesurer, à travers notre échantillon, le niveau d’adhésion des populations à la vie politique.
A la lumière de ce tableau, il se dégage que les enquêtés, dans leur majorité (53.9%) semblent se démarquer de la vie politique ou plus précisément du militantisme actif. Pour expliquer ce manque d’intérêt des chefs de ménage à une participation active à la vie politique, il faudrait s’en référer à plusieurs facteurs dont le plus important est, à notre avis, la perception de chaque citoyen par rapport à la politique.
Nous avons recueilli, à cet effet, un ensemble d’aspects négatifs attestant l’indifférence élevée des enquêtés à l’égard de la vie politique.
Ensuite, viennent les récriminations relatives aux conflits crypto-personnels qui opposent les différentes formations politiques (25%).
Sur ce plan, il est reproché aux politiciens de se préoccuper à gérer des antagonismes qui ne concernent en rien l’intérêt général.
Ce faisant, ils ne se soucient guère ou alors très peu des problèmes qui assaillent la ville tels : le chômage des jeunes, le mauvais état de la voirie urbaine ou l’absence d’électrification des quartiers périphériques.
Ces conflits crypto-personnels sont perçus comme étant la principale pomme de discorde entre les populations de la ville qui s’affrontent et se querellent au sous les bannières des différents partis politiques.
D’autre part, 24,4% des chefs de ménages enquêtés accusent les dirigeants de la municipalité de faire du népotisme à l’occasion de recrutements d’agents en privilégiant les liens de parenté, l’appartenance au même parti politique sur la compétence.
Enfin, les autres réticences qui éloignent certains enquêtés de l’activité politique sont liées à la transhumance des politiciens (0,8%) et à leur faible niveau intellectuel (3.6%). plusieurs enquêtés, Kolda souffre aujourd’hui, de l’inaptitude de ses dirigeants, des conseillers municipaux en particulier, à assurer une gestion optimale des potentialités de la ville et à élaborer des projets de développement à long terme à cause de la faiblesse de leur niveau d’instruction.
Néanmoins, malgré leur méfiance et démarcation par rapport à l’activité politique, la plupart des chefs déclarent s’acquitter de leur droit civique en votant chaque élection.
Par ailleurs, en dépit de ces perceptions négatives de la vie politique à Kolda, il n’empêche que selon beaucoup de koldois les avancées démocratiques enregistrées présentent, aujourd’hui, l’avantage de permettre à chaque citoyen d’exprimer librement son opinion.
Le contexte urbain aidant, il se développe de plus en plus une facilité de diffusion des points de vue par le biais des deux stations-radios de la ville de Kolda : la station régionale de la Radiodiffusion télévision du Sénégal (RTS) et la radio privée Dunya. Elles favorisent le dialogue politique à travers les débats contradictoires qu’elles organisent.
C’est pourquoi David Morgan soutient que : « L’urbanisation est un élément de démocratisation en raison de la diffusion d’opinions et de comportements diversifiés qu’elle autorise, d’un meilleur niveau d’éducation et de l’accès à l’information, d’une plus grande capacité de mobilisation, etc. »70.

LA VIE ASSOCIATIVE A KOLDA

L’organisation de la vie associative à Kolda repose sur les préoccupations des populations qui les amènent à adhérer dans des associations à but social, religieux ou syndical. Le tableau cidessous le prouve aisément.
Parmi les informations à tirer de ce tableau, il importe de souligner que : seuls 45,3% (163/360) des enquêtés ont adhéré au moins à une association de leur choix, les femmes représentent 28,2% du groupe de personnes qui, dans cette étude ont adhéré à une association.
Dans un contexte de pauvreté qui se répand de plus en plus au sein des ménages, la femme éprouve assez souvent le désir d’appartenir à une association pour subvenir intégralement ou en partie aux besoins de sa famille. Elle adhère dès lors à une tontine et/ou à un GIE (groupement d’intérêt économique).
Aujourd’hui, à Kolda, les mutuelles de crédit offrent la possibilité aux femmes organisées c’est-à-dire celles appartenant à une association de bénéficier de fonds remboursables pour s’adonner à la teinture, au commerce, au maraîchage et à l’aviculture.
Cette dernière activité a valu au groupement Hafia du quartier de Saré Moussa de gagner en 1995 le 1er Prix du chef de l’Etat pour la promotion de la femme.
La vie associative est également marquée à Kolda par l’existence d’associations de jeunes.
Dans cette étude, 22,1% des enquêtés adhèrent à des organisations de jeunesse. Ces associations de jeunes, pour l’essentiel, tournent autour des ASC (associations sportives et culturelles) qui sont plus d’une vingtaine disséminée à travers la ville.
Toutefois, il est à signaler que, contrairement à leur objectif originel qui était de s’activer à la fois sur le plan sportif et culturel, les ASC se focalisent presque exclusivement sur le sport, plus précisément sur le football au détriment des activités culturelles (théâtre, conférences etc.).
C’est durant les vacances scolaires que sont organisées ces manifestations sportives qui marquent des moments d’échanges et de brassages des jeunes de la ville même, si parfois, elles sont ponctuées de violences.
En outre, il faut dire que de plus en plus, ces ASC s’investissent dans des programmes de lutte contre des fléaux comme le SIDA, la drogue en organisant des journées de sensibilisation. Par ailleurs, depuis l’alternance du pouvoir politique survenu le 19 mars 2000, les jeunes de Kolda investissent davantage le champ politique et la société civile dans un cadre apolitique comme celui de la Convention des Jeunes Koldois (CJK).
Cette convention a pour objectif de défendre les intérêts des populations de la ville de Kolda auprès des autorités locales. Ses membres regroupent toutes les couches de la jeunesse en allant des sans emplois, aux étudiants en passant par les artisans jusqu’aux fonctionnaires.
Aussi, ne manque-t-elle pas, si nécessaire, de dévoiler au grand jour les erreurs commises par les autorités municipales et les services publics dans l’accomplissement de leurs missions.
La convention apparaît ainsi comme une sentinelle qui veille scrupuleusement sur les droits que la loi confère aux citoyens et que nul n’a le droit de transgresser. Hormis les groupements féminins et les associations de jeunes, il figure dans le tableau cidessus : les Dahira, les syndicats et autres qui sont des types de regroupements à soubassement, religieux, professionnel voire géographique.
En dépit de la dominance des musulmans à Kolda, les populations appartenant à cette religion sont faiblement attirées (17,2%) par les Dahira qui sont des associations religieuses. Les rares personnes qui y adhèrent sont très souvent originaires des régions du Nord où l’influence des confréries est plus pesante.
En plus de l’appartenance à un syndicat qui est de 14,7% chez les enquêtés, il existe beaucoup de personnes (17.8%) qui s’activent dans d’autres associations.
Ils partagent un point commun leur appartenance, soit à une même localité, un même terroir ou à une même ethnie.

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LES PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS DE CETTE ETUDE SUR LA VILLE DE KOLDA

A la lumière des résultats de cette enquête, cette analyse doit à terme confirmer ou infirmer les hypothèses qui nous ont tant préoccupés tout au long de cet exercice de recherche, à savoir :
 démontrer que l’érection de Kolda en capitale régionale est un fait déterminant dans l’accélération du processus de transformation démographique, économique, social et culturel de la ville,
 vérifier que le développement démographique de la ville de Kolda est un prolongement du monde rural tant sur le plan culturel que sur celui des activités.
A ce propos, nous voudrions, tout d’abord, rappeler le processus d’édification de la ville. Kolda est née d’un village dont l’origine du nom et la primauté de l’occupation du site par le fondateur divergent d’une source d’information à une autre.
Cette divergence est plus marquée sur la provenance du nom que sur les premiers occupants du site. Il se dégage, en effet, une tendance générale qui s’accorde sur la primauté de l’occupation Peul. Ceci témoigne, une fois de plus, de l’absence dans nos sociétés traditionnelles, jusqu’à une certaine époque, d’un moyen de codification qui permettait de perpétuer l’histoire sans pour autant la falsifier.
S’agissant de l’influence du changement de statut administratif comme facteur d’accélération du processus de développement de la ville, notre étude atteste que Kolda a connu une croissance rapide dans plusieurs secteurs du fait de l’augmentation de sa population. Au plan géographique, l’espace communal est devenu trop étroit pour abriter convenablement toute la population se réclamant de la commune. Une telle situation engendre comme conséquence un développement hypertrophié des anciens quartiers reconnus administrativement.
Aujourd’hui, Sikilo, le plus grand quartier de Kolda abrite sur ses flancs des sous-quartiers que sont : NDiobène, Hilèle, Château d’eau et Médina chérif. Et, à l’exception de NDiobène, il existe des espaces non lotis dans ses sous-quartiers où l’eau et l’électricité tardent à venir.
Au plan administratif, l’érection de Kolda en capitale régionale a favorisé la multiplication des services publics soutenue par l’affectation de nombreux fonctionnaires. Cette promotion a été accompagnée par la réalisation de nombreuses infrastructures notamment dans le secteur de la santé et celui de l’éducation.
Parmi celles-ci nous pouvons citer : l’hôpital régional de Kolda et le lycée Alpha Molo Baldé (LAMB). Ces infrastructures facilitent : l’une l’accès des populations à des soins de santé de qualité et l’autre à la formation des élèves pour le niveau secondaire.
Les populations de la région et singulièrement celles de la commune en tirent de réels bénéfices résultant de la réduction des coûts que ne permettaient pas, jusqu’à un passé récent, les évacuations des malades vers l’hôpital de Tamba-counda ou celui de Ziguinchor ni même l’orientation des élèves du cycle secondaire vers d’autres régions. Même si, des progrès notables ont été accomplis dans la réalisation des infrastructures, il convient de signaler qu’elles n’ont pas toutes acquis une autonomie dans leur fonctionnement.
Pour preuve, plusieurs services régionaux qui devaient avoir leur siége à Kolda sont réduits à de simples bureaux secondaires administrés depuis Ziguinchor. Il s’agit de : la Douane, la SENELEC (Société nationale d’électricité), la SDE (Sociétés des eaux) et la SONATEL (Société nationale des télécommunications).
Ce constat est d’autant plus vrai que les départements de Sédhiou et Vélingara restent respectivement polarisés par Ziguinchor et Tambacounda.
Ce fait résulte d’une insuffisance de la réforme de 1984 qui n’a pas été accompagnée de mesures permettant de désenclaver Kolda par rapport non seulement au reste du Sénégal mais aussi à son arrière pays et plus particulièrement à ses départements.
La politique de régionalisation n’a pas mieux fait car elle reste également une entreprise non achevée.
Sur un autre plan, la position-carrefour, certes avantageuse, ne permet pas encore à la ville, du fait de son enclavement, d’assurer son plein essor économique. C’est dire que la ville a du mal à attirer et à fixer les populations environnantes.
Ce manque d’attrait de la ville est lié à l’absence d’un secteur économique dynamique. La ville ne s’est pas dotée de suffisamment d’infrastructures (y compris des unes) pouvant garantir aux populations autochtones ou venues d’ailleurs des emplois sécurisés et très rémunérateurs. Malgré cet handicap, le commerce et l’artisanat se développent de plus en plus au regard des magasins, boutiques et ateliers en nombre croissant disséminés au centre-ville et à l’intérieur des quartiers. En plus, la ville abrite un marché hebdomadaire et dispose de quatre établissements financiers : CNCAS, SGBS, Crédit mutuel, ACEP et Mutuelle des femmes de Kolda (MFK).

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