La transition agroécologique

La transition agroécologique

Historiquement, A la sortie de la seconde guerre mondiale, les états européens ont stimulé l’intensification de la production agricole (création d’instituts de recherche, d’instituts techniques, PAC….) dans l’optique de tendre vers l’autosuffisance alimentaire. L’intensification agricole s’est appuyée sur une production de masse basée sur de l’utilisation de produits phytopharmaceutiques et d’engrais chimiques couplés la moto-mécanisation de l’agriculture. La combinaison entre ces deux éléments, dont l’objectif est de produire en quantité tout en respectant des critères de qualités standardisés, donne naissance au modèle de production agricole aujourd’hui couramment appelé ‘conventionnel’ (Duru, Therond, & others, 2014). La logique poursuivie par ce modèle est de contrôler au maximum, un à un, les facteurs limitants au champ, i.e. les facteurs (nutrition des plantes, ravageurs des cultures…) qui influent sur les performances de production (principalement le rendement). Ce processus se traduit par une forme de standardisation de l’utilisation des intrants (engrais et produits phytopharmaceutiques), des instruments (mécaniques) et des systèmes de productions ; engendrant une « simplification cognitive du travail » (Mayen & Lainé, 2014, p55). Dans le cadre de cette modernisation agricole, les grandes cultures (céréales, oléagineux, protéagineux et quelques légumes) sont caractérisées par « des rotations courtes et un usage massif de pesticides » dans une recherche de potentiels de rendement de production toujours plus élevés (Goulet & Meynard, 2012, p7).

Le modèle conventionnel commence à être remis en question, à partir des années 70 (Cardona, 2012), du fait de différents impacts négatifs identifiés : la productivité par hectare atteint des limites, les résistances des insectes et de maladies augmentent, les sols deviennent moins productifs, les eaux souterraines sont parfois polluées… (Hénin, 1980). La prise en compte de ces enjeux environnementaux invite l’agriculture à une « redéfinition de son insertion dans les territoires et les filières face aux enjeux du développement durable » (Cerf, Compagnone, & Labarthe, 2013). Se dessine une différence entre une agriculture conventionnelle qui s’appuie sur des enjeux de production de masse au détriment de l’environnement, et un modèle de développement où l’agriculture prend en compte l’environnement, la préservation et la durabilité de ses ressources naturelles dans son modèle de production tout en considérant des performances économiques et sociales des exploitations. deux disciplines, l’agronomie et l’écologie, à la fin des années 1990. Il s’agit de se tourner vers le développement de pratiques agricoles plus écologiques. Le processus d’implémentation de ce nouveau modèle reste néanmoins à mettre en place car il demande pour les professionnels de changer de modèle pour passer d’une agriculture dite conventionnelle vers une agriculture tournée vers la préservation et la durabilité. On parle alors de « transition » pour évoquer le processus qui permet de passer de l’un vers l’autre modèle. Le modèle de la transition agroécologique, revendique « un retour à l’agronomie, en tant que raisonnement intellectuel qui reposerait sur une compréhension affinée du fonctionnement des milieux cultivés pour rendre les pratiques agricoles plus efficaces et plus respectueuses de l’environnement » (Goulet & Meynard, 2012, p6).

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Duru, Therond, & Fares (2015) mettent ainsi en avant deux principales voies à une écologisation des pratiques agricoles : une voie faible et une voie forte de l’écologisation. Ce faisant, ils montrent que la « voie faible » correspond à de faibles évolutions de pratiques, qui sont peut-être plus efficaces et respectueuses de l’environnement, à court terme, mais ne résolvent pas la question du « modèle agricole » sur le long terme. Dans ce cadre-là il s’agit plus d’une écologisation du modèle intensif, par une adaptation à la marge des pratiques agricoles, que d’une remise en cause de celui-ci. Cette voie de développement peut être qualifiée « d’agroécologie intensive » (Griffon, 2014). La seconde voie, en revanche, celle d’une écologisation forte, nécessite une « re-conception des systèmes agricoles, c’est-à-dire une transformation en profondeur des pratiques, mais aussi des stratégies globales de gestion des fermes et des valeurs qui sous-tendent leur gestion » (Lacombe, 2018). Dans ce cadre-là, la question d’un changement en profondeur du modèle agricole est posée.

 

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