LA TOLERANCE IMMUNITAIRE

Stimulation des lymphocytes T régulateurs chez la souris dans un contexte inflammatoire comme le diabète auto-immun

Les lymphocytes B, et les anticorps anti-îlots

 L’infiltrat pancréatique des souris NOD contient une forte proportion de LT mais aussi de LB. Le rôle des LB dans le diabète est cependant débattu (Pescovitz et al., 200). Chez les souris NOD, l’injection d’un anticorps déplétant les LB prévient la maladie et a même un effet curatif (Hu et al., 200). Chez l’homme un essai clinique récent montre que le traitement par un anticorps anti-CD20 déplétant, le rituximab, semble avoir un effet bénéfique sur le DT1 (Herold et al., 2011). Cependant des résultats complémentaires sont nécéssaires. Les LB pourraient participer à la pathogénèse par différents mécanismes : (i) Les LB sont des CPA, connus pour leur capacité à présenter les auto-antigènes aux LT auto-réactifs (Bouaziz et al., 200; Brodie et al., 200), (ii) ils participeraient à l’initiation du DT1 (Diana et al., 201), (iii) les LB activés produisent des auto-anticorps potentiellement néfastes pour le DT1. En ce qui concerne les auto-anticorps produits par ces cellules comme l’I-A2 (Insulinome Antigen Associated 2), l’insuline, GAD 5 et le ZnT (Zinc Transportor ) sont détectés généralement avant l’apparition du diabète clinique chez l’homme. La détection de ces auto-anticorps est d’ailleurs utilisée en clinique pour le diagnostic ou la prédiction du DT1. Toutefois chez la souris NOD, seuls les anticorps anti-insuline ont été clairement définis comme cible spécifique. Ces auto-anticorps peuvent détruire les cellules β par « antibody dependent cell cytolysis » (ADCC) ou participer à la présentation antigénique en se complexant avec les auto-antigènes (Harbers et al., 200). Une étude a montré dans la souris NOD que la transmission d’anticorps auto-réactifs par le lait maternel augmente les risques de développer un DT1 (Greeley et al., 2002). Inversement, l’injection d’immunoglobulines de souris diabétiques à des souris NOD déficientes en LB n’induit pas de DT1 (Wong et al., 200). Cette donnée suggère que les auto-anticorps en soi n’ont pas de rôle pathogène majeur. Enfin, dans le but de déterminer le rôle de ces auto-anticorps, une équipe a créé une souris transgénique dont les LB expriment des IgM non sécrétoires. Ces souris développent une insulite et un DT1, confirmant le rôle secondaire des auto-anticorps dans le DT1 (Wong et al., 200). 

Les LT spécifiques du pancréas

 INTRODUCTION Les LT spécifiques d’antigènes d’îlots sont des acteurs essentiels de la destruction des cellules β. Une des premières mises en évidence du rôle des LT CD+ et CD+ dans le DT1 a été réalisée en transférant des LT issus de NOD à des hôtes de même fond génétique immunodéficients (NOD.scid) (Christianson et al., 1). Dans le DT1, ces LT reconnaissent une grande variété d’auto-antigènes, tels que l’insuline, GAD, la chromogranine A ou « Islets-Glucose–Phosphatase catalytic submit related Protein » (IGRP). D’ailleurs, le transfert adoptif de clones T spécifiques d’antigènes pancréatiques est capable d’induire un diabète chez la souris NOD (Stadinski et al., 20; Zekzer et al., 1). De façon schématique, l’activation des LT CD+ auto-réactifs peut se faire dans le ganglion drainant (Lennon et al., 200) ou directement au sein du pancréas (Wang et al., 20b). Une fois les LT CD+ activés par les APC, les CTL vont participer à la destruction des cellules β, soit par la libération de perforine et granzyme, soit par FAS. Les LT CD+ comme les LT CD+ peuvent aussi détruire directement les cellules β grâce à la sécrétion de cytokines toxiques comme l’IFN-γ ou le TNFα. En réponse à l’IFN-γ et à l’IL-1, les cellules β vont exprimer plus fortement FAS ce qui augmente leur sensibilité à être détruites par les LT pathogènes (Amrani et al., 2000). De plus dans des conditions inflammatoires, les cellules β vont exprimer le TNFR-1. Une délétion de l’expression de ce récepteur à la surface de ces cellules les protège de l’attaque auto-immune (Pakala et al., 1). Toutefois, il semble que les LT CD+ nécessitent le « help » des LT CD+ pour s’activer et induire le diabète. En effet plusieurs études appuient cette hypothèse. Par exemple, dans un modèle de souris NOD, le transfert adoptif de LT CD+ spécifiques d’un antigène d’îlots pancréatiques ne peuvent pas migrer dans le pancréas en l’absence de LT CD+ (Verdaguer et al., 1). En revanche une autre étude a montré que les LT CD+ issus de souris transgéniques présentant un TCR spécifique d’îlots pancréatiques sont capables d’induire le DT1 même en absence des LT CD+ (Graser et al., 2000). Enfin des études récentes ont montré que, parmi ces LT CD+, les Th-1 pouvaient avoir un rôle dans le développement de la maladie à la fois chez l’homme et chez la souris (Emamaullee et al., 200; Honkanen et al., 20; Lee et al., 201; Mensah-Brown et al., 200). 

Le rôle des Treg dans le contrôle de l’auto-immunité

 Chez la souris NOD, l’infiltrat commence dès 2 semaines de vie mais les souris deviennent diabétiques bien plus tard. Le temps très long entre le début de l’insulite et le  diabète clinique est dû à de nombreux facteurs. L’un d’entre eux est le ralentissement de l’évolution pathogénique du DT1 par les Treg. En effet, si les Treg sont déplétés vers – semaines, la maladie surgit beaucoup plus rapidement (Billiard et al., 200). Dans un modèle de souris transgéniques TCR-BDC2.5, où la majorité des LT est spécifique d’un antigène d’îlot pancréatique (Stadinski et al., 20), celles-ci ne développent pas de DT1 (Katz et al., 1). Pourtant le pancréas de ces souris présente une insulite importante. Ces données suggèrent que dans ces souris les Treg pourraient contrôler la tolérance. Cette hypothèse fut confirmée avec la création du modèle TCR-BDC 2.5x SCID. Ces souris ne possèdent pas de Treg et développent ainsi un diabète fulminant (Kanagawa et al., 2002). Plus récemment, chez les souris TCR-BDC2.5 x FoxpDTR dans lesquelles les Treg peuvent être déplétés après l’injection de toxine diphtérique, on observe une très forte destruction de leurs cellules β seulement deux jours après la déplétion des Treg. De façon intéressante, dans ce modèle murin, la disparition des Treg provoque une forte activation des cellules NK puis secondairement des LT CD (Feuerer et al., 200b). Pour quelle raison la régulation du DT1 par les Treg est-elle insuffisante pour prévenir le diabète dans certains animaux ? Plusieurs facteurs pourraient expliquer ce phénomène, comme une diminution de la proportion de Treg avec l’âge (Chatenoud and Bach, 2005). Cependant, d’autres travaux menés montrent le contraire avec une augmentation de la proportion et de la prolifération des Treg dans les ganglions drainants et le pancréas à l’apparition des symptômes (Mellanby et al., 200; Tang et al., 200). Un autre facteur serait une diminution de la fonction suppressive des Treg au cours du temps mais là aussi les données sont discordantes. In vitro, les Treg issus de souris pré-diabétiques ou diabétiques semblent très bien supprimer les Tconv (D’Alise et al., 200; You et al., 2005). En revanche, in vivo, les Tconv diabétogènes injectés à des souris âgées de à semaines sont supprimés par les Treg endogènes; alors que des résultats opposés sont obtenus avec des souris âgées de 1 semaines (Gregori et al., 200; Pop et al., 2005). Enfin, un dernier facteur serait que les Tconv deviennent réfractaires à la suppression des Treg. D’ailleurs les Tconv des souris NOD s’activent plus facilement et prolifèrent plus in vitro que d’autres lignées, ce qui pourrait expliquer cette résistance (D’Alise et al., 200). Des résultats similaires ont été obtenus chez l’homme (Lawson et al., 200). Du fait du rôle important des Treg dans la régulation de la maladie, des essais de thérapie cellulaire par l’injection de Treg induits in vitro ou naturels   

Table des matières

REMERCIEMENTS
RESUME
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
ABBREVIATIONS
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LA TOLERANCE IMMUNITAIRE
I : Principe de tolérance : le soi, le non soi
II : La tolérance centrale des lymphocytes T
A : La sélection des thymocytes
B : La présentation des antigènes du soi dans le thymus : le rôle de AIRE
III : La tolérance périphérique
A : Facteurs intrinsèques aux LT ou tolérance dite passive: ignorance, anergie et délétion
B : Les mécanismes extrinsèques ou tolérance active, implications de cellules spécialisées
1 : Les « Myeloid Derived Suppressive Cells » (MDSC)
2 : Les LT CD régulateurs
: Le rôle des lymphocytes B régulateurs
: Les Natural Killer T cells (NKT)
DEUXIEME PARTIE : LES LT REGULATEURS (TREG), UNE POPULATION CLE DE LA
TOLERANCE
I : Mise en évidence et phénotype
A : Découverte et identification des Treg
B : Un facteur clé de la Tolérance : Foxp
C : Autres marqueurs associés aux Treg
D : Et chez l’homme ?
II : Origines des Treg
A : Origine et différenciation thymique des Treg chez la souris
1 : Mise en évidence de l’origine thymique des Treg 2
2 : Le lieu de différenciation
B : Les signaux nécessaires à la génération des Treg dans le thymus 2
1 : Le rôle du TCR
2 : La transduction du signal TCR/CMH
2a : La voie NF-κB et c-rel
2b : La voie PI-Akt 2
2c : La voie NF-AT et AP-1
: Le rôle des cytokines dans le développement des Treg
a: Le rôle de l’IL2, IL-15, et STAT5
b : Le TGF-β
: Les molécules de co-stimulation
5 : Les autres facteurs régulateurs de Foxp
C : Les Treg induits en périphérie
1 : Les Treg induits par l’IL- (Tr1)
2 : Les Treg induits par le TGF-β
D : La stabilité de l’expression de Foxp
III: Les mécanismes de suppression exercés par les Treg
A : Les cytokines anti-inflammatoires
1 : L’IL-
2 : L’IL-TGF-β
B : La cytolyse directe des cellules cibles
C : Le blocage du métabolisme des lymphocytes T conventionnels
1 : La privation en IL-2
2 : Le métabolisme de l’ATP
D : La suppression de la réponse immunitaire via les DC
1 : Présentation des antigènes aux Tconv par les DC
2 : CTLA- et IDO
E : Dans quelles conditions et par quels moyens les Treg suppriment les Tconv ?
F : L’effet inhibiteur «Bystander »
G : « Le Classe contrôle »
IV : Homéostasie et modulation de la fonction suppressive des Treg
A : Activation et migration des Treg
1 : Activation des Treg
2 : Localisation, trafic et migration des Treg
2a : A l’état basal
2b : Dans un contexte inflammatoire
B : Le rôle de la famille γC dans la survie des Treg
1 : Il-2 : facteur essentiel à la survie des Treg
2 : Rôle de L’IL-, L’IL-15
C : Le rôle des DC et des pDC dans l’homéostasie des Treg
1 : les DC
2 : les pD
D : Rôle de la famille CD
1 : Le CD2
2 : La voie du CTLA-
: La voie ICOS/ICOS-L
: La voie PD-1/PDL-1
E : La superfamille des récepteurs au TNF
1: Le TNF-α et les Treg
2 : OX0
F : Une autre cytokine pro-inflammatoire : l’IL-1
G : Les signaux intracellulaires dans l’homéostasie des Treg 5
1 : La voie PIK, Akt/mTOR
2 : les miRNA et les Treg
TROISIEME PARTIE : LE DIABETE DE TYPE I
Avant-propos
I : La physiopathologie du diabète
A : Le pancréas et le DT1
1 : Le pancréas
2 : Le DT1, une maladie auto-immune
B : Un modèle murin de DT1 spontané, la souris NOD
C : Les facteurs immunologiques responsables du DT1
1 : Les facteurs génétiques du DT1
1a : Les facteurs génétiques associés aux gènes du CMH
1b : Les principaux autres loci 5
2 : Les facteurs environnementaux
2a : La théorie de l’hygiène
2b : Effet du microbiote et d’autres facteurs
2c : Le diabète a-t-il une origine virale ?
D : Les principaux acteurs cellulaires du diabète 1 : Les cellules de l’immunité innée
1a : Le rôle des macrophages
1b : Les NK
1c : Les NKT
1d : Les cellules dendritiques
1e : Les neutrophiles
2 : Les lymphocytes B, et les anticorps anti-îlots
: Les T spécifiques du pancréas
: Le rôle des Treg dans le contrôle de l’auto-immunité
II : Les thérapies du diabète de type I
A : Les thérapies antigène-spécifiques
B : Les thérapies non antigènes spécifiques
1 : Les immunosuppresseurs classiques
1a : La cyclosporine A
1b : L’ATG
1c : Considération immuno-thérapeutique, la rapamycine 0
– Caractérisation 0
Mécanisme d’action, la voie de signalisation mTOR 0
Les cibles de la Rapa 0
L’effet thérapeutique de la rapa
2 : Autres biothérapies «plus récentes »
2a : L’antiCD 2
2b : Le CTLA- Ig : abatacept et belatacept
2c : L’anti-CD20 : rituximab
2d : Le ciblage de l’IL-1
2e : Le TNF-α récepteur soluble
2f : Considération thérapeutique de l’IL-2
Caractérisation
Les récepteurs à l’IL-2
Le signal transduit par l’IL-2
L’effet thérapeutique de l’IL-2
C : Les thérapies cellulaires
1 : Les cellules souches hématopoïétiques
2 : Le transfert de cellules immunocompétentes
RESULTATS
PREMIERE PARTIE : INDUCTION DU «BOOST » DES TREG PAR LES TCONV
I : Contexte du projet I
II : Description succincte des modèles utilisés
A : Le modèle insHA
B : Les souris TCR transgéniques
III: Le «
boost »
des Treg dans l’auto-immunité
A : Description du «boost »
des Treg induit par les Tconv pathogènes dans le DT1
B : Le rôle protecteur des Tconv diabétogènes
C : Etude du mécanisme du «Tconv Treg boost »
1 : D’un point de vue cellulaire
2 : D’un point de vue moléculaire
IV : Le «boost Tconv Treg », dans un contexte de forte inflammation
A : Les Tconv activés favorisent l’expansion des Treg chez la souris BALB/C immunisée en CFA
B : L’IL-2 est indispensable au « boost Tconv Treg » chez la souris BALB/C
1 : D’un point de vue cellulaire
2 : D’un point de vue moléculaire
DEUXIEME PARTIE : L’EFFET CURATIF DE L’IL SEUL OU COMBINE AVEC LA
RAPAMYCINE CHEZ LA SOURIS NOD.
I : Contexte du projet II
A : L’IL-2 induit une rémission du diabète à long terme
B : L’effet de l’IL-2 sur la physiopathologie passe par les Treg
ARTICLE
C : L’effet d’une forte dose d’IL-2
D : L’IL-2 et la rapamycine chez la souris NOD
ARTICLE 0
DISCUSSION
PREMIERE PARTIE : ACTIVATION DES TREG PAR LES TCONV: UN NOUVEAU MECANISME
DE RETROCONTROLE, LE « BOOST TCONVTREG »
I : Implications et «
règles » du boost des Treg par les Tconv
II : L’augmentation de la proportion des Treg n’est-elle due qu’à l’effet du boost sur la
prolifération des Treg ?
A : L’amplitude du «boost » des Treg
B : La spécificité antigénique
III : Les différences de mécanisme du «boost TconvTreg » selon les contextes inflammatoires
A : Les facteurs moléculaires
1 : L’IL-2 et le «boost TconvTreg »
2 : Le TNF-α
2a : Le TNF-α et la fonction suppressive des Treg
2b : La voie de signalisation TNF-α et NF-κB
2c : Le TNF- α dans le diabète spontané de la souris NOD: OX 0
B : Les facteurs cellulaires, l’implication des pDC
C : Les mécanismes possibles du boost des Treg
DEUXIEME PARTIE : A LA RECHERCHE D’UNE THERAPIE DU DT1
I : Le choix du modèle NOD
II : Le rôle des Treg comme cible thérapeutique du diabète
III : L’effet curatif de l’IL-2 chez la souris NOD, une question de dose !
A : L’IL-2 à faible dose
B : L’IL-2 à forte dose
IV : Dans un contexte actuel, les thérapies par l’IL-2
V : Vers des thérapies combinées
A : Effet de la combinaison IL-2 rapamycine sur le système immunitaire
B : La rapamycine a un rôle néfaste directement sur les îlots
VI : Vers de nouvelles thérapies
VII : Appréciation personnelle
ANNEXES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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