La Théorie Néoclassique de Croissance

 La Théorie Néoclassique de Croissance

L’explosion démographique en Europe du Dix-huitième

Siècle a cessé, le taux de natalité a baissé, et le taux de croissance de la population est devenu modéré ; la théorie de la croissance démographique que prônait Malthus ne tenait plus. D’après les Néoclassiques, le taux de croissance de la population est, certes, affecté par des facteurs économiques, mais pas automatiquement. Deux facteurs sont supposés être les plus influents sur la croissance démographique :Tant que les salaires accordés aux femmes s’élevaient, et les possibilités de trouver un travail s’agrandissaient, le coût d’opportunité d’avoir des enfants devenait plus important, alors les familles préféraient avoir moins d’enfants ; Les progrès technologiques ont amélioré les systèmes de santé, l’espérance de vie à la naissance ne cessait de s’allonger. Ces deux forces économiques, étant opposées, s’effaçaient entre elles ; à partir de là, les Néoclassiques affirment que le taux de croissance d’une population est indépendant du taux de croissance de son économie. La Théorie Néoclassique de Croissance a été, tout d’abord, développée par Frank Ramsey dans les années 1920 ; mais c’est Robert Solow qui, en 1956, propose sa version la plus populaire. Pour ces travaux, et bien d’autres, Solow a été récompensé par le Prix Nobel de l’économie en 1987. L’aspect majeur du modèle de Solow réside dans la forme néoclassique que prend la fonction de production ; la fonction a des rendements d’échelle constants, chaque facteur à part a des rendements décroissants, une certaine élasticité de substitution entre les facteurs et une règle de taux d’épargne constant, ce qui génère un modèle à équilibre général des plus simples.

Présentation du Modèle Néoclassique

Dans son modèle, Solow a levé l’hypothèse de rigidité des techniques de production maintenue par Harrod. En plus, il assume qu’à chaque moment, les décisions d’épargne et d’investissement coïncident ; le problème de coordination est alors résolu3 . Des hypothèses plus simplificatrices peuvent être formulées4 : Le monde consiste de pays qui produisent et consomment un bien unique et homogène (la production nationale) ; Il n’y a pas de commerce international dans le modèle puisqu’il n’y a qu’un seul bien ; La technologie disponible aux entreprises dans ce monde simplifié n’est nullement affectée par les actions de ces entreprises, elle est fixée en dehors du modèle.

Caractéristiques du Modèle Néoclassique

Une fonction de production est dite néoclassique si elle satisfait les propriétés suivantes1 : * Les rendements d’échelle sont constants : pour tout La définition d’échelle inclut uniquement les facteurs rivaux, et ; * Les rendements d’échelle aux facteurs sont positifs et décroissants : pour tout et , présente une production marginale positive et décroissante par rapport à chaque facteur : , , La Théorie Néoclassique assume que, ceteris paribus, chaque unité additionnelle du capital augmente la production, mais cette augmentation diminue tant que le nombre d’unités du capital augmente ; la même propriété s’applique au travail; * Les conditions d’Inada : la production marginale du capital (ou du travail) tend vers l’infini lorsque le capital (ou le travail) s’approche du zéro, et s’approche du zéro lorsque le capital (ou le travail) tend vers l’infini : * L’Indispensabilité : un facteur de production est indispensable si son montant doit être strictement positif pour obtenir un montant positif de production: . Cette propriété implique aussi que la production tend vers l’infini si au moins l’un des facteurs tend vers l’infini lui aussi :

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La Durabilité de la Croissance Economique

Vers la fin des années 1950, juste après que Solow ait expliqué sa théorie, le Royaume Uni connaissait une croissance démographique lente (1%), un revenu par habitant respectable (£6000), un taux d’épargne acceptable (20% du revenu) et surtout de grandes avancées technologiques2 . Dans l’ensemble, l’économie Britannique jouissait de niveaux élevés en matière de croissance et de prospérité ; mais est-ce possible que cette situation se perpétue ? La Théorie Néoclassique de Croissance affirme que la prospérité durera (le taux de croissance de la population n’est pas assez haut pour affecter les salaires, comme prédit par la Théorie Classique), mais la croissance risque de s’affaiblir, sauf si la technologie ne cesse d’évoluer (à cause de la propriété des rendements décroissants au capital). Selon la Théorie Néoclassique de Croissance, tous les pays ont accès à la même technologie, et les capitaux sont en libre circulation à travers le monde ; donc les taux de croissance, ainsi que les niveaux de revenu par habitant de tous les pays sont entrain de converger. En réalité, on peut apercevoir quelques signes de convergence parmi les pays développés, mais pas dans le monde entier1 . Les Néoclassiques insistent sur le rôle des marchés libres dans l’allocation efficace des ressources ; la décision de consommer ou d’investir dépend des signaux qu’émettent ces marchés, et non pas des stratégies politiques. Toutefois, investir dans un capital dont les rendements d’échelle sont décroissants impose, tout d’abord, une comparaison entre les revenus actualisés de l’investissement et le taux d’intérêt en vigueur dans les marchés financiers2 . Supposant un taux de croissance de la population inchangé, si le stock du capital croît plus rapidement que la force ouvrière, le taux du revenu sur le capital baissera ; donc il doit croître suffisamment pour équiper les nouveaux ouvriers, mais pas plus que ça3 . En même temps, les standards de vie s’améliorent sur le court terme mais seulement jusqu’à ce que le capital par travailleur atteigne son point d’équilibre ; à partir de là, ils sont condamnés à la stagnation, de même pour le taux de croissance. Schéma 1.6 : Le progrès technologique exogène Source : Cleaver T “Economics. The Basics” Routledge, 2004, p 180. La seule solution pour que la tendance puisse se renverser est qu’un progrès technologique exogène vienne stimuler la productivité. Cet effet est présenté dans le schéma 1.6 par un déplacement qui intervient sur la courbe ; même si cette dernière garde sa  direction vers le bas, ça n’empêche que la valeur à l’état stationnaire du capital par travailleur augmente pour atteindre . La littérature récente sur le progrès technologique a été majoritairement basée sur l’hypothèse que l’effet de ce progrès s’illustre par un déplacement de la courbe de production, comme le schéma 1.7/A le montre. La technologie est alors censée augmenter la productivité de toutes les techniques concernées par un certain bien ; mais là on néglige un point important, si une technologie apporte un perfectionnement à une certaine technique, il y a toujours une possibilité que cette dernière sois la seule à être affectée, ou au moins beaucoup plus que les autres1 . Dans ce cas là, la courbe de production est déformée dans un point particulier, et non pas totalement déplacée. Cet effet est représenté dans le schéma 1.7/B.

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