La théorie de l’autodétermination fut développée par Deci et Ryan (1985) dans les années 80 et repose sur une conceptualisation de la motivation reliée au domaine de la psychologie. Elle suggère que trois besoins psychologiques sont innés et fondamentaux chez un individu : les besoins de compétence, d’autonomie et d’appartenance. Un individu qui agit avec autodétermination adopte des comportements lui permettant de combler ces trois besoins. Tel que défini par l’Office québécois de la langue française, « tout comportement se compose d’un ensemble de manifestations cognitives, affectives et motrices, observables de façon externe, mises en œuvre par l’individu en relation avec son environnement » (2001, en ligne).
Le besoin de compétence se rapporte au fait qu’une personne sent qu’elle a du pouvoir sur ses comportements puisqu’elle en remarque les conséquences sur son environnement. Ce besoin est comblé lorsqu’elle a l’occasion de mettre en œuvre ses capacités. Le besoin d’autonomie représente les choix personnels qui lui permettent d’agir sur ses actions, selon ses désirs. Ce besoin est celui qui influence majoritairement ses comportements. Finalement, le besoin d’appartenance se conjugue au fait qu’un individu développe des relations satisfaisantes avec des personnes qu’il caractérise comme étant significatives. Le bien-être d’une personne et sa motivation sont influencés par la satisfaction de ces trois besoins.
La théorie de Deci et Ryan (1985) demeure une opérationnalisation du besoin d’autonomie ayant mené à un processus motivationnel. En effet, selon eux, tout être humain est initialement motivé intrinsèquement et désire, entre autres, santé, bien être et succès. Des facteurs sociaux et environnementaux influencent toutefois cette motivation intrinsèque initiale. Cette théorie ne met toutefois pas en lumière l’influence que peuvent avoir les facteurs biologiques (ex. : dysphasie) d’une personne sur sa motivation. Spécifiquement, selon ce modèle, cinq formes de motivation appuient les comportements d’un individu et sont basées sur ses raisons d’atteindre un but. Elles varient selon le niveau d’autonomie d’une personne et s’ordonnent « selon l’ordre décroissant d’autodétermination suivant : motivation intrinsèque, motivation extrinsèque par régulation identifiée, motivation extrinsèque introjectée, motivation extrinsèque par régulation externe et l’amotivation » (Deci et Ryan, 1985 cité par Blanchard et al., 2004, p. 108).
La première forme de motivation est celle intrinsèque. Elle représente le fait qu’un individu réalise une activité de manière autonome par plaisir ou par satisfaction puisqu’elle l’intéresse. Pour Ryan et Deci (2000), cette forme de motivation augmente significativement la qualité des expériences et des performances d’une personne et elle présente le plus haut niveau d’autodétermination et d’autonomie. Vallerand, Blais, Brière et Pelletier (1989) présentent une taxonomie tripartite de cette forme de motivation. Selon eux, la motivation intrinsèque peut être reliée à la connaissance, à l’accomplissement ou aux sensations. En réalisant une activité, une personne peut être motivée intrinsèquement à acquérir une connaissance si elle en retire du plaisir. Elle est motivée à l’accomplissement si elle perçoit qu’elle relève un défi, crée ou innove et elle est motivée aux sensations si elle apprécie les émotions ressenties au cours de son implication dans cette activité (ex. : amusement, plaisir sensoriel, etc.).
La motivation extrinsèque, quant à elle, est associée au fait qu’une personne réalise une tâche pour d’autres raisons que la réalisation de la tâche elle-même, pour des raisons instrumentales. Autrement dit, un individu qui réalise une tâche « pour en retirer quelque chose de plaisant ou [pour] éviter quelque chose de déplaisant une fois l’activité terminée » est motivé de manière extrinsèque (Vallerand et al., 1989, p. 326). Il existe quatre formes de motivation extrinsèque (régulation intégrée, régulation identifiée, régulation introjectée et régulation externe), mais seulement trois d’entre elles se rapportent au contexte scolaire. En effet, la motivation extrinsèque par régulation intégrée est rarement considérée dans les recherches en éducation puisqu’elle demande un développement psychologique trop avancé pour les jeunes. Ce type de motivation extrinsèque ne sera donc pas pris en compte dans ce cadre théorique.
Les trois formes de motivation extrinsèque présentent un niveau décroissant d’autodétermination selon l’ordre suivant : la motivation extrinsèque par régulation identifiée, introjectée et externe. En d’autres termes, plus l’individu assimile et intègre ses sources de contrôle extérieures, plus il est motivé de manière autodéterminée et autonome à réaliser une activité.
La première forme de motivation extrinsèque est celle par régulation identifiée et renvoie à l’idée qu’un individu réalise une activité à la lumière de l’importance qu’il lui accorde. Un élève qui est motivé par l’école parce qu’il considère important d’obtenir ultérieurement un diplôme présente cette forme de motivation extrinsèque (Vallerand et al., 1997). Dans cet exemple, c’est principalement la notion de plaisir dans la réalisation des tâches qui différencie ce type de motivation extrinsèque de la motivation intrinsèque. L’élève comprend l’importance des tâches et les réalise de manière autonome, sans avoir de plaisir intrinsèque à les faire.
La motivation par régulation introjectée concerne quant à elle « l’intériorisation partielle des pressions externes provenant de l’environnement » (Deci et Ryan, 1985 cité par Blanchard et al., 2004). Ainsi, un élève qui décide de faire ses devoirs uniquement parce qu’il se sent coupable s’il ne les fait pas s’engage dans cette activité compte tenu d’une pression interne qui le pousse à les faire (Vallerand et al., 1997). Il intériorise peu à peu ce sentiment de culpabilité, découlant peut-être des exigences de ses parents ou de son enseignant, qui le motive à les compléter.
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