LA SYNCHRONISATION DES CHALEURS SUR
LA FERTILITE DES VACHES DE RACE NDAMA
ACQUISITION ET ADAPTATION DES ANIMAUX
Au total, 36 femelles Ndama dont 29 du département de Vélingara et 7 du département de Tambacounda ont été acquises et transportées par camion à la station expérimentale de l’EISMV. Pendant l’acquisition, les vaches ont été sélectionnées et retenues en fonction de leur âge déterminé sur la base de leur dentition et du nombre de sillons des cornes comme décrit par MEYER (2013), de leur note d’état corporel (à l’échelle de 5) proposée par l’ITEB selon BAZIN (1984) cité par FROMENT (2007), de leur état de santé et de leur état physiologique (notamment animal non gestant). Les animaux ont subi à cet effet un diagnostic de non gestation par fouille par palpation transrectale, avant d’être identifiés par des numéros de boucles d’oreille. A la réception, les animaux ont été stabulés et nourris à volonté avec de la paille de riz et du concentré à base de son de riz et de tourteau d’arachide surtout durant la période – juin à juillet 2012- précédant l’hivernage. Pendant la période hivernale, les animaux sont nourris uniquement au fourrage de parcours naturels. Ils ont été conduits tous les matins au pâturage sous le contrôle d’un berger qui les ramène le soir à l’étable (Figure 4). L’abreuvement des animaux est fait à l’eau de robinet et a été ad libitum durant toute la durée de l’expérimentation. A l’étable, des compléments minéralo-vitaminés leur sont apportés sous forme de bloc de pierres à lécher accrochées aux barrières (Figure 4). Au plan sanitaire, les animaux ont été déparasités avec de l’ivermectine (IVOMEC DND) et ont subi un traitement préventif contre la trypanosomose avec de l’Isometamidium (VERIDIUMND). Ils ont été ensuite vaccinés contre le charbon bactéridien avec du CARBOVINND, contre la pasteurellose bovine avec du PASTEURELLOXND et contre le botulisme avec de l’ANABOTND. Cette prophylaxie a été accompagnée d’un apport en vitamines et oligo-éléments avec du FREDOPND. Les animaux ont été régulièrement bien suivis et des déparasitages externes en « pour on » leur ont été faits au début et à la fin de l’hivernage avec du DUPAXONND Figure 4 : Troupeau de vaches Ndama au pâturage (à gauche) et bloc de pierre à lécher accroché à la barre de l’étable (à droite)
METHODOLOGIE
Constitution des lots expérimentaux Après une longue période d’adaptation (juin à septembre 2012), les 36 femelles ont subi au courant du mois d’octobre 2012 un deuxième diagnostic de gestation par palpation transrectale. Cet examen a permis d’écarter 02 vaches confirmées gestantes. Les 34 restantes et non gravides ont été pesées à l’aide d’une balance électronique et leur état d’engraissement apprécié par l’attribution d’une note d’état corporel (NEC) à l’échelle de 1 à 5. Seules les vaches ne présentant aucun signe de maladie et ayant une NEC satisfaisante ont été retenues et réparties en 3 lots d’une dizaine de vaches et de poids vifs moyens sensiblement identiques. Ces trois lots correspondent chacun à trois doses de PMSG à savoir : Lot 500 UI PMSG: (n=11 animaux) où les vaches sont synchronisées selon la technique standard en cours dans les programmes d’insémination artificielle, soit 500 UI de PMSG; Lot 400 UI PMSG: (n=10 animaux) où les vaches sont synchronisées selon la même technique mais en réduisant la dose de PMSG à 400 UI; Lot 300 UI PMSG: (n=11 animaux) où les vaches sont synchronisées selon la même technique mais avec une dose de 300 UI de PMSG.
Synchronisation des chaleurs chez les vaches sélectionnées
Le protocole d’induction de l’œstrus et d’ovulation a été réalisé comme suit : au jour 1 nous avons posé les spirales PRIDND contenant 1,55 mg de progestérone à l’aide d’un applicateur PRIDND . Au jour 8, l’injection (en IM) de 5 ml d’ENZAPROST® (Dinoprost 5 mg/ml), un analogue de PGF2α a été faite. Au jour 9, la spirale a été retirée suivi d’une injection (en IM) de SYNCRO-PARTND (solution injectable contenant de PMSG) aux doses de 500 UI, 400 UI et 300 UI respectivement pour les lots 500 UI, 400 UI et 300 UI de PMSG. L’appréciation de la réponse au traitement de synchronisation, notamment la surveillance des signes et comportements de chaleurs (congestion vulvaire, écoulement de glaire cervicale, déviation de la queue, acceptation du chevauchement) a été mise en place dès le lendemain du retrait de la spirale par une observation visuelle discontinue des animaux à l’étable.
Examens échographiques
Les examens échographiques ont été réalisés à l’aide d’un échographe (Digital Medical Ultrasound Machine) Dp-2200 vet muni d’une sonde linéaire à fréquence réglable de 5 à 10 MHz. Ils ont été réalisés dans un local muni d’une prise électrique et un peu sombre prévu à cet effet pour éviter une luminosité ambiante excessive susceptible de gêner la bonne visualisation de l’image apparaissant à l’écran. Les vaches ont été examinées une à une dans une cage de contention munie d’un système anti-recul. Elles ont été attachées par les cornes en avant pour éviter les mouvements pouvant gêner le manipulateur et la 13 sécurité de l’échographe maintenu en position fixe à l’extérieur de la cage de contention (Figure 5). Les examens échographiques ont porté sur la mesure de l’épaisseur du gras sous-cutané (pour mieux apprécier l’état d’engraissement réel des animaux synchronisés) et sur le suivi de la dynamique folliculaire des ovaires et le diagnostic de gestation. Figure 5 : Vache Ndama en cage de contention (à gauche) et l’échographe relié à sa sonde (à droite) pour examen échographique
Mesure de l’épaisseur du gras sous-cutanée par échographie
Elle a été réalisée au jour 9, c’est-à-dire juste avant le retrait de la spirale PRIDND. Afin que les mesures puissent se faire au même endroit pour tous les animaux, le lieu d’élection retenu a été délimité sur le côté gauche, notamment au centre de l’hypoténuse du triangle formé par le sacrum, l’aile de l’ilium et l’ischion (Figure 6). La sonde linéaire reliée à l’échographe réglée à une fréquence de 7,5 MHz est alors plaquée au niveau de la croupe contre la peau préalablement tondue et lubrifiée parallèlement à l’hypoténuse imaginaire formée par ischion et ilium. Pour chacune des vaches, une fois que l’image visualisée sur l’écran est jugée satisfaisante, elle est figée pour permettre la réalisation des mesures par l’examinateur puis enregistrée (Figure 6). Figure 6 : Lieu d’élection (à gauche) et image échographique (à droite) de la mesure de l’épaisseur du gras sous-cutané chez les vaches
Suivi de la dynamique folliculaire des ovaires par échographie
Les observations échographiques des ovaires pour le suivi de la dynamique folliculaire ont été réalisées à J 9, jour du retrait de la spirale respectivement à 0 heure (juste au retait), à 32 heures et à 48 heures après le retrait de la spirale. Après avoir contentionné l’animal, l’opérateur se recouvre la main et le bras d’un gant de fouille protecteur qui a été lubrifié au moyen de gel. Il vide d’abord le rectum des fèces qu’il contient et susceptibles de réduire le contact et la netteté de la qualité de l’image échographique. Le tractus génital Couche de la peau Gras sous-cutané Tissus musculaire 14 (col, corps, cornes utérines puis ovaires) et la vessie sont palpés et soigneusement repérés. Cet examen préliminaire permet en effet, d’estimer les différents rapports existants entre ces organes, de repérer leur position dans la filière pelvienne et de noter d’éventuelles modifications anatomiques liées à un processus physiologique ou pathologique. La sonde de l’échographe réglée à une fréquence de 7,5 MHZ comme conseillé par CALAIS et DRENO (2004) et préalablement enduite de gel de contact est ensuite introduite dans le rectum de la vache. Elle est maintenue au moyen du pouce, de l’index et du majeur tandis que la manipulation de l’ovaire et son maintien contre la sonde ont été assurés par l’annulaire et le petit doigt. La sonde est maintenue en contact étroit avec les parois du rectum afin de réduire la distance entre elle et l’ovaire et de diminuer l’atténuation du faisceau sonore. Pour chaque ovaire examiné une ou plusieurs rotations de la sonde de long en large ont été nécessaires pour que toute la surface de l’ovaire soit observée (Figure 7). Les échogrammes les plus représentatifs ont été gelés pour effectuer les décomptes, les mensurations nécessaires et les enregistrements à l’ordinateur. Tous les follicules ont été comptés parmi lesquels les plus gros ont été mesurés. En effet, les follicules ont été repartis en 2 groupes en fonction de leur diamètre : les follicules de diamètre inférieur à 5 mm (petits follicules) et ceux ayant au moins 5 mm de diamètre (gros follicules). Le diamètre ou la taille du follicule a été déterminé en positionnant les repères échographiques de mesure sur la paroi interne du follicule. Il s’agissait en réalité d’une mesure de la cavité folliculaire et non du follicule lui-même. Figure 7 : Introduction de la sonde dans le rectum (à gauche) et visualisation de l’image à l’écran (à droite) lors de l’examen échographique chez la Ndama
Insémination artificielle des vaches Ndama synchronisées Elles ont été inséminées suivant la méthode recto-vaginale utilisant le pistolet d’insémination de type CASSOU. Les semences de taureau de race Holstein nommé Amity Free, conditionnées en paillettes congelée sont préalablement décongelées en plongeant les paillettes dans l’eau à température comprise entre 35 et 37°C pendant 15 à 30 secondes (Figure 8). Les paillettes ont été tour à tour montées chacune dans le pistolet de CASSOU après avoir coupé le bout thermo-soudé. La semence est alors déposée dans le col de l’utérus en faisant passer le pistolet par le vagin (Figure 9). 15 Figure 8 : Thermos de décongélation de la semence Figure 9 : Acte d’IA (dépôt de la semence) chez la vache
Diagnostic de gestation des vaches inséminées
Il a été fait chez les vaches au courant du mois de janvier 2013, soit environ 3 mois après l’insémination artificielle avec pour but de pouvoir apprécier l’impact des doses de PMSG sur le taux de fertilité. Il a été réalisé par fouille par une palpation transrectale du tractus génital femelle, puis complété dans le même local par un examen échographique en transrectale à l’aide d’un échographe muni d’une sonde linéaire de fréquence réglée à 7,5 MHz.
Collecte des données
La collecte des données a été faite à l’aide d’une fiche élaborée à cet effet et permettant d’enregistrer toutes les données et informations nécessaires lors de l’expérimentation à savoir les informations propres: aux vaches : lot d’expérimentation, numéro d’identification, âge, poids vif, note d’état corporel (NEC) et épaisseur du gras sous-cutané ; au protocole de synchronisation et d’insémination : dates et heures de pose de la spirale, d’injection de la PGF2α, de retrait de la spirale, d’injection des doses de PMSG et de l’IA ; au suivi de la dynamique folliculaire sur les ovaires par échographie : moment de l’échographie, nombre, taille et localisation des follicules, résultats de diagnostic de gestation.
Traitement et analyses statistiques des données Des informations ainsi collectées, sont saisies, enregistrées et traitées avec le tableur du logiciel Excel et les différents paramètres tels que le taux d’animaux venus en chaleurs, le taux de vaches ayant présenté 0, 1 et plus 2 follicules dominants, le taux de fertilité par lot, ont été calculés. Elles ont ensuite été exportées vers le logiciel Statistical Package for Social Science (SPSS) où elles ont fait l’objet d’une analyse de variance (ANOVA) au risque d’erreur de 5% (p<0,05) complétée par le test de Duncan lorsqu’il existe de différence significative entre les paramètres étudiés pour les différents traitements.
PREMIERE PARTIE : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE |