La structure et la propagation des premières universités européennes
On doit la prolifération de l’université européenne en partie aux groupes qui décidèrent de se séparer des universités originales pour promouvoir leurs propres idéaux ; l’université de Paris encouragea de nombreuses universités en Europe du Nord, tandis que l’université de Bologne influença le Sud. Quelques leaders créèrent des universités dans le but de les utiliser pour 85 augmenter leur popularité et leur pouvoir politique. Par exemple, Frédéric II, empereur du Saint Empire romain fonda l’université de Naples en 1224 pour former les avocats et les fonctionnaires capables de rivaliser avec l’influence de l’université de Bologne, qui servait la Ligue lombarde hostile. Dans ces premiers cours, un maître lisait des textes et les commentait. Les étudiants apprenaient aussi en enseignant d’autres étudiants.
Les maîtres proposaient également des questions contestées à leurs classes pour en discuter. Avec le XVIIIe siècle, les professeurs devinrent moins centrés sur le fait de simplement former des enseignants universitaires et plus axés sur « la formation des esprits de l’élite » d’une société plus large. a) Les influences philosophiques et externes sur les universités Alors que les idées humanistes de la Renaissance des XIVe et XVIe siècles furent lentes à être comprises, elles se propagèrent de la France à l’Allemagne, et à l’Angleterre au cours de la Réforme du XVIe siècle. Influencé par la pensée humaniste de plus en plus populaire, l’enseignement universitaire commença à inclure la préparation des étudiants à la vie de civilité, 86 civilisation et culture, tout en répondant aux préoccupations sociales.
Le trivium et le quadrivium occupaient une place importante au sein du programme d’enseignement de l’université médiévale. Il s’agissait de deux classifications des arts libéraux destinées à préparer les étudiants à un apprentissage professionnel, généralement en théologie, droit, ou médecine. Le trivium comprenait les trois disciplines verbales : la grammaire, la rhétorique et la dialectique, tandis que le quadrivium comprenait les quatre disciplines mathématiques : arithmétique, géométrie, astronomie et musique. La découverte du Nouveau Monde en 1492 incita à l’inclusion de nouvelles disciplines aux programmes de l’université européenne, telles que les droits de l’homme et le droit international, qui devinrent pertinentes à l’heure actuelle (Rüegg v.2, 22). Les territoires espagnols récemment conquis soulevèrent des questions concernant les droits des aborigènes et suscitèrent une discussion axée sur la Bible, les théories médiévales de la loi naturelle et les idées humanistes de la tolérance. Rüegg relie l’idée du « Nouveau » Monde à l’idée de « nouveau » savoir, par opposition aux vieux travaux des anciens. Au milieu du XVIe siècle, les journaux scientifiques et savants devinrent une façon populaire de « diffuser les innovations parmi les intellectuels » ; les universités publiaient leurs propres journaux de recherche vers le XVIIIe siècle.
Les modèles de l’université européennes des XIXe et XXe siècles
À l’aube du XIXe siècle, l’objectif des universités n’était plus d’enseigner « la régurgitation du savoir », mais plutôt d’« encourager la réflexion productive ». Deux principaux modèles d’université, l’université allemande et l’université française, surgirent et engendrèrent d’autres modèles, tels que le britannique et le russe. Le modèle allemand, conçu par Wilhelm von Humboldt, était également connu sous le nom de modèle humboldtien.
En 1810, Humboldt convint le roi de Prusse à construire une université à Berlin, fondée sur les idées libérales de Friedrich Schleiermacher ; elle avait pour but de démontrer 88 le processus de découverte de la connaissance et d’enseigner les étudiants à « tenir compte des lois fondamentales de la science dans toute leur réflexion ». Ainsi, les séminaires et laboratoires commencèrent à faire partie de la didatique universitaire qui s’eloignait par là de la dénominée «école de la glose» ou de l’explication du texte, ou les etudiants étaient plutot invités à memoriser qu’a penser créativement. Au même temps, l’université humboldtienne ouvrirà ses portes aux sciences sociales, notamment a l’anthropologie et à la sociologie, ce qui permettra une réflexion nouvelle sur l’homme et ses circonstances, comme disait Ortega y Gasset. Voilà une nouvelle et importante fonction politique et sociale pour l’université – sa fonction culturelle.