LA SOCIALISATION
C’est l’ensemble des mécanismes par lesquels les individus font l’apprentissage des rapports sociaux entre les hommes et assimilent les normes, les valeurs et les croyances d’une société ou d’une collectivité ». On distingue la socialisation primaire, ou socialisation de l’enfant, et les socialisations secondaires d’apprentissage et d’adaptation des individus tout au longs de leur vie. « Pour être réellement socialisé, l’individu doit comprendre implicitement ou explicitement les règles de comportement social qui fonctionnent dans toutes les situations. La socialisation recouvre aussi la compréhension des concepts de la morale sociale ».
Socialisation de l’action
Le résultat le plus clair de l’apparition du langage est de permettre un échange et une communication continue entre les individus. Sans doute ces rapports interindividuels sont en germe dès la seconde moitié de la première année grâce à l’imitation, dont les progrès sont en connexion étroite avec le développement sensoriel moteur. Il est intéressant, cependant, de relever intégralement, sur les enfants de deux à sept ans, tout ce qu’ils disent et font quelques heures durant, à intervalles réguliers, et d’analyser ces échantillons de langage spontané ou provoqué, du point de vue des rapports sociaux fondamentaux. Trois grandes catégories de faits peuvent ainsi être mises en évidence.
Les faits de subordination
Les faits de subordination et les rapports de contrainte spirituelle exercée par l’adulte sur l’enfant et avec le langage, l’enfant découvre les richesses insoupçonnées du monde d’une réalité supérieure à lui : ses parents et les adultes qui l’entourent lui apparaissaient déjà comme des êtres grands et forts, sources d’activités imprévues et souvent mystérieuse, mais maintenant ces même êtres révèlent leurs pensées et leurs volontés et cet univers nouveau commence par s’imposer avec un rayonnement incomparable de séduction et de prestige. Un « moi idéal » comme l’a dit Baldwin19 , se propose ainsi un moi de l’enfant et les exemples venus d’en haut sont autant de modèles qu’il s’agit de chercher à copier où à égaler.
Les faits d’échange
Avec l’adulte lui même ou avec les autres enfants, les faits d’échanges et ces intercommunications jouent également un rôle décisif dans les progrès de l’action. Dans la mesure où ils conduisent à formuler l’action propre et à faire le récit des actions passées, ils transforment les conduits matériels en pensées. Comme l’a dit Janet20, la mémoire est liée au récit, la réflexion à la discussion, la croyance à l’engagement ou à la promesse et la pensée tout entière au langage extérieur ou intérieur. Seulement, et c’est là que se marquent les décalages dont nous parlions plus haut, l’enfant sait-il d’emblée communiquer entièrement sa pensée et entrer de plain-pied dans le point de vue des autres, ou bien un apprentissage de la socialisation est-il nécessaire pour parvenir à la coopération réelle ? C’est sur ce point que l’analyse des fonctions du langage spontané est instructive.
Il est, en effet, facile de constater combien les conversations entre enfants demeurent rudimentaires et liées à l’action matérielle elle-même. Jusque vers sept ans les enfants ne savent guère discuter entre eux et se bornent à heurter leurs affirmations contraires. Lorsqu’ils cherchent à se fournir des explications les uns aux autres ils parviennent avec peine à se placer au point de vue de celui qui ignore ce dont il s’agit, et parlent comme pour eux même. Et surtout, il leur arrive en travaillant dans une même chambre ou à une même table, de parler chacun pour soi tout en croyant s’écouter et se comprendre les uns les autres, cette sorte de « monologue collectifs consistant à s’exciter mutuellement à l’action plus qu’à échanger des pensées réelles ».
Les faits des Monologues intérieures
Le petit enfant ne parle pas seulement aux autres, il se parle à lui-même sans cesse en monologues variés qui accompagne ses yeux et son action. Comparables à ce que sera plus tard le langage intérieur continue de l’adulte ou de l’adolescent, ces soliloques en diffèrent néanmoins par le fait qu’ils sont prononcés à voix haute et par leur caractère d’adjuvants de l’action immédiate. Ces monologues vrais, ainsi que les monologues collectifs, constituent plus du tiers du langage spontané entre enfants vers trois et quatre ans encore, diminuent régulièrement jusque vers sept ans. Bref, l’examen du langage spontané entre enfants comme celui du comportement des petits dans les jeux collectifs, montre que les premières conduites sociales demeurent sortie de son point de vue propre pour le coordonner avec celui des autres, l’individu demeure encore inconsciemment centré sur lui-même (égocentrisme).
Section III : L’évolution de la socialisation Lorsque l’on visite des classes d’écoliers en une école « active » où liberté est laissée aux enfants de travailler par groupes autant qu’isolement et de parler en travaillant ou n’y peut être frappé de la différence entre les milieux scolaires supérieurs et les classes inférieurs. Ces enfants sont tellement solidaires qu’ils sont au premier abord difficile de dire si c’est parce que l’enfant est devenu capable d’une certaine réflexion qu’il arrive à coordonner ses actions avec celles des autres, ou si c’est parce qu’il y a progrès de la socialisation que la pensée en est renforcée par intériorisation. Pour pouvoir expliquer cette évolution d’une manière brève, nous allons dire que cela est dû, à l’abandon de l’égocentrisme.
III.1. L’abandon de l’égocentrisme On entend par égocentrisme, la tendance à faire de roi le centre de l’univers. Pour dépasser ce stade, l’enfant, du point de vue des rapports interindividuels, devient, en effet capable de coopération, parce qu’il ne confond plus (après sept ans) au point de vue propre et celui des autres, mais qu’il les dissocie pour les coordonner. La chose est visible dès le langage entre enfants. Les discussions deviennent possibles avec ce quelles comportent de compréhension à l’égard des points de vue de l’adversaire, et de recherche des justifications ou des preuves à l’égard de l’affirmation propre. Les explications d’enfants à l’enfant se développent sur le plan de la pensée elle même et pas seulement de l’action matérielle.
Le langage « égocentrique » 26 disparaît presque entièrement et les propos spontanés de l’enfant témoignent par leur structure grammaticale elle-même du besoin de connexion entre les idées et la justification logique. Quant au comportement collectif des enfants, on constate après sept ans, un changement notable dans les attitudes sociales lors des jeux réglés par exemple. Conclusion partielle A part la famille qui tient une place essentielle dans la socialisation de l’enfant, les milieux sociaux jouent aussi son rôle prépondérant. Ils influencent l’enfant à adapter son comportement à celui du groupe fréquenté. Partageant les mêmes expériences avec les membres du groupe, l’enfant devient ainsi un être de coopération. Dans le but de renforcer la socialisation de tous les enfants de la planète terre, il a fallu placer les enfants à problème dans des centres de rééducation. Cependant, il ne suffit pas de les y placer seulement, mais également de suivre de près les activités mises en place à leurs profits. Ce qui nous pousse à parler dans la partie suivante de l’étude évaluative du centre, de la connaissance des enfants et de l’analyse de la situation des enfants.