La séparation géographique des générations
Le logement : principal facteur de l’éloignement des jeunes ménages
La politique de logements va permettre de faire revenir un certain nombre de jeunes et d’enfants dans l’espace de vie de la commune. C’est un point très positif car en trouvant le moyen de loger les jeunes couples, le vieillissement de la population sera contrecarré. Cependant, un tout autre problème se pose. En effet, on retrouve les jeunes familles dans les nouveaux quartiers et dans les hameaux, cités auparavant, mais pas dans le centre ville (CF carte p29). En effet, les jeunes actifs ne peuvent pas accéder, faute de moyens financiers, à la propriété en espaces centres et s’éloignent donc en périphérie. A titre d’exemple, à Pornichet, le prix du m² pour une maison en centre-ville s’élève à environ 6 000 €, contre environ 2 000 € le m² dans le quartier du Moulin d’Argent. Illustration 20 : Exemple de maison individuelle dans le quartier du Moulin d’Argent Source : Péneau Marine Si les jeunes ménages ne peuvent pas se loger dans le centre ville, ce n’est pas le cas pour des « seniors mobiles » : « jeunes retraités pratiquant la mobilité résidentielle, qui peut se traduire à terme par une installation définitive dans une station balnéaire lors de la retraite, soit s’inscrire dans une pratique plus libre : la double résidence. » 3 Effectivement, ils sont de plus en plus habitués à la mobilité, ont vu leur espérance de vie augmenter grâce à de nombreux progrès sanitaires et sociaux mais surtout ont des capacités financières plus élevées par rapport aux générations précédentes ce qui leur permet de priser le centre ville. 3 Selon Didier Bésingrand et Jean Soumagne dans « les séniors mobiles dans les petites villes atlantiques » A Pornichet, les retraités représentent 41% du total des ménages en 2008. A leur arrivée dans la commune, ils occupent essentiellement des résidences secondaires, qui, à elles seules, représentent plus de la moitié des résidences totales de la commune. En effet, souvent situées en centre ville et sur la bordure littorale, étant le reflet des anciennes villas balnéaires qui composaient la station, elles sont monopolisées par les seniors qui, grâce à leurs ressources financières et leurs revenus, peuvent se permettre d’en acheter une. Par la suite, celles-ci deviendront des résidences principales, quand viendra l’heure de la retraite. On assiste donc à un fort taux de propriétaires dans la commune, soit 70%. L’ancienneté d’emménagement des propriétaires est de 16 ans en moyenne. On le comprend facilement du fait que les personnes âgées, n’étant pas sujets aux transformations de leur structure familiale, gardent leurs biens immobiliers, situés donc en centre ville.
La localisation des structures et des activités renforce cette séparation
Comme nous l’avons exposé, l’offre en équipements, activités et loisirs est abondante certes, mais elle aussi, est localisée de telle façon que les générations ne se rencontrent pas au quotidien. Tous les jours, les familles emmènent et récupèrent leurs enfants à l’école, c’est souvent un moment d’échange avec les autres familles. Le problème est que les nouvelles infrastructures scolaires ont été construites à proximité du domicile des jeunes ménages, c’est-à-dire retirées en périphérie. Les crèches et les accueils périscolaires ont également suivis le mouvement. Cela peut être un avantage, pour les familles qui, certes, économisent en trajet domicile – école, mais cela peut avoir comme finalité d’enclaver ces jeunes familles dans un environnement quotidien, sans les inciter à aller à la rencontre des seniors dans le centre ville. Les seules écoles que l’on peut trouver dans le centre ville sont les écoles privées, beaucoup plus anciennes mais tous n’inscrivent pas ses enfants à l’école privée. Dans la plupart des cas, l’enfant restera donc dans son quartier résidentiel même en temps scolaire, perdant ainsi l’habitude de se mêler au reste de la population en centre ville par exemple. Il en est de même pour la majeure partie des infrastructures de loisirs. Les trois centres d’accueil, précédemment cités que sont le CLSH, le Club Junior et le Point Jeunes, se trouvent assez loin du centre ville et s’en éloignent au fil du temps. En effet, depuis peu, le CLSH et le Club Junior, ont déménagé et sont aujourd’hui dans un quartier éloigné du centre. Les familles habitant dans ces quartiers déposent leurs enfants au centre de loisirs, de la même façon qu’ils les déposent à l’école toute la semaine, sans, une fois de plus, côtoyer de nouvelles personnes ou d’autres générations. Rappelons le, les plus de 60 ans, à Pornichet, se concentrent dans le centre de la ville. Les infrastructures sportives et les aires de jeux, sont quotidiennement utilisées par les enfants. Lorsqu’ils sont au centre de loisirs, ils se déplacent également dans ces infrastructures pour se divertir. Ce sont des moments privilégiés pour les rencontres et les échanges avec les autres générations côtoyant ces lieux. Cependant, ces infrastructures se trouvent à proximité des quartiers d’habitation des jeunes ménages. Les enfants accompagnés de leurs parents, n’ont donc pas besoin de se rendre en centre ville pour trouver les équipements sportifs et les aires de jeux qu’ils souhaitent. Là encore, le centre ville est déserté par cette jeune génération qui ne prend pas l’habitude, dès le plus jeune âge de côtoyer des générations autre que la sienne. Enfin, les équipements culturels, qui sont eux, à l’entrée du centre ville, ne sont pas pour autant le théâtre de multiples interactions entre générations. En effet, que ce soit à la médiathèque, où les enfants peuvent assister à des lectures de contes ou à quai des arts pour des spectacles pour enfants, ils restent souvent entre eux de part les animations qui leurs sont proposées. La nouvelle ludothèque, qui aurait pu voir le jour dans le centre ville pour faciliter les rencontres entre les générations, vient d’ouvrir dans des locaux situés en périphérie de celui-ci.