La schizophrénie et L’anxiété psychotique

La schizophrénie 

La première description de la schizophrénie comme entité pathologique est due à Kreaplin vers 1890. Le terme utilisé n’était pas la schizophrénie mais “dementia praecox” qui signifie démence précoce. Plus tard, autour de 1908, c’est le psychiatre suisse Eugen Bleuler qui inventa le terme de schizophrénie (Townsend, 2010, p. 380). Ce mot a été formé des racines grecques, « schizo » (diviser) et « phrên » (esprit) (Townsend, 2010, p. 380). En effet, la schizophrénie se caractérise par des troubles de la pensée, par des troubles affectifs et comportementaux (Sue Cook, 1991).

Les symptômes de la schizophrénie peuvent être classés en deux catégories, les symptômes positifs et négatifs. Les symptômes positifs sont de l’ordre des hallucinations, des idées délirantes, du discours et du comportement désorganisé alors que les symptômes négatifs se caractérisent par une indifférence affective, une avolition, une anhédonie, une alogie et un isolement social (Townsend, 2010, p. 395). La schizophrénie est diagnostiquée suivant des critères définis par le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de la cinquième édition (DSM-V) ou selon la classification internationale des maladies (CIM-10).

Le DMS-V (2015) décrit plusieurs critères diagnostics pour la schizophrénie, qui sont:
A. Deux (ou plus) des symptômes suivants ont été présents une partie significative du temps pendant une période d’un mois (ou moins si traités avec succès). Au moins l’un d’entre eux doit être (1), (2) ou (3) :
1. Idées délirantes.
2. Hallucinations.
3. Un discours désorganisé (p.ex. Incohérences ou déraillements fréquents).
4. Un comportement excessivement désorganisé ou catatonique.
5. Symptômes négatifs (aboulie ou diminution de l’expression émotionnelle).
B. Durant une proportion significative du temps depuis le début du trouble, le niveau de fonctionnement dans un domaine majeur tel que le travail, les relations interpersonnelles ou l’hygiène personnelle est passé d’une façon marquée en dessous du niveau atteint avant le début du trouble (ou, quand le trouble apparaît pendant l’enfance ou l’adolescence, le niveau prévisible de fonctionnement interpersonnel, scolaire ou professionnel n’a pas été atteint).
C. Des signes continus du trouble persistent depuis au moins six mois. Pendant cette période de six mois les symptômes répondant au critère A (c.-à-d. Les symptômes de la phase active) doivent avoir été présents pendant au moins un mois (ou moins en cas de traitement efficace); dans le même laps de temps des symptômes prodromiques ou résiduels, les signes du trouble ne peuvent se manifester que par des symptômes négatifs ou par deux ou plus des symptômes listés dans le critère A présents sous une forme atténuée (p.ex. croyances étranges ou expériences de perceptions inhabituelles).
D. Le trouble schizoaffectif ou dépressif ou un trouble bipolaire avec manifestations psychotiques ont été exclus parce que 1) soit il n’y a pas eu d’épisode maniaque ou dépressif caractérisé concurremment avec la phase active des symptômes, 2) soit, si des épisodes de trouble de l’humeur ont été présents pendant la phase active des symptômes, ils étaient présents seulement pendant une courte période de temps sur la durée totale des phases actives et résiduelles de la maladie. La perturbation n’est pas imputable aux effets physiologiques d’une substance (par exemple, une drogue d’abus, un médicament) ou à une autre condition médicale.
E. Le trouble n’est pas imputable aux effets physiologiques d’une substance (p.ex. une drogue donnant lieu à abus ou un médicament) ou à une autre pathologie médicale.
F. S’il existe des antécédents de trouble du spectre de l’autisme ou de trouble de la communication débutant dans l’enfance, le diagnostic surajouté de schizophrénie est posé seulement si des symptômes hallucinatoires et délirants importants, en plus des autres symptômes de schizophrénie nécessaires au diagnostic, sont aussi présents pendant au moins un mois (ou moins en cas de traitement efficace) (American Psychiatric Association, 2015, p. 116-117). Selon le CIM-10-GM (2014), le diagnostic de la schizophrénie est définit comme tel : Les troubles schizophréniques se caractérisent habituellement par des distorsions fondamentales et caractéristiques de la pensée et de la perception, ainsi que par des affects inappropriés ou émoussés. La clarté de l’état de conscience et les capacités intellectuelles sont habituellement préservées, bien que certains déficits des fonctions cognitives puissent apparaı̂tre au cours de l’évolution. Les phénomènes psychopathologiques les plus importants sont : l’écho de la pensée, les pensées imposées et le vol de la pensée, la divulgation de la pensée, la perception dé lirante, les idées dé lirantes de contrôle, d’influence ou de passivité , les hallucinations dans lesquelles des voix parlent ou discutent du sujet à la troisième personne, les troubles du cours de la pensée et les symptômes négatifs. L’évolution des troubles schizophréniques peut être continue, épisodique avec survenue d’un déficit progressif ou stable, ou alors elle peut comporter un ou plusieurs épisodes suivis d’une rémission complète ou incomplè te. On ne doit pas faire un diagnostic de schizophrénie quand le tableau clinique comporte des symptômes dépressifs ou maniaques importants, à moins d’être certain que les symptômes schizophréniques précédaient les troubles affectifs. Par ailleurs, on ne doit pas porter un diagnostic de schizophrénie quand il existe une atteinte cérébrale manifeste ou une intoxication par une drogue ou un sevrage à une drogue (p. 187).

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L’anxiété psychotique 

Selon Baylé et al. (2011), « l’anxiété est un symptôme fréquent et majeur dans la schizophrénie », il est un « indice de progression vers la décompensation psychotique » et « l’anxiété et le stress sont des indicateurs de rechute » (p. S83). L’American Psychiatric Association (APA, 2010) considère l’administration des benzodiazépines utile pour réduire l’anxiété et l’agitation liées aux crises psychotiques. Cependant, elle met en garde contre leur utilisation chronique face au risque d’abus et de dépendance [traduction libre] (p. 39). Afin de lutter contre l’administration abusive des benzodiazépines, il paraît alors nécessaire de mettre en place de nouveaux moyens permettant de diminuer l’anxiété à moyen et long terme chez les patients souffrant de schizophrénie.

Toujours selon Baylé et al. (2011), l’anxiété psychotique fait référence « à une approche psychopathologique complexe, où la symptomatologie schizophrénique pourrait être une réponse anormale à des états d’angoisse extrême » (p. S85). De plus, Allilaire (1983, cité dans Baylé et al., 2011) évoque quatre caractéristiques de l’anxiété psychotique, à savoir, « intense, massive et le plus souvent perçue d’emblée par l’observateur comme une douleur intolérable », « hermétique, nonverbalisée ou bien mise en mots avec imprécision ». Il ajoute que l’anxiété psychotique « s’accompagne d’un retentissement psychomoteur particulier à un type d’agitation ou de sidération » (p. S85). Nous comprenons par ces caractéristiques que l’anxiété non verbalisée demande alors une attention particulière de la part de l’infirmière.

L’anxiété permet de signaler à l’individu les dangers possibles auxquels il est exposé. Ce sentiment engendre un mécanisme physiologique nécessaire pour affronter la menace (Sue Cook, 1991). L’anxiété est normale quand il y a un danger menaçant l’intégrité physique de la personne (Townsend, 2010). Cependant, elle devient anormale quand la réaction est démesurée par rapport à la gravité de la menace et qu’elle perdure quand le danger n’est plus présent. La « capacité fonctionnelle est touchée, sur le plan intellectuel, social ou professionnel » (Townsend, 2010, p. 476).

L’anxiété est souvent classifiée en fonction de sa sévérité. Celle-ci peut être considérée comme légère, modérée, grave ou panique. En particulier, elle peut se manifester par une perte de contact avec la réalité, menant jusqu’aux hallucinations et délires. L’anxiété panique est un état où la personne n’est plus capable de se concentrer et peut engendrer des comportements bizarres et un retrait complet (Townsend, 2010). Plusieurs échelles de mesure de l’anxiété sont disponibles, cependant, l’EAS (Echelle Anxiété Schizophrénie) est spécifique à la mesure de l’anxiété chez les patients souffrant de schizophrénie.

Table des matières

Introduction
Problématique
2.1 La schizophrénie
2.2 L’anxiété psychotique
Question de recherche
Cadre de référence
4.1 Anxiété
4.2 Rôles infirmiers
4.3 La relation interpersonnelle
4.4 Personne
4.5 Soins infirmiers
4.6 Santé
4.7 Adaptation
Méthodologie
5.1 Critères d’inclusion des articles
5.2 Critères d’exclusion des articles
5.3 Equations de recherches
Articles
6.1 Lysaker et al. (2007)
6.2 Braga et al. (2005)
6.3 Wang et al. (2015)
6.4 Vancampfort et al. (2011)
6.5 Chen et al. (2009)
6.6 Brown et al. (2010)
6.7 Bardy et al. (2013)
6.8 Davis et al. (2007)
Synthèse des résultats
7.1 Anxiété
7.2 Adaptation
7.3 Santé
Discussion
8.1 Réponse à la question de recherche
8.2 Résultats en lien avec le cadre de référence
8.3 Limites méthodologiques
8.4 Limites à la généralisation des résultats
8.5 Recommandations et implications pour la pratique infirmière
Conclusion

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