La révélation d’une identité ligérienne par l’inscription au patrimoine mondial
La Conférence du patrimoine mondial a décidé en 1992 d’inscrire les paysages pour pouvoir les mettre en valeur. Les différents types de paysages qui peuvent être inscrits le sont généralement pour trois raisons : L’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO du val de Loire a effectivement permis de révéler une identité paysagère ligérienne. En inscrivant ce territoire selon trois critères précis, une culture ligérienne a pu être dessinée. Le critère (i) met en évidence le génie créateur humain. En val de Loire, ce génie créateur se caractérise par le nombre important de châteaux qui bordent le fleuve Loire. Parmi ces derniers, certains sont reconnus individuellement du fait de leur majesté (Chambord). Les châteaux ont été construits sur seulement deux modèles historiques : les forteresses médiévales transformées en résidence, et les manoirs pour héberger les fonctionnaires royaux locaux. La construction suivant les deux modèles de construction résultent d’une culture qui s’est développée le long de la Loire. De plus, les châteaux étaient originellement conçus pour voir les ennemis de loin. La transformation de ces châteaux en résidence leur apporte une dimension esthétique, qui fait désormais part de la culture développée dans le Val de Loire.
Le critère (ii) met en valeur le Val de Loire comme un témoin d’échanges et d’influences entre l’Homme et la nature. Premièrement, ces interactions sont observables par la situation du fleuve comme axe de développement économique pendant plusieurs siècles. Le fleuve occupait une place centrale. L’Homme dépendait de la Loire pour se développer. Ceci a donné lieu à des échanges entre l’habitant ligérien et son environnement qui sont aujourd’hui marqués dans le paysage ligérien. Le fait que la Loire n’est jamais été entièrement maitrisée par l’Homme a également fait du fleuve un lieu d’interactions fortes mais jamais de domination de l’Homme sur le fleuve. Ce dernier était entretenu pour la navigation mais aucun barrage n’a été construit sur ce dernier. Le développement autour de cet axe fluvial a donné également lieu au développement d’une séquence paysagère propre au Val de Loire : la séquence domus- hortus-ager. Cette séquence mettant en évidence l’alternance entre le bâti, les espaces agricoles et le lit mineur ont développé dans le paysage du Val de Loire une continuité paysagère forte le long du fleuve. Cette continuité est la conséquence d’un développement harmonieux du Val de Loire pendant des siècles. Toutes ces interactions Enfin, le critère (iv) récompense l’influence qu’a eue le Val de Loire pendant la période de la Renaissance en France. Le développement économique allié à la culture des châteaux a mené le Val de Loire à devenir le lieu influent de la Renaissance. La culture esthétique des châteaux de la Loire a été relayée par la culture artistique, comme la peinture, qui s’est développée autour du Val de Loire. les jardins à la française qui ont constitué le point d’orgue de la Renaissance a été établie en Val de Loire lors du développement de cet « culture du beau ». La douceur de vivre propre au territoire a vu les plus grands noms résider en ces lieux. Grâce à cette influence, la culture de la Renaissance restera à jamais reliée au Val de Loire, et l’inscription au patrimoine de l’UNESCO en est la conséquence.
Le paysage inscrit : un territoire d’action reflet du côté opérationnel du label UNESCO
Grâce à l’étude du contexte dans lequel s’inscrit le périmètre du Val de Loire classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, des notions importantes ont pu être dégagées. Le Val de Loire constitue désormais une échelle intermédiaire dans la prise en compte du paysage. Cette échelle de perception, reconnue à travers le label UNESCO, fournit une échelle adaptée à l’appropriation du territoire par ses acteurs. Le titre de « paysage culturel vivant » conféré au Val de Loire après son inscription fournit trois nouvelles fonctions au territoire. La première est une fonction identitaire. Par le biais de l’inscription, le paysage fait prendre en considération la dimension sociale de ce dernier. Cette prise de conscience permet de créer des liens au sein de la population et la construction d’une identité commune. Le paysage étant par définition la trace visuelle de l’activité humaine. Comme le dit Bonnemaison, le paysage est le géosymbole du territoire patrimonialisé. Cette dimension identitaire fournie par l’inscription permet l’appropriation collective du patrimoine (Marchand, 2008).