Responsabilité
Origine du mot latin repondère qui signifie répondre, se porter garant. La responsabilité interpelle la notion d’engagement personnel car elle réfère à la volonté de prendre une décision sans se référer préalablement à une autorité supérieure. Elle porte en elle-même celle de liberté, de libre choix lorsque l’on agit. La responsabilité est d’abord une obligation de répondre de certains de ces actes, d’être garant de quelque chose et d’assumer ces promesses. Elle a pour conséquence, le devoir de réparer un préjudice causé à quelqu’un lorsque l’obtenue n’est pas l’attendue, voire de supporter une sanction (Maurice-Maurand, 2013). Or, la responsabilité est en fait plus un principe de justice naturelle qu’une conséquence de la réparation d’un tort fait à autrui (JONAS, cité par REYNAUD, 2009). En effet, La responsabilité doit interdire à l’homme d’entreprendre toute action qui pourrait mettre en danger l’existence des générations futures que la qualité sur terre dans le futur.
Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre dit (JONAS, cité par Bodet, 2013 :3). Selon le dictionnaire Grand Robert, la responsabilité est une obligation ou nécessité morale, intellectuelle de réparer une faute, de remplir un devoir, une charge, un engagement. Ce mémoire tiendra en compte toutes ces définitions car elles convergent vers le même point.
La Responsabilité sociale des entreprises (RSE)
Ce concept qui se dessine sur les grands discours théoriques et pratiques de nos jours, caractérise en générale les relations entre entreprise et société. C’est bien à ce titre que ces prémisses peuvent remonter à l’histoire de l’assistance charitable des sociétés occidentales durant le moyen-Age (Doucin, 2001). Cependant, il ne faut pas négliger que ce concept s’est développé aux Etas –Unis dans le années 1950-1960 à travers le fameux et séminal ouvrage de Howard Rothman Bowen (1908-1989) the responsibility of Businessman publié en (1953) donnant naissance à sa forme théorique en anglais Corporate Social Responsibility.
Néanmoins, ce concept a eu d’ampleur en Europe qu’à partir de 1990, dans un contexte de mondialisation et de dérèglement de l’activité économique. La RSE étant elle-même un enjeu face aux problèmes sociaux, économiques et environnementaux, est devenu un concept très fertile dans la littérature actuelle. C’est la raison pour laquelle elle a connu de multitudes et diverses définitions durant ces dernières années. En effet, Alexander Dahlsrud (2006) dans son article How Corporate Social Responsibility Is Defined: an Analysis of 37 Definitions montre que ce concept est devenu un véritable enjeu car suscitant un certain nombre de questions relatives à sa définition. Cependant, il existe un noyau commun à toutes les définitions recensées : celui-ci inclut la participation de l’ensemble des parties prenantes, la dimension sociale, économique, volontaire et environnementale.
Selon Dahlsrud, la définition les plus utilisée entre 1980-2003 sont celles admises par les institutions telles que de la commission Européenne 2001. Ainsi, selon la définition européenne proposée par la Commission Européenne dans un Livre vert intitulé : Promouvoir un cadre européen pour la responsabilité sociale des entreprises, la RSE est l’intégration volontaire des préoccupations sociales et environnementales des entreprises à leurs activités et leurs relations avec leurs parties prenantes. Autrement dit, être socialement responsable signifie non seulement satisfaire pleinement aux obligations juridiques mais aller au-delà et investir davantage dans le capital humain, l’environnement et les relations avec les parties prenantes. (Comité Européen de Normalisation cité par Dahlsrud, 2006).
Biodiversité et service écosystémiques
Biodiversité : Bien que le mot biodiversité a reçu de nombreuses définitions depuis 1992 au sommet de la Terre à Rio, mais nous retiendrons ici celle de la CDB.
En effet, la convention sur la diversité biologique (CDB) signée à Rio en 1992, définit la biodiversité comme la variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes. (Convention sur la Diversité Biologique, 1992). La biodiversité comprend la diversité des gènes, des espèces et des écosystèmes, ainsi que leurs interactions.
Services écosystémiques : Parfois dénommés «services environnementaux» ou «services écologiques». Ce sont les bénéfices tirés des écosystèmes par les populations. Entre autres exemples, on peut citer l’eau douce, le bois, la régulation du climat, la protection contre les risques naturels, le contrôle de l’érosion et les activités de loisirs (MEA, 2005).
Développement durable
Plus de vingt années après l’apparition de la notion de développement durable, «Sustainable development» en anglais, il est possible d’avoir une idée plus précise d’un terme longtemps porteur d’ambiguïtés. Il est défini originellement en 1987 dans le rapport Notre avenir à tous de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement, présidée par Mme Gro Harlem Brundtland : Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de «besoins», et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir.
Niveau de dépendance de l’entreprise TASC des biens et services écosystémiques
En effet, l’ensemble des activités humaines et en l’occurrence celles de notre entreprise sont liées de façon plus ou moins fortes au vivant.
Ainsi, c’est en fonction du degré de dépendance au vivant, ainsi que du niveau de sensibilité face à ce dernier qu’il est possible de déterminer à quel niveau notre entreprise est vulnérable aux changements et à quel niveau elle doit plus se responsabiliser. Cette exercice a effectivement été recommandé par les lignes directrices de l’ISO 26000 qui souligne d’ailleurs que « les impacts [de la sphère d’influence] des entreprises peuvent être de grande envergure » (ISO, 2010, p. 19). Ceci consiste donc à mettre en place un cadre qui permette à l’entreprise d’estimer ses pressions indirectes, les risques qui y sont liés, ainsi que d’identifier des actions pouvant être mises en place pour réduire, ou mieux maîtriser ces impacts. L’évaluation dans ce cas présent repose sur la détermination du niveau de dépendance de l’entreprise aux espèces qui entrent directement dans sa production c’est-à-dire les rapports qui les lient à l’entreprise et qui les rendent ainsi nécessaires. Il faut noter qu’aucun outil spécifique à l’image d’IIEB n’a été utilisé pour évaluer le niveau de dépendance car aucun ne pouvait répondre à l’objectif de notre étude. Il serait toutefois judicieux de montrer que ces outils ont servi d’inspiration.
En ce qui a trait aux modes et critères d’evaluation, le choix a été laissé à l’entreprise de donner une note qui lui convient par rapport à son niveau de dependance de chaque espèce identifiée (voire questionnaire dans l’annexe I). Les notes varient de 0 à 100%. Le niveau 0 signifie une absence totale de dependance ce qui semblerait être impossible dans cette exercice. Quant au niveau 100, il exprime le niveau le plus élevé de dependance de l’espèce. Si ce dernier cas de figure se manifeste, on en déduirait que l’espèce est fortement prioritaire autrement dit, elle conditionne le fonctionnement de l’entreprise et donc une mesure de conservation à son égard est nécessaire.
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL
PREMIER CHAPITRE : CADRE THEORIQUE
1.1. Mise en contexte et justification
1.2. Objectifs et hypothèses
1.2.1. Objectifs
1.2.1.1. Objectif général
1.2.1.2. Objectifs spécifiques (OS)
1.2.2. Hypothèses
1.3. Méthodologie
1.3.1. Présentation de la zone d’étude
1.3.2. Recherche bibliographique
1.3.3. La phase exploratoire
1.3.4. L’observation directe participante
1.3.5. Les enquêtes proprement dites
1.3.5.1. Les entretiens semi-structurés individuels
1.3.5.2. Les entretiens semi-structurés de groupe (focus-groupe)
1.3.5.3. Entretiens informels
1.3.6. Le traitement des données
DEUXIEME CHAPITRE : CADRE CONCEPTUEL
2.1. La Responsabilité et responsabilité sociale des entreprises
2.1.1. Responsabilité
2.1.2. La Responsabilité sociale des entreprises (RSE): origines et définitions
2.2. Biodiversité et service écosystémiques
2.2.1. Biodiversité
2.2.2. Services écosystémiques
2.3. Conservation
2.4. Développement durable
2.5. Parties prenantes
2.6. Entreprise
2.7. Le secteur des Industries Agroalimentaires
2.8. L’interdépendance biodiversité entreprise
2.9. Les services écosystémiques prioritaires d’une entreprise
2.10. Espèce prioritaires
TROISIÈME CHAPITRE: PRESENTATION DE L’ENTREPRISE THE ATLANTIC SEAFOOD COMPANY (TASC)
3.1. Situation écologique du site d’implantation de TASC
3.2. Situation socio-économique du site
DEUXIEME PARTIE : RESULTATS ET DISCUSSION
PREMIER CHAPITRE: RESULTATS
1.1. Identification des espèces prioritaires dans la production de TASC
1.1.1. Cynoglossus senegalensis (Kaup, 1858)
1.1.2. Penaeus monodon (Fabricius, 1788)
1.1.3. Epinhephelus aeneus (Saint-Hilaire, 1817)
1.1.4. Palinurus regius (Pierre-André, 1802)
1.1.5. Octopus vulgaris (Lamarck, 1798)
1.1.6. Sardinella aurita (Valenciennes, 1847)
1.1.7. Pagrus caeruleostictus (Valenciennes 1830)
1.1.8. Psettodes belcheri (Bennett, 1831)
1.1.9. Penaeus notialis (Fabricius, 1798)
1.2. Diagnostic des interactions entre TASC et la biodiversité
1.2.1. Niveau de dépendance de l’entreprise TASC des biens et services écosystémiques
1.2.2. Identification et analyse des impacts liés aux activités de TASC
1.3. Identification et analyse des risques liés aux impacts de l’entreprise
1.3.1. Les risques règlementaires et juridiques
1.3.2. Les risques associés à la réputation
1.3.3. Les risques de financement
1.3.4. Les risques écologiques
1.4. Les efforts socio-environnementaux de conservation et les difficultés liées à l’intégration de la biodiversité dans les stratégies entrepreneuriales de TASC
1.4.1. Les actions socialement responsables
1.4.1.1. Prise en compte des plaintes et doléances des parties prenantes
1.4.1.2. Dialogue avec les différentes parties prenantes
1.4.1.2.1. Dialogue avec les salariés
1.4.1.2.2. Les fournisseurs
1.4.1.2.3. Les riverains
1.4.1.3. La création d’emploi
1.4.2. Analyse des efforts socio-environnementaux adoptées par TASC
1.4.2.1. Les codes de conduite
1.4.2.2. Gestion de déchets
1.4.2.3. Etiquetage
1.4.2.4. L’audit
1.4.2.5. La certification et labélisation
1.4.2.6. Choix des fournisseurs et achats responsables comme effort de conservation
1.5. Difficultés d’intégration de la biodiversité dans la politique environnementale de l’entreprise TASC
1.5.1. La difficulté de comprendre la notion de la biodiversité
1.5.2. La difficulté à opérer des choix stratégiques en faveur de la biodiversité
1.5.3. La difficulté à mettre en œuvre des actions
DEUXIEME CHAPITRE: DISCUSSION DES RESULTATS
CONCLUSION
REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE