La requalification des stations

La requalification des stations

Du marqueur microterritorial au projet de requalification urbaine L’identification des points d’ancrage à la requalification de Seignose-Océan est au cœur de ce chapitre conclusif. Ce repérage est abordé à partir de l’analyse conjointe des données produites lors des enquêtes photographiques menées auprès des destinataires de façon générale (touristes principalement) et des habitants en particulier429. Sur cette base, est proposé en suivant un exercice programmatique construit autour de l’ébauche d’un projet de requalification pour la station de Seignosse-Océan. Au-delà de ce travail en amont de la conception, on envisage enfin la dimension processuelle de ce projet de requalification, en abordant la question de la gouvernance urbaine encouragée par ce dispositif méthodologique.

Identification des marqueurs microterritoriaux à Seignosse-Océan 

Les marqueurs microterritoriaux sont identifiés selon une approche descriptive, à partir de trois ensembles : les images « attractives », les images « répulsives » et, surtout, les images ayant fait l’objet de représentations « divergentes » ou « neutres »430. Ces deux dernières catégories constituent finalement un ensemble de lieux urbains où l’enjeu de la requalification est important et pose plus particulièrement question.

Seignosse-Océan, une station « nature » comme fondement d’attractivité

Les images de Seignosse-Océan identifiées comme « attractives » par les enquêtés représentent principalement des paysages naturels de l’océan et de la plage, de la dune, de la forêt ou encore de l’étang blanc (cliché 94).Seignosse-Océan est généralement identifiée comme une station « nature » qui a su conserver des espaces considérés comme « sauvages », espaces au demeurant aménagés voire fabriqués par l’homme431. Cette notion est connotée très positivement en étant associée à l’idée de liberté, de nature vierge, immaculée et non anthropisée. Un grand nombre d’enquêtés constitue un groupe « le côté nature sauvage » (S-E58), « un peu sauvage, le côté nature, ce qui me plaît, c’est joli » (S-E33), ou encore « côté sauvage, plus nature et plus typique » (S-E29), révélant combien la nature et l’idée d’espace de liberté qui lui est associée structurent les représentations des destinataires interrogés sur les plages de Seignosse-Océan. Le cadre naturel, tout comme la qualité et l’accessibilité des plages, sont des éléments centraux de l’attractivité de la station. Ils permettent de capter une clientèle importante en provenance des stations voisines, comme S-E38 venue sur la plage du Penon, qui reconnaît : « on vient souvent à la plage ici, mais on séjourne plutôt dans la ville d’Hossegor ; je ne sais pas pourquoi on vient là pour la plage, peut-être parce qu’on peut facilement s’y garer ». Beaucoup de touristes viennent passer la journée sur les plages de Seignosse-Océan bien qu’ils n’y séjournent pas. La question soulevée concerne les raisons sous-jacentes à ces flux pendulaires touristiques. Doit-on être optimiste et considérer le caractère attractif de la station en associant cet état de fait à la qualité du milieu naturel et à la bonne accessibilité de la destination (parkings gratuits près des plages) ? A contrario, ne faut-il pas être plus sceptique et imputer cette réalité au déficit d’attractivité de la station qui, malgré ses atouts naturels, ne parvient pas à donner envie à ces excursionnistes de rester en station, d’y séjourner, notamment en hors-saison ? Les deux explications sont certainement valables et complémentaires, la problématique de la qualité du cadre de vie est centrale. L’une des lacunes de Seignosse est sans doute de ne pas assez mettre en valeur, mettre en scène, des espaces (naturels et urbains) pourtant appréciés par les enquêtés. L’étang blanc est par exemple souvent cité comme photo représentative de ce qui plaît, bien que les destinataires enquêtés ne sachent que très rarement situer ce lieu où ils n’ont souvent pas eu le plaisir de se rendre (contrairement aux habitants permanents). La nature, ou plutôt le paysage naturel illustré par des références non construites, apparaît donc comme un élément central de l’attractivité de la destination ; elle est présente sur 70% des clichés constituant le nuage de représentations attractives, alors que cette proportion n’était que de 40% dans le cas des stations balnéaires en général (T1). Par ailleurs, les paysages des dunes, de la plage et de l’étang blanc sont particulièrement appréciés par les habitants permanents. Durant l’enquête photographique réalisée auprès de cette seule catégorie d’acteurs (enquêtes « habitant »), les clichés B2, B56 et B1 sont identifiés par les neuf personnes enquêtées comme des photos attractives (chapitre 4). Ces paysages sont constitutifs du cadre de vie qu’ils ont choisi d’avoir et sont appréciés comme tels. Les espaces publics aménagés sont, quant à eux, faiblement représentatifs de cette tendance attractive, la nature y est alors particulièrement présente. Il s’agit principalement des images d’espaces de loisirs (parfois payants). Les photos du golf, de l’espace des loisirs des Bourdaines et du parc aquatique sont dans l’ensemble appréciées, même si certains se révèlent parfois plus critiques dans leurs commentaires, soulignant la dimension marchande de ces lieux (cliché 95). 

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Une critique des espaces à l’abandon

 Le pôle des images « répulsives » est, quant à lui, constitué par deux ensembles de photographies. On retrouve des espaces publics peu qualifiés voire dégradés, aux abords immédiats d’espaces pourtant stratégiques (salle de spectacle des Bourdaines, parc aquatique, places commerciales de Castille et du forum). Il comprend également des clichés de la station dont la saisonnalité est fortement marquée. Les dégradations donnent une image immédiatement négative, aux habitants comme à l’ensemble des destinataires. Les critiques sont nombreuses et acerbes (cliché 99). Bien qu’il s’agisse de lieux stratégiques, les images de commerces sous auvent, du parking et de l’arrière de la salle des Bourdaines sont situées dans la tendance « répulsive ».Autre point crucial révélé lors des enquêtes : des lacunes en matière d’entretien se font cruellement sentir à Seignosse-Océan. Les destinataires sont parfois démunis lors de l’enquête ne sachant pas où placer les photos de Seignosse-Océan dont les défauts d’entretien masquent et nuisent à l’image de l’espace en question, problématique moins présente dans les autres stations (pourtant visitées à la même période). Il semble difficile pour les destinataires (surtout lorsqu’ils sont fidèles à la station) d’admettre que ces photos, peu flatteuses, qui laissent apparaître des tags ou d’autres éléments déqualifiant l’espace, constituent la réalité de leur environnement chargé émotionnellement. Les « habitués » se montrent cléments et cherchent à excuser ces défauts d’entretien publics et privés en rappelant : – le caractère saisonnier de la station ; la station n’aurait-elle vocation à être belle que les jours de fête lorsqu’elle reçoit de nombreux invités ? – le caractère périphérique des espaces ; l’attention se porte sur les lieux centraux de la station, comme si la périphérie ne pouvait prétendre à de tels apparats. Pourtant cette défense est toute relative. Les photos ont effectivement été prises en horssaison, mais cela s’avère être le cas pour l’ensemble des stations visitées. Dans les images constitutives du corpus T1 « multisites », le caractère saisonnier est finalement moins visible et lisible qu’il ne l’est à Seignosse-Océan. Surtout, que l’on soit en mars ou en plein mois  d’août, les formes et les symboles de ce manque d’entretien sont toujours présents, révélant que le mal qui touche l’espace urbain de la station est sans doute plus profond (cliché 100). De même, les photos qui ont fait l’objet de critiques virulentes relatives au manque d’entretien ne concernent que rarement des espaces périphériques. Contrairement à ce que semblent croire certains enquêtés en les voyant, il s’agit bien d’espaces centraux, à proximité des accès aux plages du Penon ou des Bourdaines. La gestion et l’entretien quotidien des lieux urbains (notamment celles des espaces limites, interstitiels, dont le propriétaire des lieux n’est pas clairement identifié) constitue un enjeu indéniable pour l’image de cette station touristique. 

Les images « neutres » et « divergentes » : des espaces stratégiques

Les photos qui se situent dans les nuages de représentation « divergent » et « neutre » sont des images faiblement connotées (ni positivement, ni négativement) et constituent des lieux stratégiques susceptibles de passer dans la tendance attractive comme dans la tendance répulsive. Ces lieux méritent une attention toute particulière. Plusieurs catégories d’espaces se retrouvent dans cette double tendance (neutre et divergente) : des images de cadre bâti, des images de l’entrée en station, des images de la place Castille récemment réhabilitée et des images des espaces de loisirs (Bourdaines, Atlantic Park, skate parc). Partie2.Ch6.La requalification des stations : acquis de la recherche et perspectives d’aménagement 450 Si le cadre bâti de Seignosse-Océan n’est pas considéré comme fortement répulsif, il n’apparaît pas pour autant participer à l’attractivité de la station (cliché 104). 

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