Maîtrise de la reproduction chez le furet
Indication de la stérilisation chez le furet
Chez la femelle, les chaleurs se poursuivent tant qu’aucune saillie n’a lieu. Cela a pour conséquence une sécrétion prolongée d’œstrogène entraînant un hyperœstrogénisme aboutissant à une aplasie médullaire chez 50 % des femelles6,8,26,44,62. La maîtrise de la reproduction est donc indispensable chez la furette. Il est préférable de stériliser la furette vers l’âge de 5 à 6 mois, avant le début de la saison sexuelle6,8,26. La stérilisation permet de réduire légèrement l’odeur corporelle de la furette8.
Chez le mâle, la castration n’a pas d’indication médicale en dehors des cas de cryptorchidie où la castration permet d’éviter le développement de tumeurs testiculaires. Elle est généralement pratiquée pour réduire l’odeur corporelle importante liée aux sécrétions sébacées6,8,26,44. Elle permet également de réduire l’agressivité et le marquage urinaire6,8,26,44. On peut castrer les mâles dès l’age de 4 à 5 mois6,8,26,44. La vasectomie permet de produire des furets capables de saillir des femelles sans qu’il n’y ait de portée et est intéressante dans le cadre de la lutte contre l’hyperoestrogénisme chez la furette6,8,26,44.
Méthodes de stérilisation chirurgicale
Castration et vasectomie chez le mâle
La castration du furet peut être réalisée avec une technique similaire à celle employée chez le chat avec une incision scrotale6,8,44. Des techniques à testicules couverts ou à testicules découverts peuvent être réalisées et les cordons spermatiques sont ligaturés dans leur ensemble6,8,26,44. Une technique par incision antéscrotale similaire à celle réalisée chez le chien peut également être réalisée6,8,26,44.
Il est préférable d’attendre les 9 mois du furet pour réaliser une vasectomie26. La section des cordons spermatiques est réalisée de part et d’autre de la base de l’os pénien26.
Ovariectomie et ovariohystérectomie chez la femelle
Chez la furette, l’ovariectomie et l’ovariohystérectomie sont possibles. Certains auteurs7,9,45 conseilleraient l’ovariohystérectomie du fait du risque de développement d’un léiomyome utérin sur des furettes ovariectomisées. Trois cas de léiomyome utérin sur des femelles stérilisées de 7 ans ont été rapportés8.
Les techniques sont similaires à celles employées chez la chatte6,8,26,44.
Moyens médicaux de contraception
Utilisation de progestagènes
Les progestagènes agissent en supprimant la sécrétion des hormones gonadotropes, ce qui inhibe la cyclicité ovarienne. L’acétate de medroxyprogestérone, l’acétate de mégestrol et la proligestone peuvent être utilisés en pratique chez la furette52.
L’utilisation d’acétate de mégestrol et d’acétate de medroxyprogestérone est cependant déconseillée car elle entraîne un risque de pyomètre important8,52.
La proligestone s’utilise à la dose de 50 mg par voie sous cutanée par furette juste avant le début de la saison sexuelle. Environ 8 % des furettes reviennent en chaleur dans les 2 à 5 mois qui suivent l’injection. Une seconde injection est alors nécessaire et permet la suppression de l’œstrus jusqu’à la fin de la saison de reproduction52.
L’utilisation de progestagènes chez le mâle n’est pas encore documentée et doit être étudiée52.
Administration d’hCG ou de GnRH
Le but de ces administrations est de mimer le pic de LH (Luteinizing Hormone) qui survient après l’accouplement afin d’entraîner l’ovulation chez la furette. Cela entraîne une production de progestérone qui bloque le cycle. Deux méthodes sont possibles : l’administration d’hCG (human Chorionic Gonadotropin) qui mime directement le pic de LH ou l’administration de GnRH (Gonadotropin Releasing Hormone) qui stimule la sécrétion de LH endogène52.
L’administration se fait 10 jours après le début de l’œstrus, à raison de 20 g de GnRH ou de 100 UI d’hCG par voie intramusculaire8.
Les signes de chaleurs commencent à s’atténuer une semaine après l’injection. La furette rentre en pseudogestation pendant 40 à 60 jours. La pseudogestation s’illustre par un développement des mamelles avec une possible lactation nerveuse, un élargissement de l’abdomen. La furette adopte un comportement maternel en construisant un nid et en maternant des objets. Elle peut se révéler agressive envers ses propriétaires et être anorexique8,52. Cela est du à la persistance du corps jaune et l’imprégnation de progestérone qu’elle entraîne. Au cours d’une saison de reproduction, 2 à 3 injections peuvent être nécessaires52.
Les effets secondaires de ces méthodes sont une possibilité de sensibilisation à la préparation d’hCG avec le développement de chocs anaphylactiques, répondant bien aux antihistaminiques, rapidement après l’injection et un comportement agressif des furettes en pseudogestation vis-à-vis de leur propriétaire8.
Administration d’agoniste de la GnRH
L’utilisation d’agoniste de la GnRH augmente le niveau d’hormones gonadotropiques ce qui a pour effet de désensibiliser leurs récepteurs hormonaux. Cette désensibilisation est suivie par une baisse des taux de LH et de FSH (Follicle Stimulating Hormone) dans le plasma au bout d’une quinzaine de jours. Le mécanisme de désensibilisation n’a pas encore été expliqué52.
La molécule pouvant être utilisée est l’acétate de leuprolide (LupronND), habituellement utilisée pour le traitement de la maladie surrénalienne du furet65. Pour les furets de moins de 1 kg, on injecte une dose de 100 g par voie intramusculaire tous les mois et pour les furets de plus de 1 kg une dose de 200 g tous les mois pour traiter la maladie surrénalienne. Les mêmes doses peuvent être utilisées pour la maîtrise de la reproduction chez le mâle et la femelle. La première injection doit être faite en période de repos sexuel52.
Utilisation d’implants d’agoniste de la GnRH
Le mécanisme est le même que pour l’administration d’agoniste de la GnRH tous les mois.
La molécule utilisée est la desloréline (Suprelorin ), sous forme d’implants à libération lente biocompatibles et ne nécessitant donc pas d’être retirés.
Les effets de ces implants sont une inhibition de la fonction reproductrice chez le mâle et la femelle. Les modifications observées sont une inhibition de la libido, des organes génitaux, de la spermatogénèse et une diminution des taux plasmatiques en hormones sexuelles. Il est à noter cependant qu’il peut y avoir une augmentation de courte durée des taux plasmatiques en hormones sexuelles provoquée par l’effet initial analogue de la desloréline. On observe donc parfois une stimulation de la production de la LH et de la FSH avant que la désensibilisation des récepteurs se mette en place. La durée d’efficacité de ces implants est en moyenne entre un et deux ans52,58.
Utilisation d’antagonistes aux récepteurs à la GnRH
Ces molécules ont un effet antagoniste sur les récepteurs à la GnRH, ce qui entraîne une diminution de la sécrétion de LH et de FSH par l’hypophyse. L’effet d’augmentation initiale de ces hormones observées avec les agonistes à la GnRH n’est pas observé dans ce cas, la diminution des taux plasmatiques étant immédiate.
Cependant, les anciennes formulations pour ces molécules utilisées en médecine humaine entraînent une libération importante d’histamine. Les molécules développées plus récemment n’entraînent pas cet effet secondaire, mais des réactions locales au site d’injection sont toujours fréquentes. L’utilisation de ces molécules chez le furet n’est pas développée à l’heure actuelle52.
L’immunisation avec les récepteurs à la LH ou avec la LH
Le principe de ces méthodes est soit d’inhiber la sécrétion de LH par immunisation avec des hétérologues à la LH, soit d’induire un dysfonctionnement des récepteurs à la LH par immunisation avec des hétérologues aux récepteurs à la LH52.
La seule indication possible de ces méthodes est l’immunisation avec les récepteurs de LH chez le mâle. On a en effet constaté une possibilité de diminution du comportement agressif et une baisse de leur odeur corporelle52.
Cependant ces méthodes ne sont actuellement pas du tout employées chez le furet.