Les économistes face à l’environnement
D’après les Physiocrates, dont les principaux auteurs sont : François Quesnay (1694-1774), Jacques Turgot (1727-1781), la terre est la seule source des richesses. Donc selon eux, elle est un « don gratuit » et l’activité économique est commandée par les ordres naturels.
La production est le fait de la classe des agriculteurs (les « fermiers »), qui sont appelés classe productive pour cette raison par F.Quesnay. Si on incorpore la valeur et donc les richesses à la seule production physique, « l’homme ne peut pas créer des richesses matérielles » d’après les physiocrates. Seule la nature est la seule créatrice. La terre multiplie le produit au-dessus des «avances» qui lui sont acceptées, alors que les autres activités : le commerce, l’artisanat, l’industrie… ne font que de transformer les biens sans le multiplier ; c’est pourquoi F.Quesnay regroupe globalement ces derniers sous le vocable de classe stérile.
Alors, la terre est un don de la nature c’est-à-dire gratuit, donc tout le monde peut le procurer à aucun prix à payer. Ici, on a remarqué alors qu’il y a une absence de prix dans la procuration les biens et/ou services environnementaux. Selon les classiques, les ressources sont considérées comme un bien libre et en quantité illimitée. Donc il n’y a pas de souci de pénurie au moment de son exploitation. Pour Jean Baptiste Say, « les richesses naturelles sont inépuisables car sans cela nous ne les obtiendrions pas gratuitement. Ne pouvant être multipliées ni épuisées, elles ne sont pas l’objet des sciences économique ». Alors, tout le monde peut le procurer à aucun menace à craindre, ou de contre partie négative au moment de la consommation.
L’originalité de l’économie de l’environnement
Augmentation de l’intensité des cyclones tropicaux: une crise climatique. De l’effet de serre au recul de la biodiversité en passant par la pollution sous ses formes multiples, la question environnementale a aujourd’hui totalement investi le champ de la discipline économique. Cette révolution culturelle débute dans les années 1970 avec la prise de conscience écologique qui suit la médiatisation des premières grandes pollutions.
Ceux-ci indiquent des seuils et des limites tant en approvisionnement (surexploitations des ressources naturelles comme le pétrole ou les réserves halieutiques) qu’en débouchés (pollution des nappes phréatiques, par exemple). Des modèles de croissance économique, en tant que conséquence de l’activité humaine, ont manifestement un impact négatif démontré sur l’environnement.
Cette prise de conscience est récente dans les cultures modernes. L’étymologiquement du terme, l’économie (de oikos, la maison et de nomos, la règle) témoigne d’une volonté de gestion efficace de la maison, c’est-à-dire l’habitat dans la biosphère, et renvoie à celle de l’écologie (de oikos, la maison et de logos, l’étude). Si la pensée des Physiocrates ou des classiques liait sans ambigüité l’économie à la rareté des ressources naturelles, la théorie néoclassique n’a retenu de la rareté que sa dimension financière et a occulté son possible épuisement. Ainsi la première véritable rencontre de l’économie et de l’écologie (constituée en science) intervient probablement en 1968 au sein du rapport du Cercle de Rome, intitulé «Les limites de la croissance». Ce texte alarmiste sur les limites des réserves énergétiques marque la redécouverte du concept environnement par la théorie néoclassique.
La notion d’externalité
Par définition, les externalités sont des actions d’un agent ayant un ou des impactes directe ou indirecte sur la fonction d’utilité ou fonction de production d’un autre agent, sans compensation financière ou monétaire.
L’économie de l’environnement s’est alors développée sur la base d’un concept économique de référence, celui d’effet externe. L’externalité est définie comme étant les coûts ou les bénéfices liés à l’action des agents économiques (investissement, consommation, utilisation) qui ne sont pas répercutés directement sur ces agents.
Internaliser les externalités consiste à prendre en compte ces coûts ou ces bénéfices selon différentes modalités (intégration dans le prix du marché, normalisation ou règlementation, intégration dans les choix d’options…). Les externalités peuvent être aussi positives ou négatives. Par exemple, dans le secteur énergétique, la construction d’un barrage peut entraîner à la fois des externalités négatives (inondation de territoires) et des externalités positives (retombées économiques). C’est en termes d’externalités que s’interprète la nuisance engendrée par la pollution, ou plus généralement par la dégradation du capital naturel.
Le marché et les biens et services environnementaux
Le succès d’une économie dépend du bon fonctionnement du marché qui transmet par l’intermédiaire des prix la rareté relative des différentes ressources. Lorsque les biens et services n’ont pas des prix, le système du marché devient inefficace. Alors, le marché est incapable de produire le niveau optimal de consommation et de production.
Une consommation d’environnement trop élevée (trop d’arbres abattus, trop de poissons capturés, trop d’effluents versés dans les cours d’eau) révèle une défaillance du marché qui n’est pas capable de signaler une rareté croissante de la ressource. La mauvaise tarification des ressources, comme le prix du bois brut qui ne reflète pas la valeur des fonctions écologiques et climatiques des forêts ou comme la valeur des zones humides qui n’inclut pas une valeur écologique et hydrologique, montre que le marché reçoit des signaux inadaptés. Ce défaut de tarification constitue une cause importante de détérioration et de gaspillage des ressources.
La défaillance du marché peut également être observée à partir des biens communs. Un bien commun est un bien qui satisfait au principe de non-exclusion. Cela signifie qu’il n’est pas possible d’exclure un agent de la jouissance d’un bien. La pollution de la mer Noire est un exemple de cette défaillance car on ne peut pas interdire son accès aux pollueurs qui la bordent. Une attitude de passager clandestin dont le comportement individualiste conduit à une sous-déclaration de son intérêt pour un bien environnemental exprime également une défaillance du marché. Cette défaillance du marché provient de l’absence de droits de propriété sur des ressources environnementales comme l’eau et l’air. Parce que de telles ressources appartiennent à tous et donc à personne en particulier, les entreprises et les individus n’ont pas à inclure le coût de la pollution qu’ils génèrent dans le calcul du coût de leurs activités. Même si l’utilisation de l’air et de l’eau est gratuite pour ces agents, elle génère un coût bien réel pour l’ensemble de la société (par exemple le coût de filtration de l’eau, de l’épuration des eaux usées déversées, coûts de santé, etc.). Il y a donc ici divergence entre la somme des coûts privés et le coût social, divergence que les économistes appellent coût externe ou externalité négative. À l’inverse, si le marché fonctionnait parfaitement, si une valeur était attribuée à chaque ressource, celles-ci seraient utilisées de la meilleure façon possible.
Table des matières
INTRODUCTION
SURVOL SUR L’ECONOMIE DE L’ENVIRONNEMENT
Chapitre 1- La naissance du concept
Section 1- Les économistes face à l’environnement
Section 2- L’originalité de l’économie de l’environnement
Chapitre 2- L’approche économique de l’environnement
Section 1- La notion d’externalité
Section 2- L’environnement comme un bien public
Section 3- Le marché et les biens et services environnementaux
Chapitre 3- L’évaluation économique de l’environnement
Section 1- Evaluation basée sur la valeur marchande
Section 2- L’évaluation basée sur la préférence révélée
Section 3- L’évaluation basée sur la préférence exprimée
REDUCTION DE LA PAUVRETE ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT A MADAGASCAR
Chapitre 1- La pauvreté
Section 1- Définition et concept
Section 2- Les relations entre la pauvreté et l’environnement
Chapitre 2- Politiques de réduction de la pauvreté
Section 1- Accélération du développement rural en préservant l’environnement
Section 2- Adopter des approches intersectorielles
Section 3- Améliorer l’accès aux services de santé
Section 4- Améliorer le taux d’accès en eau potable et assainissement
Chapitre 3- Madagascar et les conférences internationales pour l’environnement
Section 1- Conférence des Nations unies sur l’environnement de Stockholm (1972)
Section 2- Le sommet de Rio+20 (2012)
Section 3- Cas de Madagascar
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE