La rédaction du rapport
La rédaction du rapport constitue le point culminant du processus de recherche. Un rapport jamais complété signifie une recherche qui reste en plan et dont le fantôme hante pendant longtemps l’esprit du chercheur. Le but premier de la recherche est d’élargir le champ travaux qu’il pourra s’améliorer à partir des commentaires qu’il recevra ; c’est aussi une façon de remercier ses hôtes. Le point final est donc d’une très grande importance : en recherche comme au théâtre, il ne faut rater ni son entrée ni sa sortie. Habituellement, on recommande de lire pour connaître les idées des auteurs, leurs propositions. Cette étape est justifiée et nécessaire. La rédaction du rapport coïncide avec une période de lecture ; de la même façon que le rat développent. Il est toujours intéressant de déceler les ruses, de voir ce que l’auteur dit, ce qu’il tait, ce qu’il néglige, cela permet de reconnaître son propre style d’écriture. En décodant la logique des autres, il devient plus facile de reconnaître la sienne propre, d’identifier son style d’analyse, de présentation et de rédaction (Strauss, 1987 : 249). faut chercher, expérimenter, apprivoiser sa façon d’écrire. Il n’y a pas une seule manière qui convienne à tout le monde, on fait pour le mieux avec ce qu’on est et ce qu’on a. Il n’existe aucune recette miracle, la meilleure façon d’apprendre à écrire est d’écrire, d’écrire et encore écrire. Pour la personne qui veut apprendre à nager, il n’est jamais trop tôt pour se lancer à l’eau ; pour le chercheur qui veut rédiger son rapport de recherche, il n’est jamais trop tôt pour commencer à écrire (Spradley, 1980 : 160).
Le temps de l’écriture
Tout comme l’analyse et la transcription, l’écriture prend toujours plus de temps que prévu : en calculant le temps qu’on peut raisonnablement allouer à la rédaction, on peut multiplier par deux et ce ne sera encore suffisant (Hammersley et Atkinson, 1983 : 208). Lorsque le chercheur rédige un rapport de recherche, son intérêt a plafonné bien avant que la tâche soit complétée ; ayant obtenu réponse à ses questions, il sait de quoi le sujet retourne, le matériel perd de sa nouveauté et le travail devient moins stimulant. Plus il travaille, plus il a le sentiment de ne pas avancer et de tourner en rond. De plus, il connaît trop bien les faiblesses de ses travaux, et il lui arrivera de déprécier l’ensemble. Le début s’élabore dans l’enthousiasme, mais la fin est Une recherche n’atteint pas toujours le haut niveau qu’on lui souhaitait initialement ; cependant, la personne qui creuse une idée consciencieusement et avec une habileté raisonnable acquiert certainement une expertise et des connaissances que ne possèdera jamais le dilettante. Écrire permet de découvrir les connaissances accumulées à son insu durant le processus de recherche. Il ne faut pas négliger l’importance de l’intérêt que son travail soulèvera chez les autres ; nul ne sait quelle illumination peut surgir dans la conscience du lecteur qui prend connaissance d’un document. Le chercheur qui aime son sujet, qui a aimé sa recherche et qui a appris, trouvera dans cet intérêt l’énergie dont il aura besoin pour terminer le rap port.
Une recherche n’atteint pas toujours le haut niveau qu’on lui souhaitait initialement ; cependant, la personne qui creuse une idée consciencieusement et avec une habileté raisonnable acquiert certainement une expertise et des connaissances que ne possèdera jamais a chercher un thème général au départ, mais il ne sait pas exactement où il aboutira, et c’est ce qui est charmant. Le rapport tient tantôt du thème, tantôt de l’improvisation, et relève autant du théorique que du pratique, puisqu’il est écrit en lien avec le milieu qui le pro duit et l’influence. Le joueur de jazz commence à jouer en cher chant l’idée musicale qu’il développera ; de la même façon, le chercheur analyse ses données en cherchant le filon directeur qui rendra compte de ses données (Van Maanen, 1988 : 66 est atteint souvent lors de l’acte d’écriture. Écrire requiert régularité, discipline et connaissance de ses limites. Quand on affronte la page blanche ou l’écran cathodique, on finit tôt ou tard par écrire quelque chose . Comme dans le sport, la première journée est plus dure que la deuxième, la troisième moins éprouvante que la deuxième. Il y a une phase de réchauffement et de mise en forme.