Identification et localisation des activités génératrices de déchets
Les sources de production des déchets solides ménagers dans la commune se situent à trois niveaux. Il s’agit du niveau des ménages, des rues et des équipements marchands.
Les ménages
Regroupés en 16 unités territoriales représentant toutes un quartier ou un groupe de quartiers, les déchets issus de ces ménages sont collectés principalement par le système ROC (ramassage des ordures par charrettes) et, évacués vers les sites relais. Ainsi la figure II cidessous illustre les types d’activités productrices des déchets au niveau du ménage.
Plusieurs activités sont à l’origine de la production de déchets au niveau des ménages. C’est le cas de la préparation des repas, le balayage, l’élevage des animaux, des activités commerciales et les jeux des enfants. Elles enregistrent respectivement 27,5% ; 28,9% ; 18% ; 6,6% et 19%. Néanmoins, il faut noter que le balayage constitue la principale activité génératrice de déchets. Elle occupe 28,9% de la production des déchets au niveau des ménages.
Les rues
D’une manière générale les rues sont au centre dans la production des déchets dans les villes sénégalaises (Rouyat et al, 2004).
La commune de Kaolack n’échappe pas à cette réalité. Les rues et les ruelles de cette ville sont jonchées des immondices du fait de l’inexistence de système régulier de balayage. Seules les grandes artères revêtues sont prises en compte par le balayage circonstanciel de la Mairie.
La photo I ci-dessus montre une accumulation des déchets solides ménagers sur une rue de la commune, illustrant ainsi l’inefficacité du système de ramassage mis en place.
Les marchés produisent principalement des sachets plastiques, les restes de bétails (les déchets des abattoirs), des légumes en décomposition, les emballages, les tasses à jeter, les sacs usés etc. Ils occupent le troisième niveau de production de déchets derrière les rues. Dans la commune, on trouve le marché central, situé dans le quartier de Leona, est entouré par des rues qui sont de véritables galeries commerciales. Son rayonnement est à l’échelle de toute la commune voire de la sous- région au regard de sa position géographique. Elle est en effet le passage pour les régions Sud et Sud- Est du Sénégal et des pays voisins.
Le marché compte 525 souks, 186 cantines, 210 occupants du domaine public et 320 occupants de la voie publique. A l’exception de trois marchés de quartier, les autres fonctionnent comme des marchés de proximité. Ces trois marchés sont ceux de Médina (12 cantines et 20 occupants du domaine public), de Kassaville, (24 souks et une dizaine d’occupants du domaine public) et du débarcadère (35 souks). Les autres marchés de quartier, de faible envergure, sont OCAS à Ndorong, Zinc à Leona, les Parcelles-Assainies et Kibbel, les gares-routières de Dakar et Nioro et l’Abattoir de Kaolack situé dans le quartier Koundam (ONU habitat Sénégal, 2009).
La photo II montre l’état de salubrité du marché central.
Dispositif technique et organisationnel
Il s’agit du dispositif technique et organisationnel pour la gestion des déchets solides ménagers.
La production de déchets
La production moyenne annuelle de déchets pour les années 2008, 2009 et 2010 est estimée respectivement à 46.948 ; 48.265 et 49.619 tonnes par an (Caritas Kaolack ,2011). Néanmoins nous avons utilisé le ratio moyen de production de déchets ménagers par personne dans les villes secondaires du Sénégal qui est de l’ordre de 0,49 kg/habt/jour (Rouyat et al,2006) pour disposer de données estimatives sur le tonnage de déchets produits par jour dans la commune de Kaolack. Ce ratio multiplié à l’effectif de la population projetée donne les résultats présentés dans le tableau III ci-dessous.
La figure IV ci-dessus illustre les 4 types des déchets les plus produits au niveau des ménages de la commune de Kaolack. On y remarque : les plastiques, les restes alimentaires, papiers et cartons et les épluchures. Ces déchets représentent respectivement 41,2% ; 21% ; 21,7% et 16%. A ce niveau, il faut noter la dominance des déchets plastiques dans les concessions de la commune de Kaolack. D’où la nécessité de renforcer les capacités de l’unité de prétraitement des déchets plastiques de Koundam. Par ailleurs, l’analyse de la composition des déchets solides ménagers de la commune de Kaolack laisse transparaitre une forte présence de la fraction biodégradable qui comprend les matières qui peuvent être dégradées par l’action des micro-organismes qui occupe 58,7% des déchets solides ménagers produits au niveau du ménage (21,7%+16%+21+=58,7%).c’est qui montre que les déchets solides ménagers produits dans la commune sont valorisables.
Le balayage
La commune de Kaolack ne dispose pas d’un système de balayage. Même si, des opérations ponctuelles de balayage sont souvent organisées.
Le conditionnement et stockage des déchets
Le conditionnement des déchets au niveau des ménages à Kaolack se fait dans la plupart des cas dans des seaux, des bassines usées, ou bien encore des sacs perdus. Ceci est valable aussi bien dans les ménages qu’au niveau des équipements marchands (marchés, gares routières..).
Les types des poubelles utilisés pour le stockage des déchets solides ménagers au niveau de la commune sont présentés sur la figure V ci-dessous.
L’organisation de la collecte
Plusieurs acteurs interviennent dans la collecte sans qu’il y ait entre eux une relation fondée sur un contrat ou un partenariat. En résumé, deux modes de gestion des déchets solides coexistent : la gestion par régie directe (GRD) et la gestion populaire qui consiste en un ramassage des ordures par charrette (ROC).
Le système de collecte par camion (benne tasseuse)
Ce système de collecte est assuré par la municipalité, appuyée par les ONG. En effet, il existe une régie municipale de collecte mais ces actions se concentrent au niveau du marché central et parfois à une partie de certains quartiers centraux. Le taux de déserte de la commune dans la zone est très faible, étant donné le nombre limité de camions de ramassage et leur vétusté.
Le système ROC (Ramassage des Ordures par Charrette) dans les quartiers.
La déficience des opérations de collecte par la municipalité a favorisé l’émergence d’associations de quartiers, de GIE ou de groupes privés dans la pré-collecte avec l’appui financier, technique ou matériel de partenaires de la société civile (Caritas Kaolack , CODEKA..).Ces structures interviennent dans le système de ramassage des ordures par charrettes (ROC). Le système assure environ 2/5 de la pré-collecte, là où il n y a pas de système de ramassage, les déchets sont déversés dans les espaces inoccupés de la ville et sur les rives de la rivière Saloum. Les déchets sont aussi utilisés pour le remblai des habitations inondables (Caritas Kaolack ,2011). La figure VI montre les moyens d’élimination des déchets solides ménagers utilisés par les ménages de la commune de Kaolack.
La graphique VI présente la situation du système de collecte des ordures ménagères dans la commune de Kaolack. L’on remarque que le système ROC (Ramassage des ordures ménagères par charrette) est très développé (89,7%) dans la commune. Toutefois 10,3% des ménages font recours à des méthodes d’élimination individuelles (enfouissement, incinération….).
La dominance du ROC dans la localité s’explique par le fait que la ville de Kaolack a eu à bénéficier très tôt d’initiatives locales développées par des ONG s’étant investies particulièrement dans la gestion communautaire de l’environnement urbain. Les acquis de ces expériences constituent, à n’en pas douter, des atouts certains dans la perspective de l’amélioration du système de collecte des ordures ménagères de la localité.
La mise en décharge des déchets
Pour la mise en décharge des déchets solides, la municipalité de Kaolack dispose avec l’accord tacite de la communauté rurale de Mbadakhoune d’une décharge située sur le territoire de la communauté rurale, à quelques encablures du quartier de Thioffack. Le site est une ancienne carrière de sable de construction désaffectée depuis 2009. Les ordures y sont actuellement déversées sans exploitation particulière (pas d’opération de terrassement ni aucun équipement). Ce site devrait abriter un centre d’enfouissement technique grâce à un projet financé par la Banque islamique de développement.
Par ailleurs l’APROSEN avait entamé dans le cadre de ses activités, l’aménagement d’un premier casier de 100x40m sur une profondeur de 3m pour l’enfouissement technique. Elle avait également réalisé la réhabilitation de la piste d’accès à la décharge. Cependant, une visite de terrain nous a permis de constater aux abords immédiats de la décharge, des chantiers d’habitations, des champs et l’exploitation du sable du site par des charretiers (rapport POGD, UCG, 2013).
La récupération et la valorisation des déchets à Kaolack
Les pratiques de tri et de récupération des déchets, même si elles ne sont pas encore bien ancrées dans les usages, sont utilisées dans certains foyers et plus fréquentes dans les zones non desservies. Les bouteilles en plastique ou en verre, les bocaux, les pots et sachets plastiques en bon état, les morceaux de fer, les chaussures et autres objets à rénover sont réutilisés ou revendus aussi bien par les ménages que par les charretiers collecteurs. S’agissant de la valorisation des déchets solides, seule l’unité de prétraitement des déchets plastiques de Koundam est fonctionnelle. Elle à été installée en 2001 grâce à un financement japonais et avec l’aide de l’ONG LVIA par le biais du Comité de Développement de Kaolack(CODEKA). Cette unité a une capacité de production de 20 tonnes par mois. C’est une propriété de la mairie dont la gestion a été transférée au CODEKA qui l’a, à son tour, remise au GIE Bongré. Ce site de valorisation nettoie, broie et conditionne les plastiques durs récupérés avant de les revendre à des entreprises de transformation à Dakar qui en utilise pour fabriquer différents produits : cuves, palettes en plastique, mobilier de jardin, poubelles, etc. (rapport POGD, UCG, 2013).
Il est difficile de tirer le maximum de profit de cette activité. D’autant plus que le secteur est soumis à une concurrence du plastique importé. A cela s’ajoute le nombre limité des entreprises susceptibles d’acheter le plastique recyclé. D’ailleurs, l’unité ne fonctionne pas à plein temps et n’emploie actuellement que 6 personnes (4 femmes et 2 hommes). De plus, cette solution ne règle pas le problème des sachets plastiques, plus nombreux que les plastiques durs. C’est pourquoi, le centre a fait en 2005 l’acquisition d’une extrudeuse pour diversifier son marché et valoriser une partie des sachets qui pourraient servir à produire des bouteilles, des bassines, des sachets, des bidons, des fils de protection pour câbles, etc.).
D’un point de vue environnemental, cette unité est confrontée à l’élimination des rebuts qui sont brulés à l’air libre, contribuant ainsi à la pollution de l’air.