LA QUETE DEMOCRATIQUE DANS LE ROMAN NIGERIEN

LA QUETE DEMOCRATIQUE DANS LE ROMAN NIGERIEN

LE ROMAN NIGERIAN ET LES SYSTEMES POLITIQUES TRADITIONNELS

Les systèmes de lignage abondent au sein de l’Afrique ancienne. Sur la scène nigèriane, les zones de ce type d’arrangement socio-politique comprennent la Benue, le Plateau, les Etats à l’est et au sud-est. Un arrangement dans lequel, la parentè de groupe fondamentale est le titulaire principal de l’action politique, peut être défini comme un systéme de lignage.

LES DEMOCRATIES INDIGENES

LA BANDE NOMADE

Le bétail Fulani, Connu aussi sous le nom de « BORROJE », nous offre un bon exemple de l’expérience socio-polltique de la bande nomade. L’économie des barrajs est la garde du troupeau. L’écologie où s’opère cet élevage de bétail rend la bande nomade extrêmement mobile, selon les cycles saisonniers. Le caractère mobile de l’activité principale des Fulanis fait que leur système socia-politique est très simple aussi bien en structure, fonctions qu’en institutions. Néanmoins, les Fulanis utilisent un arrangement paternaliste pour la conduite ou l’autorité du groupe et les prises de dêcisions. 

LA STRUCTURE DU POUVOIR IGBO ET SON PROCESSUS DE PRISE DE DECISIONS

Quiconque désire comprendre le système politique Igbos, doit commencer par la structure de cette société Le système politique comme le système social commence par la famille et se termine par le village. Chaque couche de la structure du pouvoir 19bo distribue équitablement le pouvoir entre ses différentes unités qui la composent. Cette procédure, n’a qu’un seul objectif: prècher l’ègalité des individus, des familles, des lignages et des villages. 9 La structure du pouvoir égalitaire manifeste sa vraie nature dans le processus de prise de décisions. Une prise de décisions importante commence avec le lignage qui est à la fois une référence de groupe et d’unité politique. Le lignage constitué est représenté par une réunion de toutes les familles qui le composent et ces derniéres délèguent leurs aînés. Le consentement et le consensus sont les principes qui animent le processus et le résultat des prises de décision. Les réunions des lignages sont dirigées par un DKPARA qui exerce un pouvoir nominal et rituel symbolisé par le DFD qui est un symbole rituel de l’unité du groupe et de ses ancêtres. Après, vient le village, qui est essentiellement une union de tous les lignages et de tous les individus. Et c’est dans les affaires du village que l’esprit communal 19bo se manifeste. Pour résoudre des problèmes, tout le village (exceptées les femmes) se rassemble dans le « AMALA » une sorte de parlement communal. Le processus de prise de décisions dans le « AMALA » est guidé par les principes jumeaux de dialogue et de discussion. Lorsque le symposium communal prend fin, les anciens du village se retirent pour délibérer sur l’humeur ou le tempérament du village, Au retour des anciens, un homme choisi pour sa sagesse et son éloquence, présente la décision de l’assemblée. C’est ce que nous confirme Achèbe quand il dit: « Ogbuefi Ezeugo was a power/ul orator and was a/ways chosen ta speak on such occasion' » . Si l’assemblée l’accepte, l’interprétation des anciens est approuvée par acclamation, dans le cas contraire, elle hue, Au-dessus du village se trouve le groupe des villages. Sociologiquement parlant, ils forment une sorte de confédération. L’assemblée confédéré est composèe de délégués instruits. Dans l’assemblée confédérée, comme dans les unités politiques en 5 ChinuaAchebe, Things Fall Apart, Heinemann Educational Books, London, Ibadan, Naïrobi. With Intorduction and notes by AIGBOJE HIGO, MA IIlustrated by uche Okeke, 1965. P.8 Ali further page references are to this edition. 10 dessous d’elle, la prise de décision est guidée par la discussion et est faite à l’unanimité. Toute autre disposition en dehors de cette dernière est nulle et non avenue. Dans The Great Ponds d’Elechi Amadi (un Igbo de la tribu Erekwi), lorsque la guerre qui opposait le village de Chiolu à celui d’Aliakoro au sujet de la possession légitime de la mare de wagaba, a atteint des proportions inquiétantes, ce sont donc les anciens du village d’abii qui ont décidé de contacter d’autres villages neutres en vue de mener une action commune pour réconcilier les deux protagonistes. L’honneur est revenu à Isiali, le village le plus ancien, d’abriter la rencontre des ‘leaders’ des autres villages. « Isiali being the largest and, as tradition went, the oldest village in the vicinity summoned a great meeting of al/ but warring vil/ages. Il was an important move which brought eight villages of the Erekwi clan together for the flrst time. Before this, these villages had only met in twos and threes during wrestling contests. ,,6 La décision prise à l’issue de cette rencontre consistait à laisser les dieux départager les deux villages.  »There is only one way out, the gods must decide »? Dans son premier roman, Things Fall Apart publié en 1958, Chinua Achebe nous présente une société africaine pré-coloniale, cohérente et bien achevée qualitativement. L’auteur décrit une société dont il ne nie pas les valeurs profondes mais en réaliste, il en voit aussi les défauts. Il plonge le lecteur au coeur mème du pays Igbo qui, pour lui, symbolise la sociétè africaine tant bafouée. Il restructure cette société ancienne qui nous apparaît peu à peu à travers les attitudes, réactions et prises de position de son héros, Okonkwo. Le destin tragique d’Okonkwo est celui de sa tribu et Achebe se sert de son rôle dans le roman 6 Elechi Amadi. The Great Ponds, Heinemann Educational Books, P. 90 7Jbid. , P.92. 11 pour nous parler des fondements ef des principes actifs qui orientent et guident la vie des gens d’Umuofia. Umuofia est composé de neuf villages qui forment une sorte de confédération. Le pouvoir tourne au tour du clan et chaque village était indépendant. La Société traditionnelle Igbo est acéphale, les missionnaires à leur arrivée au village demandèrent qui était leur roi. Ils apprirent que les Igbos n’avaient pas de roi mais: « men of high title and the chief priests and the eiders they said »g Les Anciens ou NDICHIE sont les sages du clan. Ils sont très respectés parce que dépositaires du savoir et de la sagesse. Le conseil des Anciens est une sorte de parlement où sont prises toutes les décisions de la tribu. Dans Things Fall Apart, lorsqu’il s’est agi de venger la femme tuée à Mbaino, c’est le conseil des Anciens qui s’est réuni et a décidé d’envoyer Okonkwo en mission dans le village voisin où s’est déroulé le meurtre. Au retour de l’envoyé, c’est ce même conseil qui s’est réuni pour décider de ce qui suit: « The eiders, or ndichie, met to hear a report of Okonkwo’s mission. At the end they declded as everybody knew they would, that the girl should go la Ogbuefi Udo to replace his murdered wife. As for the boy, he belongs to the clan as a whoie, and there was no hurry ta decide his fate. Okonkwo was, therefore, asked on behalf of the clan to look after him in the interim. And sa for three years Ikemefuna lived in Okonkwo’s household. ,B En ce qui concerne les titres, ils se répartissent en quatre catégories mais seul un petit nombre d’hommes palVient à les acquérir tous. Les TITlED MEN (les Hommes Titrés) symbolisent l’exécutif car en pays Igbo, le titre se mérite. \1 faut avoir fait ses H, Chinua Achebe, Things FaU Apart Heinemann Educational Books Ltd., A.W.S.1, op., ciL, P.10S. 9. Chinua Achebe, Things FaU Agart » op., ciL, P.9. 12 preuves sur le front ou se montrer saillant dans les affaîres de la communauté pour mériter un titre. C’est le cas de Okonkwo. Okonkwo est issu d’un milieu pauvre et démuni, mais il incarne la force de caractère et le courage. Travailleur consciencieux et dévoué, Okonkwo a su utiliser à bon escient le systéme des dettes qui est connu à Umuofia. C’est NWAKIBIE, cet homme riche et influent, aux greniers débordants d’ignames, qui a accordé un prêt à Okonkwo. « ‘It pleases me ta see a young man like you these days when our youth have gone sa soft. Many young men come ta me ta ask for yams but 1 have refused because 1knew they would just dump them in the earth and leave them ta be choked by weeds. When 1say no ta them they think 1 am hard-hearted. But it is not sa. (…) But 1can trust you. 1know it as 1look at you. As our fathers said, you can tell a ripe corn by its look. 1shall give you lwice four hundred yams. Go and prepare your farm.  » 10 L’acte de générosité de Nwakibie à l’égard d’Okonkwo répond aux préoccupations de J. Lombard quand il écrit:  » La fortune, favorisant les tendances individualistes, déterminait souvent dans les milieux roturiers un sentiment complexe où se mêlaient à la fois l’envie et la réprobation. L’aisance individuelle n’était admise que dans la mesure où elle n’entravait pas la générosité et pouvait apporter une aide à la collectivité.