La projection de la qualité institutionnelle à travers un survol de la politique économique algérienne
Pour régulariser les fluctuations de l’activité économique, l’Etat interviens par des politiques économiques conjoncturelles et structurelles comme synthétisé dans la figure n°34. Une politique conjoncturelle (budgétaire, monétaire, de change…) est l’ensemble des actions de l’Etat conduisant à modifier à court-terme la tournure de l’économie. Le but est de soutenir les principaux équilibres du carré magique : croissance, maitrise de l’inflation, du chômage et du solde extérieur. Cependant, les politiques structurelles ont un impact à long terme. Sensées modifier intensément les structures économiques, elles sont souvent caractérisées par le secteur ou la sphère sur lesquelles elles portent (éducation, recherche et développement, privatisation…) Ainsi, dans cette partie on va essayer de faire le tour des différentes politiques économique, budgétaire, monétaire et de change… en Algérie. Nous nous sommes appuyés sur des statistiques recueillies auprès d’institutions internationales : le FMI, BM, BAD et nationale : l’office national des statistiques(ONS), Banque d’Algérie. Cependant, du fait de cette disparité des ressources, les données ne suivront pas forcément la même succession dans le temps. Il faut dire qu’après plus de 50 ans, l’Algérie a réalisé certains progrès. Concernant l’éducation, accéder à l’école primaire représentait moins de 85% en 1980, alors qu’il est à plus de 97% depuis2011. Le revenu par habitant a plus que doublé en 50 ans, de même pour la consommation des ménages et les chiffres de pauvreté ont diminué. Cependant, en comparant l’Algérie, avec des pays similaires (mêmes conditions, voire avec de plus inconvenants, pays à revenu intermédiaire) il y a 50 ans, deux paradoxes s’affirment. Tout d’abord, avec une rente colossale, notre économie n’a pas réalisé le cheminement du développement qu’il aurait pu saisir par rapport à ces capacités. Effectivement et pendant la même période, la Corée a atteint un revenu par habitant amplifier par 16, la Malaisie par 5 et la Turquie par plus de 3. S’agissant du deuxième paradoxe, dans toutes les sphères, que ce soit l’économie, l’éducation, la santé, ou la gouvernance publique, l’Algérie est à la traîne par rapport aux autres pays à revenu intermédiaire. Le domaine de l’éducation endure la faible qualité et l’inefficacité. A titre d’illustration le coût d’un diplômé est estimé à plus de 500% du PIB par habitant, bien qu’il ne soit que de 200% en Tunisie et 180% en Egypte. Dans le cadre des TIMSS (Trends in International Mathematics and Science Study), enquête internationale sur les acquis scolaires, organisée par l’ IEA (International Association for the Evaluation of Educational Achievement) et qui porte sur les mathématiques et les sciences, en 2007, les performances des élèves algériens ont été maigres : en mathématiques par exemple, seuls 7% des élèves de 2ème année moyenne atteignent le niveau III, contre 21% des élèves tunisiens, 21% des élèves égyptiens, et 19% des élèves indonésiens. Concernant l’économie, l’indicateur le plus révélateur est la part très faible de l’industrie dans le PIB (ne dépasse pas 6%), bien que ce taux varie entre 25% et 35 % dans les pays émergeants en plein croissance. Finalement, concernant la gouvernance publique, on est les trainards des classements internationaux, comparé avec des pays à même revenus, observant différents indicateurs (2010) : transparence budgétaire (dernier sur 100), Etat de droit (73ème sur 100), efficacité de l’Etat (66ème sur 100), lutte contre la corruption (score de 2,9 sur 10), qualité de la régulation publique (89ème sur 100), etc.
Investissements publics, Croissance et poids des secteurs : des paradoxes
La figure n°35 synthétise le rapport entre les investissements publics et la croissance, car avec des investissements ciblés, les pouvoirs publics réalisent des externalités positives. Les dépenses d’éducation et de R&D par exemple améliorent la qualité des facteurs de production ainsi que leurs productivités et favorisent également le progrès technique. Ce dernier va booster les secteurs en difficultés (avec de nouveaux procédés de productions et de gestions) et par conséquent, absorber le chômage L’exploration de la croissance économique algérienne sur le long terme, dévoile quelques propriétés spécifiques. D’un côté, la croissance économique constatée durant ce terme n’était pas à la hauteur des montants colossaux des investissements entrepris. D’un autre côté, l’implication de la R&D (à l’instar des pays émergents) reste faible pour qu’elle puisse booster la croissance hors hydrocarbure et rendre ces investissements plus efficaces.
Les programmes d’investissements publics : montants colossaux mais faible résultats
Engagés depuis le début des années 2001 par l’Etat algérien, les plans d’investissements publics étaient nécessaires. Le retour de l’Etat sur la scène économique et sociale était dicté par l’état de l’économie algérienne au lendemain de la décennie 90, marquée par une croissance quasi- nulle et la dégradation des conditions de vie de la population (important retard accusé en matière d’infrastructures de base et un déficit chronique de services publics). Ainsi l’initiative publique n’est nullement contestée, au contraire, l’Etat se devait de procéder à des investissements publics et d’accompagner un secteur privé naissant, en lui créant un environnement favorable qui devait lui permettre d’évoluer. Profitant d’une conjoncture pétrolière favorable, des montants faramineux ont été mobilisés pour ces programmes. Les cibles visées étant d’équiper le pays d’infrastructures de base, d’optimiser les services publics, les conditions de vie de la population et de soutenir une économie de production diversifiée.