LA PROBLEMATIQUE DE L’IMPARTITION

LA PROBLEMATIQUE DE L’IMPARTITION

« ….Nous devons prendre au sérieux le contact avec l’autre, parce qu’il se trouve toujours des situations où nous n’avons pas raison, où nous ne finirons pas par avoir raison. A travers un contact avec l’autre, nous nous élevons au- dessus de l’étroitesse de notre propre assurance de savoir, un nouvel horizon s’ouvre vers l’inconnu. Ceci advient dans tout dialogue authentique. Nous nous rapprochons de la vérité parce que nous ne cherchons pas à nous faire valoir ». Ce chapitre a pour objectif de présenter les résultats ressortis des 46 entretiens réalisés ainsi que ceux issus de l’analyse des données quantitatives, tout en mettant en parallèle ces résultats avec les apports de la littérature. Il s’intéressera aux deux premières interrogations de la problématique à savoir le « pourquoi » et le « quoi » de l’impartition de la R&D, en se concentrant sur la firme comme unité d’analyse.  Après une précision conceptuelle qui permettra de définir précisément le phénomène observé et de mettre en avant les caractéristiques propres à chaque relation présentée, la deuxième section s’intéressera aux raisons qui conduisent une entreprise à déléguer un projet de R&D, aux freins qui limitent le recours à un prestataire extérieur et aux projets qui peuvent être impartis. Dans la troisième section, les acteurs en présence seront étudiés. Le fait de définir le projet délégué et le prestataire permet de caractériser le phénomène observé (deuxième question de la problématique : quels sont les paramètres caractérisant l’impartition ?)

Avant d’aborder une recherche, il faut en définir précisément les concepts. « Le concept n’est pas seulement une aide pour percevoir, mais une façon de concevoir. Il organise la réalité en retenant les caractères distinctifs et significatifs des phénomènes » (Grawitz, 1993, p332). Dans une recherche qualitative, et encore plus lorsque la recherche est exploratoire, il est fréquent de se contenter de concepts imprécis, il est donc encore plus important de définir ce dont il s’agit. Cette section se concentrera sur les deux concepts principaux de la recherche, à savoir l’externalisation adaptée à l’activité étudiée et la R&D. Au cours des entretiens et comme souligné dans l’étude pilote, le concept d’externalisation, lorsqu’on s’intéresse au cas particulier de la R&D, n’est pas clairement précisé et utilisé. Plusieurs termes sont employés : externalisation, collaboration, partenariat, sous-traitance… sans différenciation précise. Cependant, certaines caractéristiques et distinctions semblent implicitement établies. L’abus de langage est très courant dans la pratique, on emploie un terme à la place d’un autre considérant que les nuances et les différences ne sont que des points de détail, alors qu’au contraire les caractéristiques propres à chaque concept permettent d’en cerner les frontières et ainsi de comprendre le phénomène qu’il représente, de le mettre en perspective et d’en expliquer le comportement. Aussi, il est indispensable, avant de commencer à observer le phénomène et de tenter de le comprendre, de le définir précisément. Glaser (1978) précise d’ailleurs qu’une théorie ne peut être bien développée que lorsque les concepts sont clairement définis, en fonction de leurs propriétés et de leurs dimensions spécifiques.

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La délégation de projets de R&D à un prestataire extérieur, qui pourrait se résumer à une relation client-prestataire, est en général nommée outsourcing39 dans la littérature anglo- saxonne mais plusieurs termes sont utilisés dans la littérature francophone. Le terme utilisé au début de l’investigation empirique était l’externalisation mais l’étude pilote a mis en avant un amalgame entre les termes de sous-traitance, d’externalisation et de partenariat : L1 a parlé de collaboration, coopération, partenariat, prestation, S1 a employé indifféremment les termes d’externalisation et de sous-traitance et E2 a mélangé les termes de prestataire et de partenaire. Les nouveaux entretiens ont renforcé cette interrogation : qu’entend-on par externalisation dans le cas de la R&D ? Quel concept semble le mieux approprié au phénomène étudié ? Après avoir apporté une définition issue des travaux académiques des trois termes mobilisés par les interviewés, une typologie des différentes formes de relations client-prestataire existantes pour l’activité de R&D sera présentée. La définition de Lacity et Hirscheim de 1993 (p74) sert généralement de référence pour les travaux portant sur l’externalisation : « dans sa forme la plus basique [l’externalisation] peut être entendue comme l’achat d’un bien ou d’un service qui était auparavant réalisé en interne », ils ajoutent que l’externalisation « se caractérise aujourd’hui par un transfert de personnel et d’équipement vers le prestataire qui devient également responsable des pertes et profits ». De nombreux auteurs apportent leur propre définition. Par exemple, Barthélemy (2001, p7) définit l’externalisation comme « le fait de confier une activité et son management à un fournisseur ou à un prestataire extérieur plutôt que de la réaliser en interne », il ajoute qu’une « opération d’externalisation peut s’accompagner du transfert de personnel et d’équipement vers le fournisseur ou le prestataire ». Quélin (2003, p16) intègre dans sa définition les notions de durée et de contrat : « l’externalisation peut être définie comme le recours à un prestataire externe, pour une activité qui était jusqu’alors réalisée au sein de l’entreprise. Elle s’accompagne souvent d’un transfert de ressources matérielles et/ou humaines. L’externalisation intègre aussi le fait que confier, sur le moyen terme, à un prestataire une activité jusqu’alors interne, s’inscrit dans la durée.

 

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