LA PROBLEMATIQUE DE L’EROSION CÔTIERE
GENERALITES SUR L’EROSION CÔTIERE
La zone côtière est définie comme étant la zone d’interaction entre les processus marins et continentaux : la zone contenant les domaines marins où se font ressentir les facteurs continentaux et les domaines continentaux assujettis aux processus marins. Inman et Nordstrom (1971) définissent la zone côtière comme celle regroupant l’arrière-pays continental et le plateau continental et de ce fait devient un environnement assez complexe dans la mesure où elle constitue une interface entre trois grands domaines que sont la lithosphère, l’atmosphère et l’hydrosphère. L’hydrosphère La ligne de rivage, fluctuant de manière spatiale et temporelle, représente l’interface entre la lithosphère et l’hydrosphère. Toutefois, sa position suscite de nombreuses controverses. En effet, les topographes considèrent que c’est le niveau moyen des hautes mers tandis que les hydrographes la confondent avec le niveau moyen des plus basses mers. Lorsque le déplacement de la ligne de rivage se fait vers le continent, on parle d’érosion côtière correspondant à une avancée des eaux sur d’anciens domaines continentaux.
Importance de la zone côtière
La zone côtière présente une structure diverse et variée découlant des processus qui contribuent à sa mise en place.Elle regorge d’énormes potentialités tant sur le plan économique que social. Elle constitue un lieu de concentration des populations : plus de 60% de la population mondiale vit dans cette zone.,Diverses activités économiques y sont menées. Prenant l’exemple du Sénégal, on peut citer : Le Tourisme Le tourisme est très développé surtout le long de la petite côte. Il représente l’une des principales sources de devises du pays et il constitue l’une des assises du secteur tertiaire où il représente les 64% (ANSD). En 2003, le tourisme avait généré plus de 100.000 emplois directs et indirects et avait contribué à 6,8% du PIB national. (Ministère du tourisme via jeune Afrique du 09/02/2015). 3 La pêche La pêche sénégalaise est caractérisée par une pêche artisanale plus fréquente que celle industrielle qui se fait exclusivement à Dakar Elle est effectuée dans presque tout le littoral sénégalais : le long des deux côtes (nord et sud), au niveau de la presqu’île du Cap-Vert ainsi que dans les zones estuariennes du Saloum et de la Casamance. Les activités agricoles Le long de la zone littorale, on distingue principalement deux activités agricoles : – Le Maraichage Il est essentiellement pratiqué le long de la zone des Niayes et il assure la demande en légumes des grandes villes. La production annuelle avoisine 100.000 T selon ‘’le manuel des bonnes pratiques de l’utilisation saine des eaux usées dans l’agriculture urbaine’’ (édition Janvier 2010). – La Riziculture Elle se fait dans les zones estuariennes en Casamance (culture pluviale) et au niveau du fleuve Sénégal (culture irriguée). En Casamance elle occupe une superficie de 67.000 Ha dans la zone des mangroves. En 2007, la production était estimée à 70.000 T. Cependant avec la salinisation et l’acidification des sols, le secteur est confronté à une baisse significative des productions. Les infrastructures Diverses infrastructures sont implantées au niveau de la zone littorale. Entre autres, on peut citer : – Le port maritime de Dakar au niveau de la baie de Gorée renfermant 7 moles et un wharf pétrolier – Les ports fluviaux de Kaolack et de Ziguinchor – Les aéroports (Dakar, St louis, Cap skiring) – Les routes près du littoral – Les industries agro-alimentaires plus concentrées dans la zone du Cap-Vert. 4 L’Exploitation minière – Le Sel La production de sel dérive de l’exploitation industrielle des eaux sursalées du Saloum avec plus de 60.000 T/an. Il y’a également une production artisanale au niveau des zones plates inondées (les tannes du Saloum et de la Casamance) et dans le lac Retba. La production moyenne de sel est de 225.000 T/an faisant du Sénégal le premier pays producteur de sel en Afrique de l’Ouest (Société Nouvelle des Salins du Sine Saloum). – Source de Matériaux de construction Les sables dunaires peuvent être utilisés dans la fabrication du béton. – Placers marins La zone littorale peut constituer une zone de concentration des placers marins avec notamment les minerais de Titane et de Zircon comme l’ilménite et le rutile localisés au niveau des plages actuelles de la Petite Côte et dans les dunes jaunes de la Grande côte avec un gisement dont les réserves sont estimées à 801 millions de tonnes de sables avec une teneur de 2,6 % de minéraux lourds. (Direction des mines et de la géologie, avril 2010). – Les roches combustibles Les tourbes : elles sont constituées principalement par les tourbières d’eau douce des Niayes avec une bonne qualité énergétique et les tourbières à mangrove dans les zones estuariennes avec une qualité énergétique moindre.Le pétrole : des gites ont été découverts en domaine offshore au niveau du plateau continental de la Casamance avec le bloc ̏sud shallow oïlʺ dont les ressources sont estimées à 800 millions de barils. Toutefois, la qualité du brut fait défaut puisqu’étant un brut lourd ; l’espoir est permis avec la nouvelle découverte de CAIRN ENERGY au large de Sangomar.
Les causes de l’érosion côtière
Plusieurs facteurs permettent d’expliquer ce phénomène. Certains sont d’ordre naturel tandis que d’autres relèvent d’activités anthropiques.
Les causes naturelles
Elles sont principalement au nombre de trois : o L’élévation du niveau marin. o Un déficit dans le budget sédimentaire. o L’existence de houles exceptionnelles ou houles de tempêtes.
L’élévation du niveau marin
Elle constitue l’une des principales conséquences du réchauffement climatique. En effet, les radiations solaires, lorsqu’elles arrivent à la surface de la Terre, une partie de cette énergie est réfléchie vers l’atmosphère qui par l’intermédiaire de certains gaz appelés ‘’gaz à effet de serre’’, va emmagasiner une partie de l’énergie réfléchie et cet équilibre permet de maintenir la température de la terre assez régulière (Figure 1), Cependant, si la concentration des gaz à effet de serre est trop élevée, la quantité de chaleur stockée par l’atmosphère devient trop importante pouvant engendrer ainsi une hausse des températures qui à son tour favorisera la fonte des calottes glaciaires et des glaciers ainsi qu’une expansion thermique des couches supérieures des océans. Le concours de toutes ces circonstances aboutit à l’élévation du niveau marin. Selon la loi de Bruun (1962), une élévation verticale du niveau marin se traduit par un recul horizontal du trait de côte. R = G×S R : recul horizontal du trait de côte S : élévation verticale du niveau marin G : facteur multiplicateur fonction des dimensions du profil actif. Au Sénégal, l’évolution du niveau marin a été enregistrée dans la période de 1943 à 1965. Elle a montré une élévation de +1,4 mm/an (Elouard et al (1967)) grâce aux marégraphes de Dakar, ce qui est parfaitement concordant avec les résultats obtenus à l’échelle du globe qui attestent une tendance vers la hausse. D’après le rapport du GIEC 2007, l’élévation du niveau marin d’ici 2100 pourrait être comprise entre 18 et 42 cm Dans les zones très basses, cette élévation du niveau marin se caractérise par la submersion marine.
Le déficit du budget sédimentaire
Il existe un équilibre entre les processus marins et la côte. En période de ‘’beau temps’’ et lorsque la configuration de la plage est favorable (pente douce), les sédiments du large vont être déposés au niveau de la côte contribuant ainsi à un engraissement. Cependant lorsque la force des vagues, devient très intense au point de pouvoir mobiliser les sédiments de la côte, ces derniers vont être amenés au large et dès que le stock de sédiment est insuffisant on notera un recul du trait de côte Ce déficit sédimentaire est généralement entrainé par l’existence d’une dérive littorale lorsque les vagues abordent la côte suivant une trajectoire oblique et ceci crée une succession de zones d’accumulations et d’érosion (Figure 2).
Les houles de tempêtes
La houle est un phénomène ondulatoire modifiant la surface de l’eau de mer. Elle est générée par le vent et lorsque ce dernier atteint certaines vitesses critiques, il va engendrer des houles dont les domaines d’action vont s’étendre davantage au niveau de la côte faisant donc avancer le niveau des hautes mers que les topographes considèrent donc comme un recul du trait de côte.
Les facteurs anthropiques
Parmi ces facteurs on peut citer
Les prélèvements des sables et autres sédiments de la côte
Avec la forte urbanisation, les besoins en matériaux deviennent de plus en plus pressants, et pour palier ce gap l’on fait souvent recours à l’extraction de sable de mer utilisé comme matériau de construction. Lorsque les prélèvements deviennent excessifs, (supérieurs aux apports naturels), il se produit un déficit sédimentaire pouvant accentuer l’érosion des côtes. Des données de la carrière de Mbeubeuss montrent des prélèvements annuels de 231.380 m3 /an soit 92,5% des prélèvements autorisés dans la région de Dakar. La même situation est notée au niveau de la pointe Sarène où la surexploitation impose un arrêt des prélèvements tous les deux jours pour un ‘’repos’’ de la plage. Il en est de même pour la quasi-totalité des plages sableuses du littoral (Parcelles Assainies, Guediawaye, Golf, Mbao, Cap des Biches, Bargny, Popenguine, Ngaparou, Mbour, Joal…)
La forte urbanisation près de la plage
La limite du domaine public maritime, située à au moins 100 m du trait de côte n’est actuellement pas prise en compte avec les constructions parfois à moins de 20 m du rivage et ceci contribue au déséquilibre du budget sédimentaire surtout dans les zones à dérive littoral (cas du littoral sud).
La disposition des ouvrages de protection
En effet, lorsque des ouvrages perpendiculaires à la côte tels que les épis, sont placés dans une zone où la dérive littorale existe, ils entrainent un engraissement du coté amont de l’ouvrage et une érosion à l’aval de l’ouvrage suite au blocage du transit littoral.
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