La prise en charge du patient polytraumatisé par le technicien en
radiologie médicale
L’imagerie diagnostique initiale du patient polytraumatisé
En consultant la littérature, nous avons pu remarquer qu’il existe deux bilans radiologiques :
– le bilan primaire se déroule en salle de déchoquage et se compose d’un examen ultrasonographique, d’une radiographie du thorax ainsi que du bassin.
– le bilan secondaire, réalisé dans le service de radiologie, est constitué d’un examen tomodensitométrique (TDM).
Ces deux bilans définissent l’imagerie diagnostique initiale. Dans l’idéal, le TRM travaille en binôme selon la disponibilité des membres de l’équipe de radiologie (Bass (communication personnelle), 17 novembre 2014).
Dans le cadre de notre travail de Bachelor, nous nous sommes intéressées à la pratique collaborative du TRM lors de l’imagerie diagnostique initiale au sein d’un hôpital équipé d’un plateau technique adéquat. Les examens radiologiques complémentaires peropératoires, post-opératoires, aux soins intensifs et dans le suivi thérapeutique du patient ne seront pas pris en compte dans ce travail.
L’imagerie diagnostique initiale sert de complément au diagnostic des lésions du patient polytraumatisé identifiées par le trauma team et permet ainsi d’orienter les soins. Dans un premier temps, il n’est pas demandé un rapport précis de la part du médecin radiologue, mais une analyse rapide des lésions sévères du patient qui engagent son pronostic vital (Bass [Présentation PowerPoint]).
Pendant la prise en charge du patient polytraumatisé, le médecin radiologue effectue un ultrason au niveau de l’abdomen, appelé FAST écho (Focused Abdominal Sonography in Trauma). Cet examen permet d’identifier la présence d’une hémorragie dans l’abdomen. Cependant, il ne donne pas d’information précise sur l’organe d’où provient ce saignement. Ensuite, une radiographie du thorax de face est effectuée pour visualiser les éventuelles lésions pulmonaires et du médiastin, puis une radiographie du bassin de face. Cette dernière permet de se prononcer sur la présence de fractures au niveau de la ceinture pelvienne qui peuvent aboutir à une hémorragie conséquente.
Ces examens radiologiques réalisés en salle de déchoquage sont généralement effectués pour tous les patients polytraumatisés qu’ils soient stables hémodynamiquement ou non (Blanc et al., 2004). Le terme hémodynamique signifie « qui se rapporte aux conditions mécaniques de la circulation du sang : pression, débit, vitesse, vasomotricité, résistance vasculaire, etc. » (Garnier & Delamare, 2012, p. 392). Un patient instable hémodynamiquement a une hémorragie qu’il faut traiter rapidement avant toute autre intervention. Elle peut provenir du thorax, de l’abdomen, du bassin, des membres ou de la peau selon Blanc et al. (2004).
Si le patient polytraumatisé présente une stabilité hémodynamique, le premier bilan radiologique est souvent complété par un examen tomodensitométrique. Cela implique que la salle d’examen TDM se situe de préférence proche de la salle de déchoquage afin de diminuer le temps de transfert et surtout qu’elle soit disponible. Pour la réalisation de cet examen, les TRM utilisent le protocole whole-body durant lequel il est couramment demandé de réaliser un CT cérébral, un CT colonne cervicale et un CT thoraco-abdominal (Banerjee, Ghosh, Panose, & Rudra, 2013).
Les rôles et les compétences du TRM
Le TRM diplômé a été formé selon un référentiel qui précise les compétences mobilisables dans le cadre de sa pratique professionnelle. La prise en charge d’un patient polytraumatisé nous a interpelées quant aux rôles et aux compétences que le TRM est censé pouvoir mobiliser dans cette situation particulière.
Le référentiel de compétences du plan d’étude cadre (Haute Ecole Spécialisée de Suisse occidentale, 2012) a classifié les compétences à partir de sept rôles définis par la Conférence des Recteurs des Hautes Ecoles Spécialisées Suisses (KFH),L’ensemble de ces rôles peut être transposé à la prise en charge d’un patient polytraumatisé de la manière suivante :
A. Le rôle d’expert intègre tout ce qui est de l’expertise du TRM, à savoir son autonomie lors de la réalisation des examens radiologiques ainsi que son statut d’expert en radioprotection.
B. Le rôle de communicateur comprend la communication entre les TRM travaillant en binôme, la communication interprofessionnelle et parfois celle avec le patient, selon son état de conscience. L’interaction des uns avec les autres est importante pour la dynamique de l’équipe.
C. Le rôle de collaborateur s’insère dans cette dynamique car, sans une bonne collaboration de tous les membres, le but commun du trauma team ne peut être atteint.
D. Le rôle de manager comprend l’anticipation et l’organisation du TRM en vue des bilans radiologiques à réaliser.
E. Le rôle de promoteur de la santé inclut la radioprotection de l’ensemble des membres du trauma team ainsi que le respect des règles de l’hygiène hospitalière.
F. Le rôle d’apprenant et de formateur incite les TRM à avoir une analyse réflexive de leur pratique afin d’améliorer continuellement leur façon de travailler. De plus, le TRM expérimenté peut partager ses compétences du terrain au nouvel arrivant.
G. Le rôle de professionnel inclut le respect de l’éthique du patient et des cadres légaux de l’institution.
Chaque rôle a son importance. Cependant, cinq d’entre eux nous semblent davantage mobilisés au vu des tâches attendues vis-à-vis du TRM dans cette prise en charge :
– le rôle d’expert en technique en radiologie médicale
– le rôle de communicateur
– le rôle de collaborateur
– le rôle de manager
– le rôle d’apprenant et de formateur.
Selon Amez-Droz, Gremion et Realini (2008), la profession de TRM englobe plusieurs domaines d’activité professionnelle. Pour chacun d’entre eux, il est conseillé au TRM d’avoir certaines compétences ainsi que des ressources personnelles et professionnelles. Lors de la prise en charge d’un patient polytraumatisé, plusieurs de ces domaines sont appliqués :
– la conception d’une prestation radiologique et sa réalisation
– le travail en équipe avec les TRM
– le travail interprofessionnel avec les autres professions de la santé
– la radioprotection
– le maintien de l’hygiène lors des examens radiologiques
– la formation d’autres TRM à cette situation.
Les domaines d’activité professionnelle cités ci-dessus nécessitent la connaissance de la profession de TRM, ainsi que de nombreux savoir-faire. Encore faut-il que le TRM ait un savoir-être qui lui permet d’agir convenablement, comme l’esprit de décision, la rigueur, l’adaptation, la maîtrise de soi et l’esprit d’équipe.
Finalement, est-ce que le TRM est en mesure d’assurer la prise en charge d’un patient polytraumatisé avec les diverses compétences acquises durant sa formation ou doit-il avoir une certaine expérience de la pratique professionnelle avant de pouvoir intégrer le trauma team ?
1. Introduction |