Rôle du pharmacien d’officine dans la prise en charge des patients atteints de mélanome et dans le suivi des thérapies anticancéreuses
Bien que le nivolumab soit un produit à réserve hospitalière, administré par voie IV en perfusion en l’hôpital de jour, le rôle du personnel soignant en ville estmajeur pour assurer le suivi des patients qui sortent de l’hôpital de jour après la perfusion et qui peuvent se trouver très souvent démunis face à leur maladie et leur traitement.
C’est tout naturellement que le patient se tournera vers un personnel soignant plus accessible et qu’il connait, tels que son médecin généraliste et/ou son pharmacien d’officine.
D’après les articles R. 4235-2 et 5125-1-1 du code de la santé publique, le pharmacien « doit contribuer à l’information et à l’éducation du public en matière sanitaire et sociale » et « peut participer à l’éducation thérapeutique et aux actions d’accompagnement de patients ». Ses principaux rôles sont :
La sensibilisation des patients au dépistage et à la prévention,
L’information des patients sur leur pathologie et leurs traitements,
L’incitation à une utilisation correcte des médicaments (la préparation d’un plan de prise, la démonstration des techniques d’administration),
L’aide à la gestion des effets indésirables des traitements,
Le soutien et l’accompagnement des patients.
Le pharmacien est, tout comme l’ensemble des professionnels de santé se trouvant en contact avec les patients cancéreux, impliqué dans la prise en charge de ceux-ci. Il se doit d’être disponible et à l’écoute.
En tant que spécialiste du médicament, le pharmacien d’officine tient une place majeure dans la prise en charge des patients. Il semble ainsi inévitable que le pharmacien développe plus l’éducation thérapeutique à l’officine, via notamment la conduction d’entretiens pharmaceutiques.
Depuis la publication de la loi HPST (Hôpital, Patients, Santé, Territoires » du 21 Juillet 2009, l’éducation thérapeutique est officiellement inscrite dans le code de la santé publique et s’inscrit pleinement dans le parcours de soins. L’éducation thérapeutique « a pour objectif de rendre le patient plus autonome en facilitant son adhésion aux traitements prescrits et en améliorant sa qualité de vie » (53).
Entre l’effet d’annonce et l’acceptation de la maladie, le cancer peut être une pathologie de crise qui provoque la rupture d’un équilibre, en effet, les patients peuvent voir leurs habitudes familiales, professionnelles et sociales s’effondrer suite à l’apparition de sa maladie. Celle-ci peut provoquer une déchirure, une remise en cause et conduit le malade à rechercher les causes intérieures de cette maladie, « pourquoi moi ? ». Les patients perdent alors certains repères et l’image d’eux-mêmes peut être altérée, certains patients ne se reconnaissent plus (54).
Le patient a d’autant plus besoin de se tourner vers des professionnels de santé de confiance, qui sera à son écoute.
Par ailleurs, souvent polymédiqué, le patient atteint de cancer rencontrera le pharmacien au minimum une fois par mois pour le renouvellement de ses ordonnances, ce qui permettra ainsi d’initier des discussions sur son état clinique mais également psychologique.
Le rôle du pharmacien dans l’accompagnement du patient à la détection des effets indésirables liés au traitement est également primordial. En effet, en ce qui concerne le nivolumab, nous avons vu que la prise en charge le plus précocement possible des effets indésirables, selon les recommandations définies dans le PGR, permet de réduire nettement leur survenue et/ou leur sévérité et ainsi maintenir les patients sous traitement afin qu’il puisse en tirer tout le bénéfice.
Les principaux rôles du pharmacien d’officine sont les suivants:
L’information des patients sur leur pathologie et leurs traitements : le pharmacien va permettre de renforcer les messages donnés par les médecins, ajuster les éventuelles incompréhensions du patient.
La sensibilisation des patients au dépistage et à la prévention : le pharmacien a de plus en plus un rôle d’information, de rencontre, de prévention et de dépistage.
Promouvoir le bon usage, afin de permettre au patient de bien comprendre son traitement et d’être le plus observant possible,
Identifier les éventuelles interactions médicamenteuses
La prévention, détection et gestion des effets indésirables des traitements,
Le soutien et l’accompagnement des patients
L’incitation à l’inclusion dans des essais cliniques
Donner des informations sur les diverses associations de patients existantes
Adresser le patient au médecin traitant ou au service hospitalier lorsqu’il juge que cela est nécessaire.
L’éducation thérapeutique a besoin de se développer dans la prise en charge des patients atteint de cancer. Cela passe notamment par la mise en place de formations permettant d’aider le pharmacien à la conduite d’entretiens pharmaceutiques dédiés à ces pathologies mais également, même si le pharmacien d’officine n’est pas en charge de leur délivrance, à une meilleure connaissance de tous les traitements anticancéreux à réserve hospitalière. En effet, à ce jour, les différents matériels éducationnels des médicaments à réserve hospitalière (nivolumab notamment) sont destinés uniquement aux professionnels de santé hospitaliers et non en ville, ce qui peut constituer un frein à une prise en charge et un relai optimal ville/hôpital.