La prévention et le dépistage de l’infection par le VIH à l’officine

La prévention et le dépistage de l’infection par le VIH à
l’officine

L’infection à VIH

Le VIH appartient à la grande famille des rétrovirus. Cette famille abrite trois genres de virus : – Les oncovirus : associés à des leucémies et des cancers – Les lentivirus : responsables de maladies à évolution lente. Le VIH fait partie de cette sous-famille – Les spumavirus qui sont identifiés chez de très nombreux mammifères mais qui ne sont responsables d’aucune pathologie connue à ce jour chez l’Homme ou l’animal. Il existe deux types de VIH : le VIH-1 et le VIH-2. Trois groupes distincts appelés groupe M, groupe N et groupe O ont été mis en évidence au sein des VIH-1. Le groupe M est le groupe majoritaire et regroupe actuellement 9 sous-types de virus non-recombinants : A, B, C, D, F, J et K. Le sous-type C est le plus répandu au niveau mondial. L’épidémie française est surtout due au sous-type B et à d’autres sous-types appelés CFR qui résultent de phénomènes de recombinaison génétique entre virus chez des patients infectés par différents sous-types de VIH-1. Les VIH des autres sous-types du groupe M sont majoritairement retrouvés au sein de la population d’Afrique sub-Saharienne. De rares isolats de virus des groupes N et O ont également étés mis en évidence au sein de cette population. Les VIH-2 sont eux aussi classés en sous-types distincts : A, B, C, D, E, F et G et sont présents majoritairement en Afrique sub-Saharienne. L’infection à VIH est une maladie ayant causé énormément de décès par le passé. L’histoire de cette infection prend racine dans le fait que nous partageons presque intégralement (99%) notre génome humain avec une sous espèce de primates africains. Il s’avère que ce singe est porteur du virus de l’immunodéficience simienne SIV, génétiquement identique au VIH-1. La cohabitation Homme/primate sur le continent Africain serait la cause de la primo-infection trans-espèce SIV-HIV en 1921 suite à la contamination d’un chasseur de chimpanzés par sa proie par voie sanguine. 25 C’est alors le point de départ de la pandémie mondiale. Le Dr Pépin décrit deux amplificateurs de cette épidémie dans son livre « The Origins of AIDS » [2] : – La première, suite à des transmissions iatrogènes via des aiguilles contaminées et réutilisées d’un patient à un autre par les soignants à cause d’un manque de moyens et par ignorance lors de campagnes massives de lutte contre les maladies tropicales en Afrique à partir des années 1920. – La seconde, suite à l’exploitation, par les pays occidentaux, des richesses africaines ayant entrainé successivement colonisation, urbanisation massive de ville (telle que Léopoldville devenue Kinshasa, aujourd’hui reconnue épicentre de la pandémie), débarquement massif de travailleurs masculins inversant la balance hommes/femmes dans les villes, faisant exploser la prostitution féminine et ainsi la transmission du VIH par voie sexuelle. Cette maladie fut longtemps et toujours caractérisée de « maladie de drogués » [3] ou que « cancer gay » [4] de par sa découverte initiale chez les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH) et les usagers de drogue injectable (UDI) mais les personnes hétérosexuelles sont également concernées par l’infection qui a été beaucoup médiatisée dans les années 80 car beaucoup d’artistes en étaient atteints. Aujourd’hui c’est une maladie chronique avec une espérance de vie identique à celle de la population non infectée sous traitement au long cours. 

Description virologique et principaux caractères

Comme tous les rétrovirus, le VIH est constitué d’une enveloppe externe, d’une nucléocapside qui contient le matériel génétique du virus. Il se présente sous la forme d’une particule sphérique d’environ 100 nm observable en microscopie électronique. L’enveloppe est originaire de la double membrane phospholipidique de la cellule ayant produit les virions et dans laquelle viennent s’insérer des glycoprotéines d’enveloppe : la gp120 (glycoprotéine externe) et la gp41 (glycoprotéine transmembranaire) pour le VIH-1. Ces glycoprotéines sont spécifiques de chaque type de virus (les glycoprotéines d’enveloppe du VIH-2 étant la gp105 et la gp36). Une matrice de protéines p17 tapisse la couche interne de l’enveloppe et protège la zone dans laquelle baigne la protéase, enzyme jouant un rôle clé dans l’assemblage des néovirus. La capside protéique est majoritairement constituée de protéines p24. Elle contient la nucléocapside, le génome viral à ARN et le matériel génétique nécessaire à la réplication du virus à savoir la transcriptase inverse RT, l’intégrase et diverses protéines régulatrices (Vif, Nef, Vpu, Vpr). Capside et nucléocapside sont de forme hélicoïdale. Le génome des rétrovirus est constitué de deux brins d’ARN simple brin. Chaque brin est constitué entre autres de 3 gènes : gag, pol et env qui codent respectivement pour les protéines internes du virion (capside, nucléocapside, matrice), les enzymes nécessaires à 27 la réplication (transcriptase inverse, intégrase) et les protéines de surface des néo-virus (glycoprotéines d’enveloppe). Les protéines de la matrice (p17), de la capside (p24) et de la nucléocapside (p7-p9) proviennent de précurseurs protéiques Pr160 gag-pol, Pr55 gag, Pr40 gag et sont codées par le gène gag (« Group Antigen »). Les protéines à activité enzymatique intervenant lors de la réplication du virus dérivent d’un précurseur Pr160 gag-pol et sont codées par le gène pol. Il s’agit de la transcriptase inverse, de l’intégrase et de la protéase. Les glycoprotéines gp120 et gp41 du VIH-1dérivent quant à elles du précurseur Gpr160 env, lui-même codé par le gêne env. Ces protéines de l’enveloppe jouent un rôle important dans la reconnaissance des cellules hôtes par le virus et dans l’effet pathogène des VIH-1. Des gènes supplémentaires se trouvent entre ces trois principaux gènes et codent pour des protéines de régulation de l’expression virale qui peuvent altérer le fonctionnement des cellules infectées par le virus.

Table des matières

Liste des figures
Liste des tableaux
Liste des abréviations
Introduction
I. L’infection à VIH
I.1 L’Histoire du VIH
I.1.1 Découverte et taxonomie
I.1.2 Description virologique et principaux caractères
I.2 Les voies de transmission du VIH
I.2.1 Transmission par voie sexuelle
I.2.2 Transmission par voie sanguine
I.2.3 Transmission mère-enfant
I.2.4 Les voies de non-transmission
I.3 L’épidémiologie de l’infection à VIH
I.3.1 L’épidémiologie dans le monde
I.3.2 L’épidémiologie en France
I.3.3 L’épidémiologie en Région PACA
I.4 La physiologie de l’infection à VIH
I.4.1 Cycle de réplication du VIH
I.4.2 Manifestations cliniques
I.4.3 Cibles thérapeutiques disponibles aujourd’hui
I.4.4 Stratégie thérapeutique
I.5 Prévention et dépistage de l’infection à VIH : où en sommes-nous aujourd’hui ?
I.6 Utiliser un traitement pour la prévention de l’infection à VIH ?
II. Prévention de l’infection à VIH : la PrEP
II.1 Qu’est-ce que la PrEP ?
II.1.1 Définition
II.1.2 L’association Emtricitabine et Ténofovir disoproxil (Truvada®)
II.1.3 Quelles preuves ?
II.1.4 Aspects réglementaires et obtention de l’AMM
II.2 La PrEP en pratique
II.2.1 Quels sont les patients éligibles ?
II.2.2 Modalités de mise en place d’une PrEP
II.2.3 Comment se procurer la PrEP ?
II.2.4 Comment prendre la PrEP ?
II.2.5 Quels sont les effets indésirables ?
II.2.6 Quel est le suivi d’un patient sous PrEP ?
II.2.7 Les mesures préventives associées
II.2.8 La notion de résistance au traitement
II.3 Le pharmacien dans la prévention de l’infection à VIH
II.3.1 La dispensation de la PrEP
II.3.2 Accompagnement des patients sous PrEP
II.3.3 Favoriser l’adhésion thérapeutique à la PrEP
II.4 Retour d’expérience de l’utilisation générale de la PrEP
II.4.1 Point de vue des autorités de santé : Suivi de l’utilisation du TRUVADA®
ou de ses génériques en PrEP
II.4.2 Point de vue des « PrEPeurs/euses »
II.4.3 La PrEP dans le circuit officinal
II.5 Et pour demain, de nouvelles PrEP en développement ?
II.5.1 Une alternative au Truvada® pour en améliorer le profil de toxicité
II.5.2 La PrEP topique
II.5.3 La PrEP injectable
II.6 Et au-delà de la prévention ?
III. Dépistage de l’infection par le VIH : place du pharmacien d’officine et des autotests
III.1 Pourquoi dépister une infection à VIH à l’officine ?
III.1.1 Opportunités manquées de dépistage
III.1.2 Recommandations HAS
III.2 Le pharmacien d’officine dans le dépistage
III.2.1 Les objectifs du dépistage en officine
III.2.2 L’argumentaire
III.2.3 Quelle technique et pour quelle situation : diagnostic vs dépistage
III.3 Les autotests
III.3.1 Histoire et généralités des autotests
III.3.2 Présentation et fonctionnement des autotests
III.3.3 Conduite à tenir selon le résultat
III.4 En pratique au comptoir, comment dispenser un autotest ?
III.4.1 La confidentialité
III.4.2 La bonne situation pour la réalisation d’un autotest : le dépistage
III.4.3 La mauvaise situation pour la réalisation d’un autotest : l’urgence
III.4.4 Le rôle du pharmacien, l’information dans une situation
III.4.5 La gestion des déchets
III.4.6 L’accompagnement du patient
III.5 Quelle est la limite du pharmacien d’officine dans le dépistage de l’infection à VIH ?
Conclusion
Bibliographie
Annexes
Annexe 1 : Notice du Surecheck® AAZ ou autotestVIH® Mylan (www.autotest-santé.com)
Annexe 2 : Notice de l’Exacto TestVIH® Biosynex (www.biosynex.com)
Annexe 3 : Notice de l’INSTI® Autotest de dépistage du VIH (www.nephrotek.fr)
Annexe 4 : Plans de prise de la PrEP (www.aides.org)
Annexe 5 : Tableau vierge du réseau d’accompagnement à remplir par l’officine en fonction de sa position géographique (www.cespharm.fr)

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