Procédures
Les journaux en format papier ont été récupérés tous les samedis pendant la durée de l’étude à l’exception de La Presse. À cet effet, en 2013, l’application La Presse+ voit le jour. Elle comprend la majorité des articles parus dans le journal papier ou le site Internet de La Presse. Elle est gratuite et disponible au quotidien au moyen d’un téléphone intelligent ou d’une tablette électronique. Comme La Presse n’est plus offerte en format papier depuis le 31 décembre 2017, La Presse+ a donc été analysée. Qui plus est, les éditions n’étant disponibles sur l’application que pour une durée de soixante jours après leur publication, la base de données Eureka a permis d’avoir accès à l’ensemble des articles en format .PDF. C’est donc trois journaux en format papier et un en édition électronique qui constitue la base de données. Afm de tester nos prédictions, une analyse de contenu quantitative a été réalisée dans le cadre de notre mémoire.
Cet outil méthodologique s’ avère très populaire lorsqu’ il est en question d’étudier le lien entre le genre et les médias (Rudy, Popova, & Linz, 2010). Dans le cadre de celle-ci, nous avons eu recours à la stratégie de codage suivante. Premièrement, le contenu des articles a été analysé en fonction des variables du genre de l’auteur, son sujet et si celui-ci apparaissait à la première page. Le genre de l’auteur a pu être déterminé par le nom de celui-ci. Si le nom n’ était pas typiquement masculin ou féminin, une recherche sur Internet permettait de déterminer le sexe du journaliste, souvent au moyen d’une photographie ou d’une biographie de la personne trouvée sur les réseaux sociaux ou sur le site du journal en lui-même. Le genre de la source d’information (et des articles) a donc été codé à l’aide des rubriques suivantes: femme, homme, mixte (au moins un homme et une femme qui signe l’ article), agences de presse ( sans genre) ou inconnu. Deuxièmement, nous avons codé l’ensemble des articles comme provenant soit d’une source professionnelle Gournalistes et agences de presse) ou bien de la rubrique « Lettres d’opinion ». À noter que certains auteurs de cette catégorie sont en fait des personnalités publiques. Ce sont des politiciens, des sportifs, des chefs gastronomiques, etc. Il ne s’ agit pas de lecteurs inconnus, mais ils ne sont pas non plus des journalistes, c’est pourquoi ils sont classés avec les non-journalistes dans la catégorie lettres d’opinion.
Par la suite, le sujet des articles a quant à lui été codé en s’ inspirant des domaines d’ information du GMMP (2015) soit la politique et le gouvernement, l’économie, la science, l’ environnement et la santé, les lois, crimes et violence, célébrités, arts et médias, sports, et autres (faits divers). À noter que dans le cadre de cette étude, une distinction a été effectuée en séparant les sports des célébrités et des arts et médias contrairement au Global Media Monitoring Project. Cette distinction nous semblait importante compte tenu du cadre théorique qui guidait cette étude. En clair, les stéréotypes liés au genre et aux sports ne sont pas les mêmes que ceux liés au genre et aux arts. Aussi, les sports ont de nouveau été séparés selon la discipline, afm de savoir si les hommes et les femmes écrivent à propos des mêmes sujets ou si la croyance que les hommes écrivent sur les sports de « compétition » et les femmes sur des sports dits « spectacles» est vraie. Chaque sport qui a été répertorié avait sa catégorie, afm de voir lesquels reviennent le plus souvent et ceux qui sont plus écrits par les hommes ou les femmes.
Les sports masculins et féminins ont donc été différenciés, afm de savoir si le genre du journaliste collait avec certains sports en particulier. Troisièmement, l’analyse des articles des pages couvertures des quotidiens du samedi a aussi été réalisée à l’aide des stratégies de codage présentées précédemment. Finalement, une lecture des titres des articles et des lettres d’opinion et de leur contenu (le besoin échéant) a été entreprise afm de témoigner du contenu de l’actualité québécoise lors de la période à l’ étude de notre corpus. De cette façon, chaque sujet ayant fait couler de l’ encre a été analysé afm de déterminer si les hommes et les femmes étaient plus portés à écrire sur les mêmes sujets. Il nous apparaissait que cette dernière étape de notre analyse de contenu quantitative pouvait aider à avoir du sens quant au contenu des domaines de couverture médiatique et ainsi entrevoir si ceux-ci étaient plus agentiques ou communautaires.
Portrait des auteurs des journaux québécois du samedi Pendant la période de six mois durant laquelle les journaux du samedi ont été analysés, 14355 articles se sont retrouvés dans ceux-ci. À cet égard, le nombre d’ articles produits varie d’un journal à l’autre avec Le Journal de Montréal en tête de peloton suivi d’une manière presque égale de ceux de La Presse et du journal Le Devoir et vient au dernier rang celui de The Montreal Gazette. Aussi, les articles de notre échantillon d’ articles du samedi sont signés par 1 8962 auteurs, soit des journalistes et des nonjournalistes. Le décompte total se traduit par 698 femmes, 1 082 hommes, 86 groupes mixtes, 27 agences de presse et trois inconnus (ces derniers n’ont pas pu être identifiés, car il s’agissait de lettres d’opinion signées par des initiales)3. À noter que certains journalistes ou agences de presse sont aussi présents dans plus d’un journal. Les non-journalistes, regroupant les lettres d’opinion ainsi que les points de vue de personnalités publiques, quant à eux, sont représentés par 552 auteurs. Dans le détail, nous dénombrons 179 femmes, 360 hommes4, 10 groupes mixtes ainsi que trois inconnus5, qui ont produit 601 articles au cours de la période étudiée.
Finalement, certains auteurs de cette catégorie reviennent dans plus d’une édition du samedi ou même dans plus d’un journal. Seul Le Journal de Montréal n’a pas de section réservée aux lecteurs. Mm de peaufmer le portrait général des données que nous venons d’ esquisser, nous avons choisi de croiser les secteurs d’information associés au codage du genre de l’auteur d’un article avec le journal de provenance d’un article. Nous tenons à rappeler que cette analyse a été effectuée à titre exploratoire étant donné que la mission éditoriale, le format, la langue et le genre du rédacteur en chef diffèrent d’une publication à l’ autre. Le nombre d’ articles écrits le samedi fut aussi divisé par le nombre d’ auteurs retrouvés dans chacun des secteurs d’information du genre de l’auteur afm de calculer la production des articles en fonction d’un ratio. L’ objectif derrière ce calcul était de vérifier si les femmes, qui sont généralement moins présentes en tant que journalistes, produisent plus de textes que les hommes pour cette journée de la fm de semaine. Pour mieux le démontrer, prenons l’exemple de La Presse. Pendant la période étudiée, ce sont 175 hommes journalistes qui ont écrit 1165 articles, ce qui totalise un ratio de 6,7 articles chacun.
Dans l’ absolu (voir le Tableau 1), peu importe qu’ ils soient des journalistes ou des auteurs de lettres d’opinion (des non-journalistes), ce sont les hommes qui produisent le plus d’ articles dans la presse du samedi. Aussi, il apparaît clairement que les agences de presse, quoique peu nombreuses, fournissent dans l’absolu près du tiers des articles dans La Presse+, Le Journal de Montréal et The Montreal Gazette du samedi. Pourtant, il nous semble important de relativiser ces résultats, et ce, en fonction de nos variables exploratoires. Premièrement, lorsque l’on examine les résultats pour les journalistes dans le tableau 1, il est clair que la mission éditoriale d’un quotidien colore les données de notre étude. Par exemple, c’est dans Le Journal de Montréal que l’on retrouve le plus d’ articles publiés pour la journée du samedi. C’ est aussi dans Le Devoir, un journal à caractère intellectuel, que les journalistes masculins publient le plus dans l’ édition du samedi. De plus, un examen de nos données en fonction du format de l’édition du samedi révèle une plus grande proportion de journalistes masculins pour ce qui est des éditions du samedi format papier (Le Journal de Montréal, Le Devoir, The Montreal Gazette) que pour La Presse+ qui, elle, est diffusée sous un format numérique. C’ est d’ ailleurs dans La Presse+ qu’ il est possible de constater une certaine équivalence en termes de production pour les journalistes masculins, féminins, et les agences de presse lors de cette journée de la fin de semame
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