Nature du travail réalisé dans le cadre du Travail de Bachelor
Dans le cadre de notre formation HES en Soins Infirmiers, nous devons réaliser un travail de Bachelor comprenant plusieurs thématiques proposées majoritairement par des institutions de soins. Notre travail aborde la thématique des approches médicamenteuses dans l’accompagnement des personnes âgées. Plusieurs raisons nous ont incités à traiter ce sujet.
Premièrement, bien qu’il s’agisse d’un acte médico-délégué, l’infirmier a un rôle important dans la gestion et la relation aux médicaments. Quant au patient, il est l’élément central à qui la médication est destinée. Cette médication, qui avec l’évolution de la médecine, évolue fortement et devient indispensable pour améliorer et maintenir la santé du patient. Mais à quel prix ? Nous ne sommes pas sans savoir que des interactions médicamenteuses peuvent se produire lorsque nous additionnons des médicaments et cela s’amplifie avec la quantité de traitements différents consommés. De même, cela peut augmenter l’apparition « d’effets indésirables médicamenteux (EIM) qui peuvent représenter plus de 15% des causes d’hospitalisation des personnes âgées » (Rollason, Bonnabry & Vogt, 2000). Enfin, l’Office fédéral de la santé publique OFSP (2013) met la priorité sur une diminution des médicaments.
Cette consommation « importante » de médicaments nous heurte par sa complexité et les ravages que cela peut provoquer. C’est pourquoi nous avons hoisi d’approfondir davantage l’aspect de la polymédication chez les personnes âgées.
L’étude scientifique du vieillissement est la gérontologie. Cette période présentant une grande variabilité pour chaque individu, l’expérience du vieillissement est donc unique et personnelle. Ce n’est pas un processus qui se déclenche à partir d’un certain âge. Les capacités physiques et les besoins des personnes âgées varient grandement (Bee, Boyd & Gosselin, 2011).
Sur le plan biologique
La perte fonctionnelle progressive des systèmes corporels débute vers la fin de la quarantaine et évolue graduellement jusqu’à la fin de la vie. Chez la personne âgée, il y a 4 principaux changements sur le système nerveux (réduction de la masse cérébrale, perte de la substance grise, diminution de la densité des dendrites et ralentissement de la vitesse synaptique) qui ont des conséquences sur la mémoire ou sur les capacités de réaction de la personne.
Au cours du vieillissement, les cinq sens subissent un déclin inévitable. La vue diminue, l’audition est altérée avec comme risque un isolement social ou une fausse impression de désorientation si la personne n’a pas révélé son trouble auditif.
La diminution du goût, de l’odorat et du toucher peut avoir des conséquences directes sur la santé. L’odorat améliorant le goût des aliments, la personne aura moins envie de se préparer un plat cuisiné ou même de manger. De même, une diminution de la reconnaissance du goût salé peut inciter la personne à assaisonner de manière plus conséquente ses plats. Un apport élevé en sel augmente la probabilité d’avoir de l’hypertension.
Le vieillissement se manifeste par un ralentissement général dû à une diminution de la densité dendritique des neurones. D’autres modifications corporelles comme l’arthrite ou la perte de l’élasticité musculaire influent sur ce ralentissement. Une diminution des fonctions motrices est à noter au cours du vieillissement avec pour conséquence une diminution de l’endurance, de la dextérité et de l’équilibre (Bee et al., 2011).
Plutôt que de développer les conséquences du vieillissement sur chaque organe, nous nous concentrerons sur les atteintes physiologiques liées à l’âge qui modifient la pharmacocinétique (absorption, distribution, métabolisation et élimination du médicament).
L’absorption du médicament par diffusion au travers de la paroi de l’intestin grêle, qui dépend de la concentration, ne subit pas de modification avec l’âge. Par contre, du fait de la diminution de la motilité intestinale et du débit sanguin, la vitesse d’absorption et le pic d’effet de certains médicaments peuvent être ralentis.
La distribution du médicament est fonction de sa capacité à pénétrer le compartiment aqueux et lipidique. Avec l’âge, la quantité totale d’eau corporelle diminue. Dès lors, les médicaments hydrosolubles auront une concentration plus élevée. Ainsi, pour une même dose, la concentration sera plus élevée chez la personne âgée que chez la personne jeune. L’augmentation de la masse graisseuse chez la personne âgée contribue à diminuer la concentration plasmatique du médicament (la graisse sert de réservoir aux médicaments liposolubles) mais la durée d’action est augmentée.
Quant à la métabolisation et à l’élimination du médicament, celles-ci sont modifiées à cause de la diminution de la circulation hépatique et rénale chez la personne âgée. Une adaptation de la posologie est donc nécessaire (Stoehr, 2005).
Les aspects cognitifs (attention et mémoire) sont modifiés chez la personne âgée. L’attention sélective (habileté d’un individu à inhiber une réponse automatique) et l’attention divisée (augmenter le volume de la radio tout en conduisant par exemple) sont les deux formes touchées par une augmentation de l’âge. Toutefois, la recherche visuelle n’est pas forcément atteinte par le vieillissement.
Les pertes de mémoire deviennent plus fréquentes avec l’âge et les personnes âgées prendront plus de temps pour passer un test. Elles feront également plus d’erreurs. Ces pertes plus fréquentes peuvent s’expliquer par une augmentation du temps de réaction et une diminution de la rapidité de traitement de l’information (Bee et al., 2011).
Ces pertes cognitives peuvent avoir une influence sur la consommation de médicaments. La personne pourra par exemple prendre deux fois la dose prescrite car elle a oublié qu’elle avait déjà pris une première dose.
3 Introduction |