LA POLITIQUE DE RELANCE BUDGETAIRE POUR LE « FINE-TUNING »

 LA POLITIQUE DE RELANCE BUDGETAIRE POUR LE « FINE-TUNING »

ANALYSE IS-LM DU « POLICY-MIX » GLOBALEMENT EXPANSIONNISTE

« La vue optimiste (celle des keynésiens) relative aux effets positifs de la politique budgétaire sur le PIB et l’emploi est combattue par les monétaristes et les néo-classiques qui affirment qu’une politique budgétaire non accompagnée d’une politique monétaire expansionniste, se traduit par un effet d’éviction (…). »20 . Le « Policy-mix » est la combinaison des deux politiques : budgétaire et monétaire. Les deux principales configurations du « Policy-mix » sont premièrement, une politique budgétaire expansionniste avec une politique monétaire restrictive et deuxièmement, une politique budgétaire expansionniste avec une politique monétaire expansionniste. Une politique budgétaire expansionniste avec une politique monétaire restrictive dans le modèle . On voit à travers ce graphique que la politique budgétaire expansionniste par l’accroissement des dépenses publiques entraine le déplacement de la courbe IS vers la droite. De son coté, la politique monétaire restrictive entraine le déplacement de la courbe LM vers le haut, et donc pousse le taux d’intérêt à la hausse. Ainsi, cette politique monétaire accentue l’effet d’éviction. « Dans tous les, cas un tel Policy-mix est incohérent. Il n’a en effet aucun impact sur le revenu mais implique une augmentation inutile des dépenses et du taux d’intérêt. » . Une politique budgétaire expansionniste avec une politique monétaire expansionniste, ou le « Policy-mix » globalement expansionniste, quant- à – elle apparait comme le plus logique dans la cadre du modèle IS-LM. Il consiste pour celui-ci d’éviter l’effet d’éviction, et atteindre ainsi la pleine capacité de la politique budgétaire expansionniste, et résorber les déficits publics issus de la relance. 1-1- La coordination et la prévention de l’ « effet d’éviction » Le « Policy mix » globalement expansionniste, dans le modèle IS-LM se représente comme suit : Graphique no 8 : Politique budgétaire expansionniste accompagnée d’une politique monétaire expansionniste. Dans ce graphique, la politique budgétaire expansionniste entraine le déplacement de la courbe IS vers la droite. La politique monétaire expansionniste déplace la courbe LM vers le bas. Conjointement, les deux politiques augmentent le revenu. De plus, la combinaison de la politique budgétaire avec la politique monétaire limite la hausse du taux d’intérêt. Dès lors, l’effet pervers de la politique budgétaire (hausse du taux d’intérêt et baisse de l’investissement) peut être neutralisé par la politique monétaire qui maintiendra le taux d’intérêt constant. « L’effet d’éviction est ainsi évité et l’augmentation du revenu correspond exactement à l’effet multiplicateur. »22 . Le résultat final est un effet sur le revenu plus élevé que dans le cas d’une utilisation isolée de chaque instrument et un effet beaucoup plus limité (voire nul) sur le taux d’intérêt. 

La coordination face à la résorption des déficits

A la suite de la politique budgétaire expansionniste se pose cependant le problème de financement des déficits budgétaires. Il existe trois façons de financer ces déficits, à savoir : la création monétaire, l’émission d’emprunts, la fiscalité. Cependant, en empruntant sur le marché financier, le gouvernement risque fort d’évincer le secteur privé en diminuant les fonds prêtables disponibles pour celui-ci. En fait, « si les Etats doivent s’endetter afin de financer leurs dépenses supplémentaires, cela va créer des effets d’éviction. »23. Aussi, « on voit mal, en effet, une hausse des impôts financer un déficit budgétaire provoqué par une réduction de la fiscalité. »24 Ainsi, un financement par la création monétaire serait préférable. Ce postulat de la monétisation de la dette publique concorde avec l’idée d’établir un « Policy mix » globalement expansionniste. « Cette modalité de financement ne réduit pas l’effet positif d’un accroissement des dépenses publiques, (…). »25 En Considérant la formule suivante : Dette année t = déficit t + (dette t-1) + charge des intérêts sur la dette.  La dette augmente spontanément lorsque le taux d’intérêt réel sur la dette est supérieur à la croissance du PIB. C’est l’effet boule de neige. Cette hausse du taux d’intérêt élève le service de la dette et accroît donc le déficit, tout en réduisant l’efficacité des politiques budgétaires, et peut même contraindre de redresser les finances publiques à des époques inopportunes par rapport a la conjoncture. En définitive, « lorsque la politique monétaire est expansionniste, elle augmente l’efficacité de la politique budgétaire. L’augmentation du revenu est supérieure et celle du taux d’intérêt inferieure, à celle qui aurait été constatée si la politique monétaire était restée passive.»26 . La question sur les institutions qui pourraient faciliter cette coordination est donc capitale. Aussi, quel est le rapport de domination entre politique monétaire et politique budgétaire ?

REGIME DE DOMINATION MONETAIRE ET REGIME DE DOMINATION BUDGETAIRE

Il convient de tenir compte des problèmes de coordination entre politique monétaire et budgétaire. En effet, la réaction des autorités monétaires est décisive dans ce que vont être les effets de la politique budgétaire expansionniste et dans la capacité de cette dernière à réaliser le « Fine-Tuning » de la conjoncture économique. Ainsi, les réactions des autorités monétaires « vont-elles amplifier, accompagner, freiner ou contrebalancer les effets de la politique budgétaire ? Quel est le rapport de domination entre politiques monétaire et budgétaire ? »27. On s’interroge aussi sur la manière dont les institutions respectivement responsables de la politique budgétaire et de la politique monétaire doivent s’employer pour en assurer leur cohérence. Tout ceci se situe dans le souci de trouver les conditions d’optimisation de la portée de la politique de relance budgétaire.

Régime de domination monétaire

C’est un régime dit Ricardien. Dans un tel régime, les autorités monétaires n’ajustent obligatoirement pas leurs réactions selon les nécessités résultantes de la politique de relance. Les autorités monétaires plus soucieuses de la stabilité des prix peuvent décider de pratiquer un freinage monétaire. Ce qui pourrait casser les excellences de la politique de relance budgétaire et compromettre la réalisation du réglage fin de la conjoncture économique. Une illustration est que suite à la relance, les dettes de l’Etat augmentent, alors que la rigueur menée par les autorités monétaires augmente le taux d’intérêt, et par voie de conséquence alourdira le poids de la dette de l’Etat. Considérons la formule suivante représentant l’interaction entre politique monétaire et budgétaire : D(t) = [B(t) – B(t – 1)] + [M(t) – M(t – 1)] Où D(t) est le déficit du gouvernement, [B(t) – B(t – 1)] le placement net d’obligations du gouvernement (étranger et national) et [M(t) – M(t – 1)] est le changement de la base monétaire découlant du crédit de la Banque Centrale au gouvernement. Ainsi, dans le cas de domination monétaire, l’autorité monétaire pourrait déterminer la croissance de la base monétaire indépendamment des besoins de financement du gouvernement. Les possibilités de financement sur les marchés financiers nationaux et étrangers devraient alors soit limiter la taille du déficit budgétaire en fonction du financement disponible avec le risque de ne pas payer des dépenses prioritaires, soit compter excessivement sur les financements étrangers [HOUNAIDE, MOUNIR, 2002]. Le régime de domination monétaire n’est pas favorable à la réalisation du « Fine Tuning » de la conjoncture économique par la politique de relance budgétaire. 

Régime de domination budgétaire

C’est un régime dit non Ricardien. Dans ce régime, la politique monétaire doit suivre la politique budgétaire. La conduite de la politique monétaire dépend des nécessités issues de la politique budgétaire. Avec le régime de domination budgétaire, au fur et à mesure que la relance de l’activité économique par la dépense publique entraîne une hausse de la demande de monnaie, la banque centrale alimente le marché monétaire (offre de monnaie à un taux d’intérêt inchangé). Ainsi, l’autorité budgétaire n’a pas besoin de limiter inconvenablement le déficit budgétaire qu’exige la nécessité de la relance. L’autorité monétaire serait alors tenue de fournir n’importe quel montant du financement nécessaire à la forme de la base monétaire (par exemple, le crédit direct pour le gouvernement) [HOUNAIDE, MOUNIR, 2002]. Dans un tel régime, on favorise l’amélioration de l’efficacité de la politique budgétaire expansionniste par la coordination avec la politique monétaire. L’analyse IS-LM de la politique budgétaire expansionniste a fait ressortir que sans coordination cohérente avec la politique monétaire, elle ne serait pas en mesure d’opérer le « Fine- Tuning » de la conjoncture économique. Les gains en termes de production et d’emploi de la politique de relance budgétaire peuvent être progressivement réduits des lors que les dépenses privées de consommation et d’investissement se trouvent évincées par suite de tensions sur les taux d’intérêt. Ces tensions peuvent être provoquées par les besoins de financement accrus du secteur public. La mise en œuvre d’un « Policy mix » cohérent suppose un cadre institutionnel des politiques économiques approprié. La seconde partie consistera en l’étude du cas de Madagascar sur la période de 2008 à 2013 touchant le Fine tuning de la conjoncture économique et Policy mix cohérent.

Table des matières

INTRODUCTION
PARTIEI. ANALYSE THEORIQUE DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE DE RELANCE E MODELE IS-LM.
CHAPITRE I- CADRE CONCEPTUEL DES POLITIQUES ECONOMIQUES
CONJONCTURELLES
SECTION 1- LA THEORIE KEYNESIENNE
SECTION 2- LA POLITIQUE ECONOMIQUE ET LE MODELE IS-LM
CHAPITRE II- POLITIQUE BUDGETAIRE EXPANSIONNISTE ACCOMPAGNEE
D’UNE POLITIQUE MONETAIRE EXPANSIONNISTE
SECTION 1- ANALYSE IS-LM DU « POLICY MIX » GLOBALEMENT EXPANSIONNISTE
SECTION 2- REGIME DE DOMINATION MONETAIRE ET REGIME DE DOMINATION BUDGETAIRE
PARTIE II- FINE TUNING DE LA CONJONCTURE ECONOMIQUE ET Policy MIX COHERENT A MADAGASCAR
CHAPITRE I- LE REGLAGE FIN DE LA CONJONCTURE ECONOMIQUE A
MAAGASCAR SUR LA PERIODE DE 2008 A 2013
SECTION 1- LA POLITIQUE DE RELANCE ECONOMIQUE MENEE DE 2008 A 2013
SECTION 2- EVALUATION DE LA PORTEE DE LA POLITIQUE DE RELANCE
CHAPITRE II- UN « Policy- MIX » COHERENT POUR MADAGASCAR
SECTION 1- – LE CADRE INSTITUTIONNEL ET OPERATIONNEL
SECTION 2- LA COHERENCE DE LA RELANCE BUDGETAIRE AVEC LA POLITIQUE MONETAIRE
CONCLUSION

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