La place du secteur des services
Économie Algérienne (Conjoncture et Orientation)
L’Algérie : Conjoncture économique
Selon Mourad MEDELCI , ancien ministre des finances et ministre des affaires étrangère actuel, la croissance économique algérienne est repartie à la hausse en 2010 , après avoir ralenti sous l’effet de la récession mondiale et de la chute des cours du pétrole et du gaz. Tirée par la reprise de la demande dans le secteur des hydrocarbures et par le dynamisme des secteurs des services et de la construction, soutenus par le programme d’investissements publics (PIP), la croissance s’est élevée à 3,8% en 2010 (contre 2,4% en 2009) et se consolide en 2011. On présente souvent l’Algérie comme un pays pétrolier. Il est vrai que les hydrocarbures y tiennent une place importante. Il ne s’agit pas seulement de pétrole et de gaz, mais également de produits présentant une valeur ajoutée, tant sur le plan industriel que sur le plan commercial (GPL, hydrocarbures gazeux, produits raffinés…). Dans le secteur des hydrocarbures, depuis longtemps ouvert à la compétition, les investissements sont d’ores et déjà très significatifs83 . L’ex- ministre de l’Energie, Chakib Khelil, avait déclaré que l’Algérie était plus dépendant que l’Europe en matière énergétique, selon un interview émie en 2008, « 40% du PIB algérien émanent du pétrole et du gaz, lesquels représentent 96% des recettes en devises et 50% du budget » ; selon ce dernier, l’Algérie devra « continuer à investir dans le secteur pétrolier » et répondre à un « impératif de diversification de notre économie. « D’une manière générale, l’incertitude que nous impose la dépendance de notre économie nous conseille de la sagesse dans la gestion de nos ressources », a conclu l’ex ministre84 . Une autre image d’Epinal fait de l’Algérie un pays d’industrie lourde. Or c’est sans doute le secteur qui a connu le plus de désinvestissements avec le plan d’ajustement structurel et les réformes que nous avons conduites ces dernières années. Cela ne doit pas cacher que certains secteurs et filières industriels ont réalisé des progrès très intéressants : chimie, pharmacie, matériaux de construction, mines et carrières, industries agroalimentaires sont des filières en expansion, où le rôle du secteur privé est considérable85 . II. Taux de croissance : En 2010, la croissance économique de l’Algérie affichait un taux de 4% contre 2,4 % en 2009, le PIB (produit intérieur brut) s’est chiffré en valeur à 11.500 milliards de dinars (environ 158 mds de dollars). Le secteur des hydrocarbures a continué à contribuer pour une grande part dans le PIB en 2010, entre 40 et 45%, contre 31,4% en 2009, alors que les secteurs des services et du BTP (bâtiment et travaux publics) ont constitué comme d’habitude la locomotive de la croissance de l’Algérie en 2010, grâce aux grands programmes d’équipements publics. En revanche, l’industrie est restée pratiquement stable en 2010, et pourrait même s’inscrire en légère baisse à 5% contre 5,5% réalisés en 2009, tandis que la part de l’agriculture est passée de 9,2% en 2009 à près de 11% en 2010.Pour 2011, le PIB de l’Algérie est appelé à augmenter à près de 170 mds de dollars, selon M. Boukrami86 . III. La stratégie économique algérienne : Selon de nombreux spécialistes l’Algérie manque cruellement de stratégie dans le domaine économique, il n’y a aucune stratégie économique. Nous assistons, à chaque fois, à un changement de cap, Chaque responsable applique sa propre vision selon le politologue Rachid Grim. Les dispositions adoptées à la faveur de lois de finances ou autres décrets font, en effet, sans cesse l’objet de révision, de suspension et parfois même de suppression. La suspension de nombre d’obligations concernant la commercialisation de certains produits de première nécessité (l’huile et le sucre) lors du dernier conseil interministériel, organisé pour faire face à la dernière envolée des prix de l’alimentaire, en est un exemple. «On est passé avec les mêmes autorités politiques, d’une politique libérale à une politique fermée ». Après avoir démantelé tout le secteur public malade des années 1970 qui n’a pas survécu à la crise financière de la fin des années 1980, l’Algérie est en train de recréer les mêmes entreprises et le même schéma économique qui a conduit à sa faillite: les offices, les entreprises publiques, etc», explique M.Gharnaout -économiste et expert financier- ;Récemment, le gouvernement algérien avait annoncé la validation d’un programme de réhabilitation de plusieurs entreprises publiques ayant un potentiel et un marché. Même si le monde a changé du point de vue économique d’une manière quasi totale tant au plan de sa structure que de son fonctionnement, d’une part, et que la structure économique de l’Algérie a également complètement changé depuis le début des années 1980 (le privé représente 99% des entreprises en fonctionnement et plus de 80% de la valeur ajoutée 86 M. Boukrami., « Ali Boukrami : “L’Algérie peut réaliser une croissance économique à 2 chiffres” », el moudjahid du 06fevrier2011. des secteurs hors hydrocarbures) d’autre part, elle continue d’être gérée de la même manière que dans les années 1970. C’est une politique économique à contresens du courant mondial. C’est du donquichottisme qui ne peut conduire qu’à son épuisement et à sa mort selon une analyse des experts en économie87 . L’Etat ne sait plus sur quel pied danser Avec un potentiel industriel déstructuré et l’ouverture brutale de l’économie. Un projet d’un mégaministère des statistiques pour l’élaboration d’une stratégie économique cohérente à long terme est un élément indispensable ; aller vers une ouverture économique tout en préservant le rôle de l’Etat est l’une des perspectives que veut atteindre l’Algérie. Actuellement la commission chargée des choix stratégiques pense que les secteurs considérés comme stratégiques sont loin de répondre aux besoins d’une véritable vision économique à long terme en Algérie. « On ne peut pas se baser uniquement sur les secteurs de l’industrie électrique et électronique et la pétrochimie dans une stratégie qui s’étalera jusqu’à 2015 », on reproche à l’Etat d’avoir marginalisé complètement les industries manufacturières, une erreur de miser uniquement sur une industrie lourde sans pour autant mettre en valeur l’industrie manufacturière et les métiers de service , Sans le développement des métiers de services, il est difficile, voire impossible de développer un tissu industriel. Il faut mettre en valeur le rôle du secteur privé et de la PME dans le développement du tissu industriel en Algérie. Il faut intégré d’autres secteurs comme celui du textile, de l’industrie de l’eau et des énergies renouvelables et de la chaudronnerie dans la listes des secteurs stratégiques. Il faut limiter la part des opérateurs étrangers dans la prise des capitaux. Et de mettre en valeur les entreprises nationales afin d’encourager la production locale. Il faut mettre en adéquation les capacités bancaires du système avec les besoins de financement de l’industrie pétrochimique et pharmaceutique ainsi que l’agro-alimentaire.