La place du père dans la prise en charge de
l’interruption médicale de grossesse
Le parcours d’interruption médicale de grossesse
Les CPDPN*
Le processus décisionnel d’une interruption médicale de grossesse peut varier en fonction des situations cliniques rencontrées. Le diagnostic prénatal peut : – être programmé pour des couples ayant des antécédents personnels ou familiaux de pathologie(s) génétique(s). – faire suite à un dépistage systématiquement proposé, par exemple dans le cadre de la trisomie. – être demandé suite à une anomalie détectée lors d’une échographie systématique. Lors de la découverte d’une anomalie au cours d’une échographie par exemple, la frontière entre pathologie et variant de la normale est imprécise. Un parcours plus ou moins long s’engage alors afin de préciser le diagnostic et le pronostic de la pathologie rencontrée. C’est d’ailleurs là, toute l’importance de l’absence d’un âge gestationnel limite pour envisager une interruption médicale de grossesse en France.
L’entretien pré-IMG*
Une fois l’autorisation d’interruption délivrée, se déroule la consultation préinterruption médicale de grossesse. Cette consultation constitue un moment clef de la prise en charge. Elle a pour but de transmettre au couple toutes les informations relatives au déroulement d’une interruption médicale de grossesse, ainsi que des informations administratives.
L’accouchement
La voie d’accouchement est fonction notamment de l’âge gestationnel. En effet, au premier trimestre, cela peut se réaliser par curetage ou par induction médicamenteuse de l’accouchement. Au-delà du premier trimestre, en France, une induction médicamenteuse du travail et de l’accouchement est le plus souvent réalisée. Le but de cette prise en charge sera donc de raccourcir au maximum la durée du travail, tout en assurant une analgésie maternelle suffisante et en préservant son pronostic obstétrical ultérieur. d. Le geste de fin de vie L’indication d’un geste de fin de vie, ou fœticide, dépend de l’âge gestationnel et de la pathologie. Il est réalisé avant l’accouchement, lorsque l’interruption médicale de grossesse a lieu au-delà du seuil de viabilité défini par l’OMS*, soit au-delà de 22 semaines d’aménorrhées. (6) Rappelons que le fœtus d’après le droit français n’a pas de personnalité juridique, l’objectif est donc d’éviter la naissance d’un enfant, reconnu alors comme une personne. Dès lors, toute atteinte contre sa personne serait considérée comme un homicide.
La parentalité
La parentalité d’après Houzel correspond au fait d’être parent, selon trois dimensions différentes : (7) – L’ « exercice » de la parentalité qui renvoie à une définition juridique. – La « pratique » de la parentalité qui renvoie à la personne qui prend soin de l’enfant. – L’ « expérience » d’être parent qui renvoie à un sentiment plus subjectif, au lien vécu avec l’enfant. 5 Si la maternité est un principe plutôt bien connu, souvent étudié et abordé, la paternité est encore un concept plus flou, moins connu, et pourtant tout aussi riche et complexe. L’annonce d’une grossesse est une promesse en paternité de la femme à son compagnon. A la différence de la femme, où les remaniements psychiques sont intimement liés aux modifications corporelles, Freud nous rappelle dans L’homme Moïse et le monothéisme, que l’appropriation de cet évènement par l’homme relève d’un processus de pensée. L’accès à la paternité est donc un travail psychique. (8) Celui-ci peut se définir comme l’appropriation du devenir père. Il est donc amorcé par l’annonce de la grossesse, renforcé par l’image échographique, confirmé par l’accouchement, actualisé à la vue du bébé à la naissance. (9) Ceci signifie que ce travail psychique a pour but la construction graduelle de la préoccupation paternelle primaire qui correspond à la capacité du futur-père puis père à s’adapter aux besoins de la future-mère puis mère ainsi qu’à ceux de l’enfant.
I) Introduction |