La place des transports dans la vie des
relations Ville-Campagne
Analyse Conceptuelle
Il semble aussi nécessaire de revoir le sens des termes clés employés pour une meilleure compréhension du sens du thème de recherche. Transport : Désigne en termes simples le déplacement de personnes, de marchandises, de capitaux, d’informations par un moyen de transport d’un point à un autre. En effet depuis la révolution industrielle les transports ont connu un développement fulgurant. Ils sont les facteurs, en même temps le vecteur de la mondialisation des échanges qui a atteint aujourd’hui un niveau sans précédent grâce au développement simultané des moyens technologiques, l’amélioration en termes de vitesse et de capacité des véhicules. Les transports sont aussi accusés à tort ou à raison d’être un des facteurs favorables au développement et à l’étalement urbain avec un effet pervers sur l’environnement. Le transport aussi se définit comme l’ensemble des « Dispositifs, modes et moyens permettant l’acheminement de personnes ou d’objets matériels d’un lieu vers un autre. Par extension, ensemble des moyens de la mobilité, l’une des trois modalités de gestion de la distance (avec la coprésence et la télécommunication). »10 En effet, selon le Dictionnaire de la Géographie et de l’espace des sociétés, « Les transports impliquent le port, c’est-à-dire le déplacement d’un individu ou d’un objet, qui, une fois à destination, ne sera plus présent au lieu d’origine ». « Sans transports, pas de géographie. » Avec les moyens matériels et les télécommunications, les transports constituent une entrée technique majeure dans la compréhension et l’organisation de l’espace, de son évolution et de son 10 Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés sous la direction de Jacques Levy et de Michel Lussault publié aux Editions de Belin en 2003. 12 fonctionnement. Ils contribuent au développement des relations entre les sociétés et les espaces et renfoncent la relation entre ville et campagne. Relation : La réalité sociale est un ensemble formel de relations. La relation est plus importante que les éléments qu’elle relie. Et même, les éléments prennent sens à travers la relation. Raison de plus pour légitimer la géographie des transports, voire en faire un champ d’études prioritaire. Rapport d’une chose à une autre, le rapport qui est entre deux personnes, entre deux choses que l’on considère ensemble, et respectivement l’une à l’autre. Donc l’appréhension ici est systémique pour mieux ressortir la valeur du transport dans le développement des relations. Les relations ville/campagne ont marquées ces dernières décennies des changements radicaux. En effet, ces relations étaient jadis un rapport de puissance de la ville sur le monde rural alors qu’aujourd’hui on tend plus vers une certaine complémentarité entre les deux espaces avec des échanges réciproques de ressources variées. Dans cette dynamique d’interactions et de synergies, les relations entre ville et le milieu rural sont conditionnées par le modèle classique de la complémentarité. Car pour les zones rurales, les villes remplissent le rôle de « centres de prestations de services et de marchés pour écouler la production agricole de même qu’elles offrent des emplois » dans divers d’autres secteurs d’activité alors que le milieu rural assure l’approvisionnement en matières premières et de travailleurs. Cette configuration continue d’animer cette relation complexe d’interactions reliant ainsi les deux espaces par des flux de personnes, de biens, d’argent, d’informations et de ressources. Ville : La difficulté de définir la ville tient à ses propres caractéristiques liées notamment à la taille, aux fonctions diverses avec une certaine autonomie de gestion tel que le soutiennent les géographes à l’image de Pierre Georges. La ville apparaît ainsi comme « un groupement de populations agglomérées caractérisé par un effectif et une forme d’organisation économique et sociale ». Elle suscite l’intérêt des géographes, des économistes, des sociologues qui tentent d’en donner une définition conceptuelle. En effet, l’économiste marxiste Aydalot propose une définition concrète : « cadre d’exercice d’une fonction sociale ; élément fonctionnel d’un système économique (…) ». Qui dit système dit relations. Les villes constituent des points essentiels, des nœuds de ce système dans la configuration de l’espace économique et des relations sociales et politiques. Jacqueline Beaujeu-Garnier (1989) renvoie la définition de la ville dans chaque pays comme une concentration d’habitations et d’homme ayant l’impression d’être en ville. S’intéressant ainsi à son contenu dans « Les espaces urbains dans le monde », Beaujeu-Garnier la définit comme « une organisation médiatrice entre les industriels et groupes sociaux d’une part et le milieu extérieur d’autre part. Il 13 n’y a de ville que s’il y a noyau susceptible d’unifier, de dominer, d’organiser la périphérie », il apparaît donc clairement un rôle central attribué à la ville en tant que lieu de contact attractif producteur de liens sociaux et économiques entre différentes parties prenantes. Et lorsque Paul Claval (1974), s’interroge sur la ville en tant qu’ « une organisation de l’espace qui a pour but de favoriser le développement des relations sociales et de les maximiser », Gabriel Wackerman (2005) donne un élément de réponse dans le « Dictionnaire de géographie » quand il parle d’une « Agglomération aux fonctions quasi exclusivement non agricoles, formant une centralité par rapport à l’espace rural ambiant, auquel elle confère une certaine impulsion ; la ville est structurante d’espace. » Distinguer ce qui est une ville et ce qui ne l’est pas n’est jamais un exercice facile à cause des divergences de conception selon les critères, selon les pays. En France, les villes et agglomérations urbaines sont distinguées sur le critère de conduite de l’habitat. Les agglomérations peuvent donc être constituées d’une ou plusieurs communes sur le territoire desquelles une zone agglomérée contient plus de 2000 habitants. Les villes sont surtout marquées par une forte concentration de population humaine et une prédominance d’activités du secteur tertiaires, secondaire (ville industrielle) avec un gradient d’urbanité facilement perceptible. L’INSEE en 1954 fournit une définition quantitative du concept de ville comme l’unité urbaine. En effet, est urbain “ tout ce qui s’inscrit de la continuité du cadre bâti des territoires urbains. » L’INSEE précise la zone bâtie comme un ensemble de maisons dont aucune n’est distante de la plus proche de plus de 200 mètres et qui comprend au moins 50 personnes. Cette définition (1976) est complète par celle fournie par Max Derrau (1976) : »La ville est une agglomération importante, aménagée pour la vie collective (cet aménagement constitue l’urbanisme) et dont une partie notable de la population vit d’activités agricoles ou non agricole. » Elle met en exergue l’élément fondamental des rapports ville-campagne. Campagne : elle est surtout caractérisée par la marque des activités rurales agricoles. Mais aujourd’hui la question de sa définition semble tenace à cause des bouleversements et évolutions majeurs survenus au cours de ces dernières décennies au niveau des espaces ruraux, surtout celle périphériques aux grandes villes. La campagne se reconnaissait par ses pratiques agricoles et son paysage qui se définisse par opposition au paysage urbain. Donc est rural tout ce qui n’est pas urbain ; une définition simpliste qui cache des réalités bien plus complexes dans un contexte d’interdépendance et de forte croissance urbaine.
REVUE DE LA LITTERATURE
Pour réellement parvenir à dominer les contraintes spatiales, il est nécessaire à une société de s’offrir les moyens techniques adéquats et un système de transport efficace afin de circonscrire son espace. Ce qui n’est possible qu’avec l’évolution technologique qui doit être accompagné d’une volonté politique accrue des autorités d’encadrer les actions publiques et de soutenir les initiatives privées P. Merlin (2000). L’abondance des produits agricoles et animaliers dans le marché de Dahra démontre le rôle très important des transports et en dévoile en même temps les limites de sa fonction quand on estime la quantité potentielle de production durant la période hivernale surtout en lait et en bétail. La géographie des transports essaie de mettre en évidence les attributs de l’espace, ses contraintes avec l’origine, la nature, la destination ainsi que la motivation du mouvement, Rodrigue, J-P et al (1998), par-là mettre en valeur toue l’activité de l’homme. Dans cette partie du bassin du Ferlo, les activités dominantes sont l’élevage suivi de l’agriculture. Ainsi l’espace des marchés crée un environnement propice au développement des échanges rendu possible en partie grâce à un recourt aux services de transport. Les transports remplissent une demande de mobilité c’est-à-dire ils n’ont de sens que s’ils assurent leur fonction de support des flux générés par l’activité humaines, à travers lesquels ils produisent des relations entre les agents économiques, entre les acteurs spatiaux, les sociétés et par conséquent produisent et façonnent l’espace.13 Ainsi, la fonction des transports résiderait-elle seulement dans leur capacité à circonscrire l’espace dans le but de l’abolir, en offrant des moyens de capacité illimités et disponibles à tout instant, Pierre Merlin (1992) ? L’espace géographique représente une contrainte pour la construction des infrastructures de transport, pour la mobilité. Le transport reste une activité économique différente des autres : on y échange de l’espace contre du temps…. Le transport est aussi bâtisseur des modes de vie, des espaces, des relations sociales utiles à la planification et à la gestion intégrée du développement territorial, à la sécurité. Ils sont les vecteurs les plus visibles de l’intégration des territoires et le moteur de la mondialisation. 13 Bernard Fritsch, Réseau routier national et développement économique régional : une approche fonction de production revisitée. 16 Ils revêtent une importance capitale dans les nouvelles recompositions et relations territoriales qui affectent tous les échelons territoriaux – global, national, régional, local. Les transports sont définis comme un service relié aux activités socio-économiques des individus, des institutions et des corporations de sorte qu’ils paraissent invisibles aux yeux du consommateur alors qu’en réalité ils sont partie intégrante de toute fonction économique et sociale, Rodrigue, J-P et al (1998). C’est dans ce sens qu’une étude sur les transports, quel que soit la discipline concernée, invite toujours à une analyse géographique car le transport reste une activité intrinsèquement liée à l’espace et implique des mouvements spatiaux, la distance, la division et la densité. Dans ce cas, l’analyse géographique des transports nous permettra de révéler, dans cette étude, leur rôle et l’importance de leur maîtrise dans la spatialité de la population, de la population rurale en particulier ainsi que dans leur relation avec les zones urbaines de proximité. Elle « réunit l’ensemble des conditions et des pratiques de la vie individuelle et sociale qui sont liées à la position des individus et des groupes relativement les uns aux autres. Un postulat fondamental de la géographie est que ces positions relatives (ou géographiques) déterminent, en probabilité ou en partie, la forme et l’intensité des relations sociales »14. De là s’établit également le rapport d’organisation des villes sur le fonctionnement des activités économiques, leur localisation et sur les liens entre ville et campagne. En effet dans les espaces ruraux qui sont souvent les espaces de production, la fonction des transports est aussi primordiale car ils servent de moyens d’exploitation et de commercialisation des produits. « Le transport rural comporte des activités qui se déroulent au niveau du gouvernement central ou local, de la communauté ou du ménage. Il s’effectue par voie terrestre ou navigable. En général, les réseaux routiers des zones rurales sont en mauvais état. Parfois, ils sont difficiles à entretenir et utilisables seulement de façon saisonnière. En zones rurales, on se déplace en véhicule motorisé, en motocyclette, en charrette tirée par des animaux de trait, en bicyclette, à la rame ou à pied. La plupart des routes utilisées ne sont pas faites pour des véhicules à moteur. En effet, de nombreuses ‘routes’ s’avèrent être de simples pistes, chemins, sentiers ou passerelles. On se déplace essentiellement à pied, suivi de la traction animale et enfin des véhicules à moteur ». Cet état des lieux de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture – FAO révélateur des conditions dans lesquelles se trouve le transport en milieu rural dans les pays en développement dresse une logique à laquelle le Sénégal n’échappe guère
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