Sur le plan économique, les forêts sont des ressources primaires et elles fournissent aux hommes des nourritures, des plantes médicinales, des matières premières dont les bois (Fleury M. F., 2000); et même elles participent au développement du secteur touristique. Pour de nombreuse population surtout dans les pays en voie de développement, les forêts constituent une source de revenu importante et potentiellement durable, et contribue ainsi à la réduction de la pauvreté. Mais dans notre analyse, on se limitera à la filière bois.
Grâce à la mondialisation, on assiste à l’ouverture des frontières dans le monde et avec elle, le développement des commerces internationaux. Ceci a permis ainsi à l’essor de l’exploitation et la commercialisation des bois. En effet, il ne faut pas surtout oublier que le bois est parmi les principales ressources naturelles le plus utilisé dans le monde après le minerai de fer et le pétrole et il est le seul à être renouvelable (Madras A., 1976). Les échanges internationaux des bois et produits dérivées occupent une place importante au même titre que les produits agricoles (Buttoud, 1986). Cette situation a contribué à la surexploitation de la forêt mondiale dont la pression est encore plus forte dans les pays en voie de développement et Madagascar en fait partie.
Dans un temps, Madagascar a été nommée une « île verte ». La forêt couvrait plus de 20% du territoire malgache. Mais actuellement, elle est devenue une « île rouge». Certes, dès 1920, Perrier de la Bâtie a constaté que 200 000 ha de formations forestières sont détruites par an à Madagascar. Et à ce rythme, en 2015, il ne restera plus que 6 millions d’ha de forêt à Madagascar (Ramamonjisoa B., Montagne P., 2006). Alors que les forêts malgaches sont très réputées pour ses endémicités. Il est vrai qu’il existe d’autres facteurs de la déforestation dont les ravages du feu et les activités agricoles mais l’exploitation des bois joue un rôle important dans la dégradation de la forêt (Buttoud G., 1995).
La place de la filière bois dans l’économie mondiale
Le bois est une matière première et l’une des principales ressources naturelles du monde après le minerai de fer et le pétrole. De plus, il est le seul à être une ressource naturelle renouvelable (Madas A., 1976). Il est l’un des premiers matériaux utilisés par l’homme. Et les bois tropicaux sont les plus recherchés et utilisés dans le monde. Depuis 1960, les commerces des bois s’est développé pour satisfaire les besoins croissants en bois et produits dérivée (BPD) de l’Europe de l’Ouest et le Japon (Buttoud G., 1995). Cet accroissement de la demande peut être expliqué par la pression démographique et l’industrialisation (Fleury M. F., 2000).
On estime à 3410 milliards d’hectares de forêts mondiales et que les forêts tropicales représentent 1200 millions d’hectares. Les forêts tropicales se repartissent avec : 56 % en Amérique, 25 % en Asie et 18 % en Afrique. Pour cette totalité de forêt tropicale, 75 % sont exploitable à des fins commerciales qui se repartissent :
– 80 % sont des bois venant de l’Asie car leurs forêts sont très homogènes.
– 15 % viennent de l’Afrique à cause des difficultés d’extraction des essences ;
– 5 % des bois sont des bois provenant de l’Amérique Latine. Ceux-ci sont à cause de l’hétérogénéité de la forêt Sud-américaine qui complique l’exploitation. Et en plus, l’exploitation dans cette région n’a débuté que récemment (Fleury M. F., 2000).
Toutefois, en 1984, le commerce mondial de ces produits a porté près de 50 milliards d’USD (FOB), qui a légèrement baissé par rapport en 1980 pour une valeur de 55 milliards d’USD. Certes, cette valeur ne représente que le 2,6% du total des exportations mondiales mais, elle est légèrement supérieure aux exportations de céréales à 2,2% (la céréale est bien de nourriture donc bien de première nécessité). Donc, elle n’est pas négligeable (Buttoud G., 1986).
En effet, les différents produits de l’industrie de bois sont essentiels au développement économique mondial :
✔ les différents papiers d’emballage et cartons ainsi que les bois de sciage et de placage utilisé pour l’emballage, représentent dans les pays développés près de la moitié de tous les emballages utilisés et cela malgré le progrès des matières synthétiques.
✔ Le bois a un rôle important dans l’industrie du bâtiment. Comme en Amérique du Nord par exemple, les trois quarts des immeubles d’habitation sont des maisons individuelles bâties au moyen des dérivés modernes du bois, sans parler des pays Scandinaves et au Japon.
✔ Pour le bois de chauffe, même si il n’a plus d’importance dans les pays développé, c’est encore le cas dans les pays en vois de développement car il est toujours un combustible indispensable.
En gros, le bois est plus ou moins présent dans chaque domaine de la vie (Madas A., 1976).
Par ailleurs, ce sont les pays développé qui sont les plus grands consommateurs du bois car plus de trois quarts de la demande vient des Etats-Unis, de l’Europe et du Japon. C’est pour cela que le commerce international de BPD est le fait des pays développé car ils assurent à eux seuls 89% des pâtes, papiers et cartons et 81% de sciages et panneaux. Ceux-ci sont du fait que la production et la transformation des bois nécessitent une accumulation importante du capital c’est-à dire la nécessité de disposer de ressources financières suffisantes. Prenons le cas du marché de pâtes à papier qui fonctionne en oligopole. D’ailleurs, les pays développés ont le pouvoir de manipuler les marchés internationaux de BPD. Sûrement, ils sont les plus gros producteurs et consommateurs des BPD. Puis, comme l’industrie du bois implique une concentration de capitaux, ce sont les firmes multinationales qui contrôlent ces marchés car ce sont eux qui détiennent les capitaux et investissent partout dans le monde. Et vient enfin la dépendance technologique où la production est à grande échelle (Buttoud G., 1986).
Par conséquent, le marché de BPD reflète clairement la division du travail car les pays en voie de développement ne font que ravitailler les pays développés en matière première (bois en grumes) afin qu’ils les transforment. Mais cela n’empêche que dernièrement, avec l’industrialisation de certains pays du tiers monde, la donne à changer. En effet, les pays d’Asie du Sud-Est exportent déjà des bois transformés tels que les sciages, les contreplaqués (Buttoud G., 1995).
De plus, on assiste aussi à la croissance du commerce des bois de l’Amérique Latine. L’Amérique Latine possède les plus grande ressources forestière dans le monde avec 25% et qu’il détient 56% des ressources forestières tropicaux (Marie-Françoise F., 2000). Il y a aussi le fait que la plupart de ces pays d’Amérique Latine sont des pays émergents. Donc, ils ont la capacité de faire une exploitation forestière de grande envergure, sans parler, du rôle important de l’Etat dans le développement du secteur forestier dans ces pays. Pour le cas du Brésil, l’Etat a interdit l’exportation des bois en grume à faible valeur ajouté. Il a opté plutôt pour l’exportation des bois transformés avec une meilleure valeur ajoutée. Le brésil est devenu ainsi exportateur de pâte, dont ses principaux clients sont les Etats-Unis, et il commence seulement à exporter des sciages de qualité. Il parait en plus être un concurrent potentiel pour les sciages africains dont le commerce ne cesse de diminuer (Buttoud G., 1995). En effet, les bois africains souffrent surtout de la concurrence des pays d’Asie du Sud-Est (Buttoud G., 1991).
La structure de la filière bois
La filière bois rassemble toutes les activités de transformation ou de production, de transport et de commercialisation du bois (Ramamonjisoa B., 1992). Plus précisément, elle implique en amont la production des bois sur pied vers l’aval où il existe des différentes utilisations du bois en produit fini ou semi-fini. L’étude de la filière bois nous permet d’analyser le comportement socio-économique des agents économiques et des valeurs financiers mises en jeu. En général, il existe 4 compartiments d’activités dans la filière bois :
– La sylviculture
– L’exploitation forestière
– La première transformation
– La seconde transformation .
La sylviculture
La sylviculture englobe l’ensemble des activités qui assurent la production des bois sur pied. Elle désigne plutôt l’activité de boisement et de reboisement.
Le boisement c’est l’établissement d’une forêt par le biais d’une plantation et/ou ensemencement sur des terrains qui n’a pas la structure d’une forêt. Contrairement, le reboisement est l’établissement d’une forêt par la plantation et/ou ensemencement sur des terrains déjà classifiées forêt (FAO, 2010). Dans ce cas, il est nécessaire aussi de définir une forêt. Selon la définition du FAO, la forêt désigne les terres ayant une superficie plus de 0,5 hectares et que des arbres atteignant une hauteur supérieur à cinq mètre s’y trouve avec un couvert arboré de plus de dix pour cent, ou avec des arbres capable d’atteindre ces seuils (FAO, 2010).
Ainsi, la récolte est très importante pour en assurer la durabilité de l’exploitation forestière. Alors, il est nécessaire de faire le suivi des plantations. Et elle requiert beaucoup d’investissement en temps et en argent. En effet, les pépinières coutent un peu cher l’unité alors qu’on a besoin des milliers de pépinières pour une parcelle de forêt. De plus, l’entretien des plantations demande beaucoup de temps aussi car pour atteindre la maturité, il lui faut au moins 100 ans. C’est pour cela que la forêt est classée comme étant une ressource renouvelable pour un cycle de 100 ans. C’est ainsi que la sylviculture est plutôt réservée à l’Etat et des ONG nationaux et internationaux.
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