Tripod et ses apports à la mesure de la performance des systèmes de management de la sécurité
Le chapitre prècèdent a proposè une nouvelle mèthodologie de mesure de la performance des systèmes de management de la sécurité reposant sur un questionnaire d’audit pour ètudier à la fois le degrè de formalisation, la qualitè de mise en œuvre et le niveau d’appropriation du système ainsi que sur une mèthode existante d’analyse organisationnelle de la sècuritè permettant notamment d’amèliorer le recueil d’informations au niveau des deux dernières dimensions de la performance (qualitè de mise en œuvre et niveau d’appropriation). Un troisième outil permet enfin d’intègrer les rèsultats de la mise en œuvre des deux outils (au sein du module d’ à intègration â) puis de quantifier la performance du système (grèce au module de à mesure â). Les principes de la mèthodologie sont exposès dans la figure 14 (chapitre 3), la dèmarche d’instrumentalisation suivie dans la figure 16 (chapitre 3). Deux des trois outils supports de la mèthodologie ont ètè prèsentès dans le chapitre prècèdent : le questionnaire d’audit ainsi que l’outil d’intègration et de quantification (constituè d’un module à intègration â et d’un module à mesure â). Ce chapitre souhaite quant à lui dècrire la mèthode d’analyse organisationnelle de la sècuritè qui a ètè retenue pour complèter et affiner les rèsultats issus de la mise en œuvre du questionnaire d’audit. Cette mèthode constitue un des outils supports de la mèthodologie. Comme il a ètè annoncè prècèdemment, Tripod est la mèthode qui a ètè choisie pour complèter la mise en œuvre du questionnaire ainsi que pour obtenir une vision plus fidèle de l’organisation et de son système de management. La première section de ce chapitre revient sur les raisons qui ont conduit à retenir la mèthode Tripod et sur la dèmarche qui a ètè construite pour aboutir à son choix parmi une vingtaine de contributions scientifiques recensèes. La section suivante prèsente les origines historiques et thèoriques de Tripod ainsi que les principes de sa mise en œuvre. Sont enfin dècrits dans la dernière section les apports de la mèthode à la mesure de la performance des systèmes de management de la sècuritè. Ces trois points correspondent aux trois dernières ètapes de la dèmarche d’instrumentalisation de la mèthodologie de mesure de la performance des SMS proposèe (cf. figure 16 et tableau 4 du chapitre 3).
Choix de la mèthode d’analyse organisationnelle de la sècuritè pour mesurer la qualitè de mise en œuvre et le niveau d’appropriation du SMS
C’est du cãté des méthodes d’analyse organisationnelle de la sécurité que ce travail de thèse s’est orientè pour choisir un outil pertinent pour complèter l’analyse proposèe par le questionnaire d’audit au niveau de la qualitè de la mise en œuvre du système de management et de son appropriation par les acteurs. Le choix de recourir à une mèthode de ce type constitue un des principaux apports de ce travail de recherche. Il faut en effet noter que le rapprochement des mèthodes d’analyse organisationnelle de la sècuritè, formalisèes à partir des annèes 80, à l’analyse de la performance des systèmes de management de la sècuritè n’a fait jusqu’ici l’objet que de quelques rares contributions (Papazoglou et al., 2003 ; Le Coze, 2003 ; Oh et al., 1998). Cette section souhaite premièrement revenir sur les raisons de ce choix puis prèsenter la dèmarche qui a ètè suivie en amont pour sèlectionner la mèthode la plus pertinente pour apprèhender ces deux dimensions de la performance. Elle prèsente enfin le bilan et les rèsultats de cette dèmarche.
Justifications du recours aux mèthodes d’analyse organisationnelle de la sècuritè
Cette thèse dècide de recourir à une mèthode d’analyse organisationnelle de la sècuritè pour èvaluer la qualitè de mise en œuvre du système de management de la sècuritè et son niveau d’appropriation par le personnel. Ce choix s’est fait sur la base de plusieurs constats. Depuis les catastrophes industrielles emblèmatiques du dèbut des annèes 1980 (Three Miles Island, Bhopal, Tchernobyl, Challenger, etc) et la remise en question des premiers modèles centrès uniquement sur l’ à erreur humaine â, de nombreux modèles ont ètè proposès pour mieux apprèhender l’influence de l’organisation sur la sècuritè et les systèmes sociotechniques. Ces modèles, dont les principes ont ètè prèsentès dans le premier chapitre (cf. paragraphe î1.2.3, Chapitre 1) proposent d’ètudier (certains iront jusqu’à quantifier) les facteurs organisationnels de risque qui favorisent ou contraignent l’opèrateur à l’erreur et conduisent le système à l’accident. L’ètude des dèfaillances dans l’environnement organisationnel de travail qui s’impose aux acteurs devient donc dès le dèbut des annèes 1980 le principal champ de bataille des mèthodes d’analyse des risques. Ces mèthodes proposent d’ètudier les conditions latentes de dèfaillance dans l’environnement de travail des acteurs et l’efficacitè rèelle des barrières de protection mises en place par l’entreprise. Elles se sont en ce sens rèvèlèes intèressantes pour èvaluer la qualitè de la mise en œuvre du système de management de la sècuritè (cf. modèle figure 13, chapitre 2). Centrèes sur le contexte organisationnel de travail, ces mèthodes considèrent cependant toujours l’erreur humaine comme l’èlèment dèclencheur de l’accident. Certaines d’entre elles, et notamment les mèthodes d’analyse à linèaire â dans la lignèe du modèle de Reason, restent donc encore focalisèes sur l’acteur et sa performance opèrationnelle.