La notion d’éthique des affaires
Emergence de l’éthique des affaires La notion d’éthique fleurit depuis la deuxième partie du XXe siècle. L’éthique est une notion large. Dans la philosophie antique on abordait l’éthique sous le terme de la morale. Considérée au moyen-âge par Saint Thomas d’Aquin notamment, elle est apparue plus précisément comme une science de la morale avec les travaux de Descartes85, finalement c’est Kant86 qui posera les bases de l’éthique telle qu’on la considère aujourd’hui, une éthique qui s’appuie sur des notions telles que morale et devoir. Habermas continua les travaux de Kant et fit la distinction entre la morale et l’éthique. La protestante a intégré le souci éthique à la vie économique. Selon Max Weber : le profit se change en signe de bénédiction et le travail est revêtu d’un acte éthique, c’est pendant cette période que sont nés « les fonds de placements éthiques ». L’éthique des affaires fait partie de ce que l’on appelle « l’éthique appliquée » qui regroupe nos considérations modernes sur les questions sociales, commerciales et environnementales87 . On a tendance à distinguer deux approches complémentaires de l’éthique des affaires. La première d’inspiration anglo-saxonne, est normative (à travers les concepts de la morale), ce sont les notions de « business ethics » 88. La seconde correspond à l’approche dite « européenne » et se constitue d’une éthique plus pratique et positive c’est la notion de « real ethics » 89. La tendance des dernières décennies a été d’intégrer toujours plus ces notions au sein des entreprises. L’éthique des affaires en tant qu’éthique appliquée invite à la subjectivité, selon qu’elle soit vue à travers les yeux du salarié, de l’état ou de la société. Ce qui engendre des conflits d’intérêts sur les questions d’éthique des affaires, néanmoins celle-ci doit être regardée avec pour objectif de concilier ces conflits d’intérêts potentiels.90 Le domaine de l’éthique des affaires a un recouvrement avec la philosophie des affaires dont l’un des objectifs est d’identifier les finalités fondamentales d’une entreprise.
Définitions des facteurs clés : éthique morale et déontologie
La déontologie
Etymologie : de l’anglais deontology, venant du grec deon, ce qu’il faut faire, devoir, et de logos, science, discours, parole. La déontologie est l’ensemble des règles ou des devoirs régissant la conduite à tenir pour les membres d’une profession ou pour les individus chargés d’une fonction dans la société. Qu’elle soit imposée ou non par la loi, elle constitue la morale d’une profession. C’est le cas par exemple pour les professions médicales (serment d’Hippocrate), les journalistes (charte deMunich), les avocats… Un code de déontologie professionnelle est ce qui régit l’exercice d’une profession. Il en décrit l’éthique ainsi que les droits et les devoirs de ceux qui l’exercent, de même que les rapports entre ceux-ci et leurs clients ou le public. L’éthique déontologique est une théorie philosophique selon laquelle chaque action humaine doit être appréciée selon sa conformité ou non à certains devoirs. Le déontologisme s’oppose alors au conséquentialisme, qui considère que les actions humaines sont à juger uniquement en fonction de leurs conséquences.
Ethique : Définition de l’éthique
Etymologie : du grec ethikos, moral, de ethos, mœurs. L’éthique est la science de la morale et des mœurs. C’est une discipline philosophique qui réfléchit sur les finalités, sur les valeurs de l’existence, sur les conditions d’une vie heureuse, sur la notion de « bien » ou sur des questions de mœurs ou de morale. L’éthique peut également être définie comme une réflexion sur les comportements à adopter pour rendre le monde humainement habitable. En cela, l’éthique est une recherche d’idéal de société et de conduite de l’existence. Selon le rapport de la mission française « Gauzere » le mot éthique est défini comme suit : « devant de nouvelles connaissances, l’homme doit faire des choix inédits. Il doit exercer de nouvelles libertés et assumer de nouvelles responsabilités. Il doit en fait se déterminer et adopter un comportement pour répondre aux nouvelles conditions scientifiques, techniques et sociales et aux progrès qui lui confèrent des pouvoirs sans précédent. Ce choix éthique ne peut résulter que d’un questionnement par référence à des valeurs morales, philosophiques ou religieuses ».Pour J. Benoitest éthique ce qui est : Altruiste (rapport aux autres) : respect, écoute, solidarité, service, primauté du devoir sur le droit. Loyal : honnête, de bonne foi, sincère. Universel : non sélectif au niveau affectif, philosophique et géographique. Gratuit (rapport à soi) : ne rien attendre en retour si ce n’est le plaisir de faire sinon nous sommes dans la manipulation. L’éthique peut alors être définie comme la recherche du bien dans l’agir de l’homme, elle offre le choix et la distinction entre le bien et le mal.
Morale Définition de la morale
Etymologie: du latin mores, mœurs. La morale est un ensemble de principes de jugement, de règles de conduites relatives au bien et au mal, de devoirs, de valeurs, parfois érigés en doctrine93, qu’une société se donne et qui s’imposent autant à la conscience individuelle qu’à la conscience collective. Ces principes varient selon la culture, les croyances, les conditions de vie et les besoins de la société. Ils ont souvent pour origine ce qui est positif pour la survie de l’ethnie94, du peuple, de la société. Si de tels principes sont en outre positifs pour l’ensemble des ethnies, des peuples ou des sociétés de la Terre, on peut les considérer comme faisant partie de la morale universelle. On distingue en général deux grandes conceptions de la morale : Objectiviste. Les lois morales ne dépendent pas de l’homme mais des lois de la nature, de « commandements divins » ou des lois de la raison. Elles ont un caractère universel, éternel, absolu, normatif. Elles ne peuvent être ni changées ni supprimées. Relativiste. Les valeurs morales ont une origine humaine. Elles sont définies par la société ou par l’individu lui-même et varient donc d’une société à l’autre. La philosophie morale aborde, avec la seule autorité de la raison, la question de la finalité de l’action humaine et cherche à éclairer les choix pratiques et en particulier la prise de décision : Que dois-je faire ? Qu’aurais-je dû faire ? Y a-t-il des limites à mes actions ? Les philosophes divisent la morale en trois domaines dont les limites ne sont pas toujours parfaitement fixées : Méta-éthique : entendue comme la recherche des origines et du sens de nos concepts moraux ; Morale ou éthique normative, qui concerne les critères de nos comportements (habitudes, devoirs, conséquences de nos actes) ; Morale ou éthique appliquée, application des deux premières à des problèmes spécifiques et controversés (par exemple, avortement, environnement, droits des animaux, etc.). Les termes « éthique » et « morale » ont des sens proches et sont souvent confondus. Distinction entre morale et éthique Etymologiquement le mot « éthique » est un synonyme d’origine grecque de « morale ». Il a cependant, de nos jours, une connotation moins péjorative que « morale » car plus théorique ou philosophique. Tandis que la morale est un ensemble de règles ou de lois ayant un caractère universel, irréductible, voire éternel, l’éthique s’attache aux valeurs et se détermine de manière relative dans le temps et dans l’espace, en fonction de la communauté humaine à laquelle elle s’intéresse. Dans « Le capitalisme est-il moral ? » (Albin Michel), le philosophe André Comte-Sponville distingue l’ordre moral de l’ordre éthique. Pour lui, la morale est ce que l’on fait par devoir (en mettant en œuvre la volonté) et l’éthique est tout ce que l’on fait par amour (en mettant en œuvre les sentiments).95 La morale est à l’éthique ce que le nord est à la boussole.96 Selon André Comte-Sponville la morale concerne l’opposition du bien et du mal comme valeurs absolues. C’est un fait de conscience. Elle s’impose comme un devoir que l’on ne discute pas (ne triches pas, ne voles pas…) elle est impératif et catégorique. Tandis que l’éthique concerne l’opposition du bien et du mal comme valeurs relatives à nos désirs et à nos intérêts. Alors la morale serait universelle tandis que l’éthique serait particulière. Selon lui, « La morale commande, l’éthique recommande ».