La notion d’espace dans les Instructions officielles

La notion d’espace selon le développement de l’enfant

L’espace n’est pas une notion innée. Sa construction est lente et progressive. Elle est le résultat d’une appropriation, d’un apprentissage qui se fait petit à petit, de la naissance à l’âge adulte. La construction progressive de cette notion mènera, mais pas seulement, à la géographie.
Définir l’espace semble un acte très difficile. Au sens commun du terme, l’espace est le milieu qui nous entoure, dans lequel nous vivons.
D’après R. Brunet1, « l’espace géographique est l’étendue terrestre utilisée et aménagée par les sociétés en vue de leur reproduction, non seulement pour se nourrir et s’abriter, mais dans toute la complexité des actes sociaux. Il comprend l’ensemble des lieux et de leurs relations. C’est donc à la fois un système de relations et un produit social organisé. »
Les individus tissent des liens avec les lieux. Tout le monde en fait un usage différent. On s’aperçoit rapidement que la notion d’espace est omniprésente dans la majeure partie des disciplines où l’Homme intervient.
La notion d’espace a fait l’objet de nombreuses recherches. Pour ce présent mémoire, nous retiendrons les travaux de Guy Brousseau, didacticien des mathématiques, et Jean Piaget, psychologue spécialiste du développement cognitif. Ces deux spécialistes mettent en lien la notion d’espace avec les stades de développement de l’enfant.

L’espace selon G.Brousseau

L’espace est une notion complexe, d’autant plus du point de vue d’un enfant. De fait, Brousseau a mis en place une catégorisation de l’espace en trois parties.
Il est primordial de prendre en compte ces différents types d’espaces pour adapter les activités proposées et permettre à l’enfant de s’approprier l’espace en fonction de son stade de développement.
– Le micro-espace :
C’est l’espace le plus proche de l’enfant. L’enfant est extérieur à celui-ci. L’individu peut percevoir cet espace de différentes manières : il peut le voir, le toucher, le déplacer. Il n’est pas utile de le représenter puisqu’il peut l’appréhender directement : l’espace de sa feuille est un micro-espace.
– Le méso-espace :
C’est un espace à taille humaine, l’espace des déplacements. Le méso-espace est celui privilégié au cycle 2 car il est le support de nombreuses activités visant à amener progressivement les élèves vers un niveau d’abstraction nécessaire dans le raisonnement géographique au cycle 3. Une représentation peut être utile pour appréhender le méso-espace par la maquette par exemple. Les méso-espaces peuvent être la classe, la chambre de l’enfant.
– le macro-espace :
Cet espace ne peut être perçu que de manière partielle, par des visions locales. Une partie des objets seulement est sous le contrôle de la vue. C’est l’espace dans lequel l’enfant et l’adulte, par la suite, évoluent. Pour appréhender cet espace, une représentation est indispensable, par le plan par exemple. Les macro-espaces sont le village, le quartier, la ville de l’enfant. Il fait intervenir des notions complexes qui ne seront vues qu’en Cycle 3.

Les représentation spatiales selon Piaget

Cette catégorisation est une approche psychologique relative au développement de l’enfant. Piaget distingue lui aussi différents types d’espace :
– l’espace vécu (jusqu’à 6 ans)
Le stade sensori-moteur (0 à 2 ans) : du début de sa vie jusqu’à son troisième mois, le bébé subit les déplacements qu’on lui impose. Suite à l’espace subi, l’espace sensori-moteur est caractérisé par la mise en place et le développement des sens et de l’action. En se déplaçant, l’enfant est capable de vivre physiquement l’espace. Il manipule les objets de l’espace mais ne parvient pas encore à analyser ce dernier.
Comme le dit L. Lurçat, « la connaissance directe de l’espace par la pratique quotidienne du jeune enfant étant faite principalement de déplacements exploratoires et de manipulation d’objets. »2 Les deux activités essentielles à ce stade sont la préhension et la locomotion.
Le stade préopératoire (à partir de 2 ans) : c’est à partir des expériences vécues que l’enfant parvient à percevoir l’espace sans que son corps n’ait besoin de l’expérimenter en même temps. C’est à ce stade qu’apparaît l’égocentrisme : c’est à partir de son corps que l’enfant se repère dans son environnement. Il faudra, par la suite, que l’enfant décentre sa vision pour acquérir une connaissance de l’espace.
– L’espace perçu (entre 6 et 11 ans)
Le stade des opérations concrètes : l’enfant est capable de percevoir l’espace sans forcément se déplacer. Il développe peu à peu une connaissance objective de celui-ci. C’est à partir de ce stade que l’enfant peut aborder la géographie à proprement parlée en situant les objets par rapport à des repères autres que lui-même. Les élèves commencent à se situer dans l’espace connu mais les espaces plus lointains sont encore difficiles à percevoir pour l’enfant.
Ce stade concerne les élèves de cycle 2.

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