La nécessité d’un développement accéléré de l’électrification rurale en Afrique
Comparé aux autres continents, l’Afrique est le continent où les taux d’électrification sont les plus bas. La situation est surtout grave dans les pays sub-sahariens (SSA) où le taux global (rural et urbain) d’accès est inférieur à 30 % comme le montre le schéma[2] suivant :Dans ces pays, le taux global est tiré vers le bas par le taux d’électrification rurale qui est de 11 % en moyenne. Mais, cette moyenne cache de fortes disparités suivant les pays comme l’illustre le graphique[3] ci-dessous :Ces valeurs suffiraient déjà à expliquer la volonté des Gouvernements africains de promouvoir l’accès à l’électricité sur tout leur territoire, en particulier dans les zones rurale
Le développement socio-économique dépend de l’accès à l’électricité
On peut établir un parallélisme entre le retard de l’électrification et le retard du développement économique et social de ces pays. L’électrification rurale répond en effet à des besoins de développement économique, d’équité sociale, et d’aménagement du territoire… des considérations éminemment politiques donc. Pour de nombreux responsables publics des collectivités locales, il n’y aura pas de développement local sans énergie électrique. Les projections mondiales démontrent à l’évidence le lien étroit entre consommation d’énergie par personne et niveau de développement humain, comme l’illustre le graphe[4] ci-après :L’amélioration de la gestion des infrastructures existantes constitue un véritable défi. Selon les enquêtes sur le climat de l’investissement (ECI), les problèmes liés à la fourniture d’électricité figurent parmi ceux qui affectent de manière significative la compétitivité des entreprises en Afrique subsaharienne. Ils sont considérés comme majeurs ou très sévères par 44,5 % des entreprises en Ouganda, 48,1 % au Kenya, 57,6 % en Tanzanie, 64 % au Mozambique et même 69,3 % au Bénin contre seulement 28,1 % en Chine. Seule l’Afrique du Sud tire son épingle du jeu, avec moins de 10 % des entreprises considérant l’absence d’accès à l’électricité comme un facteur de blocage pour leur croissance. Pour les entreprises africaines interrogées lors des ECI, l’absence d’énergie électrique est plus pénalisante pour leur développement que l’absence d’infrastructures de transport routier qui ne constitue une contrainte majeure ou grave pour le développement de leurs activités que pour 30 % d’entre elles en moyenne. Ces objectifs socio-économiques peuvent alors justifier, lorsque l’électrification rurale n’est pas financièrement rentable pour un exploitant, qu’il faille subventionner les investissements et même, comme au Burkina Faso, les consommations. Issue d’une volonté politique, la rentabilité financière ne doit pas être la condition préalable à l’investissement dans l’ER : c’est sa rentabilité économique et sociale qui importe. Le long terme doit s’imposer sur le court terme
Les objectifs du millénaire ne seront pas atteints sans accès à l’électricité
L’UNESCO a étudié les relations entre les taux d’accès à l’électricité de différents pays et leurs Indices de Développement Humain afin de montrer l’incidence de l’accès à l’énergie, et plus précisément à l’électricité sur l’atteinte des objectifs du millénaire. Il en ressort des graphiques très éloquents qui témoignent de relations directes entre le taux d’accès à l’électricité et les taux d’espérance de vie à la naissance, d’alphabétisation des adultes, et le taux de fécondité total (par femme), et le PIB par habitant[5]. Ces analyses démontrent sans ambiguïté qu’il n’est pas possible d’atteindre les objectifs du millénaire sans accroître l’accès à l’électricité dans les pays africains.