La nécessité du PIDR face au risque d’instabilité
Introduction
Un PDR génère systématiquement un risque moral, des coûts de fonctionnement, et, probablement, des créances non recouvrées – des pertes, incombant finalement aux contribuables 38 . Idéalement, ces coûts doivent être rapprochés du gain, en terme de stabilité, qu’il peut procurer (Repullo, 2004), puisque le PIDR peut réduire le risque de contagion (Chang & Velasco, 1999 ; Goodhart & Huang, 2000, op. cit.), voire stopper la dynamique auto-renforçante qui lie crises bancaires et dévaluations du change (Corrado, 2005, op. cit.). Les détracteurs du PIDR s’appuient sur les avantages de la discipline de marché, dont on a vu qu’elle était nécessaire malgré son imperfection, mais aussi insuffisante, dans la mesure où elle ne permet pas l’évitement des crises. Ce point de vue est contesté par Malkiel (2003), pour qui, en terme de fréquence, les bulles et les crises sont l’exception et non la règle, et, au niveau des ressorts profonds, ne sont que l’externalité négative produite par un système de marché flexible permettant, par ailleurs, d’optimiser l’allocation du capital. Ces détracteurs s’appuient aussi sur le coût des renflouements ; mais on peut sous-estimer le coût réel des crises. Selon Frydl (1999), la durée et le coût des crises diffèrent sensiblement selon les auteurs et les critères retenus39 : on tend à les sous-estimer, en n’observant que la durée du caractère systémique de la crise, omettant la période ultérieure pendant laquelle le secteur bancaire recouvre un certain degré de stabilisation, et négligeant les coûts indirects pour les gouvernements ou les économies, i.e. les baisses de demande agrégée induites par les hausses fiscales, voire les rationnements du crédit. Conformément au modèle présenté, voué à rapprocher les gains et pertes procurés par un hypothétique PIDR, l’auteur déduit qu’il est plus juste de mesurer le coût des crises en terme de perte de PIB qu’au moyen des seuls coûts budgétaires.
Présentation du modèle
Il est impossible d’approcher le gain – ou le coût – net consécutif à l’instauration d’un PIDR sur la base de l’existant. D’où une approche originale, susceptible de rendre compte de la dynamique endogène du marché, et une comparaison avec le système chapeauté par un PIDR, associé, via des incitations, à la prévention des crises. Face à la difficulté de mesurer ces incitations, nous privilégions une approche positive, sur la base d’hypothèses comportementales couramment admises. On présente un modèle permettant de rapprocher le coût de la crise, en terme de perte de capitalisation et d’attractivité bancaires, avec et sans PIDR. Dès lors qu’on dispose du montant de l’intervention, on peut évaluer le coût d’un renflouement. S’il est négatif, l’instauration du PIDR correspond à un gain net par rapport au statu quo. Ce gain à court terme ne doit pas occulter la prise en compte, à plus long terme, du risque d’aléa moral, mesuré par l’évolution ultérieure de la structure du secteur bancaire. 11. Cadre analytique40 Soit une petite économie ouverte constituée d’un continuum de banques41 i dont on observe le comportement à travers une période T subdivisée en trois souspériodes (t0), (t1) et (t2) : i = {1;…; j}. D’abord (t0), chaque banque, sur la base de ses dotations initiales ( ) Ei (assimilables à des fonds propres), et d’un endettement à court terme ( ) Di auprès d’investisseurs internationaux, effectue ses choix de portefeuille : une part ( ) α i est placée dans un actif domestique ( )i I illiquide, la part restante ( ) −α i 1 est placée dans un actif international ( ) M i liquide. Avec 1 0 ≤ α i ≤ : ( ) i i Ei Di I = α + 1( )( ) Mi = −α i Ei + Di i i i M i E + D = I + Le choix de ( ) α i reflète le degré d’aversion face au risque de chaque banque i puisque : Le placement( )i I est risqué. Il procure un rendement R en (t2), mais son éventuelle liquidation prématurée en (t1) implique un coût de liquidation κ (κ et R sont domestiques, donc communs), qui fait plus que compenser le rendement : 1( + κ ) > R > 1 i i RI RI < 1+ κ ( ) M i est un placement sans risque. Il génère un rendement nul en (t2), mais est disponible en (t1) sans coût. A la période intermédiaire (t1), l’endettement ( ) Di de chaque banque implique le versement d’un taux d’intérêt( )i r , soit la rémunération d’un montant ( ) iDi r . Afin d’éviter une illiquidité systématique à (t1), on pose : i iDi M ≥ r 77 Une part ( )i x des investisseurs internationaux ne renouvelle pas ses prêts ( 1 0 ≤ xi ≤ ) : les banques font face au choc de liquidité ( ) iDi x de manière différenciée en fonction de leur bilan. Deux cas surviennent : i i i iDi x D ≤ M − r Les remboursements sont effectués en proportion ( ) β i de la liquidité restant disponible : ( ) i i i i iDi β M − r D = x avec 1 0 ≤ β i ≤ . i i i iDi x D > M − r Le run excède la liquidité disponible. La banque i subit des coûts de liquidationκ pour honorer ses dettes, sur une fraction ( )i z de l’actif illiquide ( )i I . Deux nouveaux scenarii sont envisageables : i i i i i i i x D z RI M r D ≥ + − + 1 κ La banque i fait face au choc ( 1 β i = ; 1 0 < zi ≤ ) ; i i i i i i x D RI M r D < + − + 1 κ La banque i est incapable de rembourser le passif exigé42 ( 1 zi = ).