Actuellement, nous constatons plusieurs modalités de déplacement de la population jeune dans le monde. Une réflexion s’impose pour mieux les interpréter, mais aussi un travail de mesure et de caractérisation . La présente décennie a connu une augmentation significative des études sur la migration des jeunes (Galland et Lambert, 1993 ; Gauthier, 2000; Ramalho , 2003 ; Pronovost et Royer, 2004). Malgré les avancées dans la discussion du phénomène de la migration de jeunes , la plupart des études sont encore loin de présenter des informations qui tiennent compte de toute la complexi té des dynamiques sociales, économiques et démographiques qui touchent la population migrante jeune.
Selon Abud et al. (2008), les mouvements de la population dans l’espace ont toujours été motivés par plusieurs facteurs , qu’ils soient politiques, économiques , naturels ou culturels. Le facteur qui a été historiquement prédominant dans les études migratoires est le facteur économique. Ainsi , les théories migratoires , au cours des dernières décennies , se sont appuyées sur des analyses micro et macroéconomiques (Oliveira et Stern, 1980 ; Wood , 1982 ; Raczynski , 1983 ; Sayad, 1998). La plupart des études ont mis l’accent sur les déterminations économiques et peu d’importance a été accordée à la dimension socioculturelle du processus migratoire. En donnant la priorité à l’optique économique , la migration a été limitée seulement à l’offre et à la recherche d’emplois dans certaines régions (Dias et Silva, 2005).
En plus des facteurs économiques, il faut prendre en compte aussi la direction des flux migrateurs. La migration de jeunes est influencée par divers facteurs et se produit également dans plusieurs directions. Les relations des jeunes avec leur « propre monde », la forme d’insertion sociale et l’appartenance aux activités professionnelles ont commencé à présenter des caractéristiques très variées qui engendrent des défis supplémentaires pour mieux comprendre la migration des jeunes.
Les étapes du cycle de vie sont des éléments importants en matière de migration juvénile. Une grande partie du mouvement migratoire des jeunes s’effectue à des moments distincts de la vie (Galland, 1991 ;Gauthier, 1999). Il faut, néanmoins, considérer la situation économique des jeunes par rapport au noyau familial (Correa, 2008).
Dans ce sens, nous cherchons à avancer dans notre réflexion sur la multiplicité des contextes de la migration des jeunes acteurs du développement dans la société, en considérant une approche qui démontre que les décisions personnelles de ces jeunes acteurs dépendent de leur situation dans la collectivité et de leurs relations avec les autres membres de la société.
En ce qui concerne les jeunes acteurs du développement, nous observons que la notion d’acteur en sociologie est vaste et que les efforts pour la conceptualiser relèvent de plusieurs approches différentes. Dans notre étude, nous utilisons le concept d’acteur proposé par la théorie de la structuration de Giddens (1997), prenant les acteurs en tant que sujets actifs impliqués dans les pratiques sociales, à mesure qu’ils partagent la connaissance des conditions et des conséquences de ce qu’ils font dans leurs vies quotidiennes. Cette connaissance prend sa source dans la conscience discursive et la conscience pratique des acteurs. Selon Giddens (1987), la conscience discursive est ce que les acteurs sont capables d’exprimer verbalement à propos des conditions sociales et de leur propre action. Par contre, la conscience pratique est ce que les acteurs savent concernant les conditions sociales, notamment les conditions de leur propre action. Dans ce sens, les activités sociales humaines sont produites et reproduites dans les interactions des sujets sociaux qui s’affirment comme acteurs (Giddens, 1987). L’attention à l’autonomie de l’acteur, à ses représentations et à ses comportements est souvent observée dans l’analyse de Giddens (1987).
Cet auteur a développé la notion de « compétence des acteurs ». Il n’a pas élaboré cette notion en pensant particulièrement aux jeunes, mais sa définition s’applique bien au cas des jeunes migrants qualifiés dans notre étude. Dans notre recherche, les jeunes acteurs du développement sont vus comme des agents compétents, donc disposant des aptitudes nécessaires pour changer leurs vies à partir des possibilités qui leur sont offertes et du contexte stratégique d’évolution qui se présente à eux. Ces mêmes jeunes acteurs contribuent constamment à la transformation sociale des territoires où ils vivent.
Ainsi, le jeune acteur du développement est entendu dans notre travail comme un sujet social, qui, de manière stable ou transitoire, a la capacité de mobiliser des ressources et d’interagir dans un certain espace social. Ce jeune acteur est inséré dans une réalité sociale en mouvement et peut exprimer une certaine créativité à partir de sa qualification et de son expérience migratoire, qui lui permettent d’être stratégique dans la construction de ses projets.
En termes territoriaux, ce jeune acteur occupe à un moment donné un espace précis avec lequel il établit des relations particulières. Dans ce cadre, chaque jeune acteur a accès à des ressources différenciées, autant matérielles que symboliques. Il devient important, dans notre étude, de souligner l’arrière-plan où les actions de ces jeunes se produisent, ce qui nous permet de mieux cerner la complexité et la diversité des environnements sociaux où ces jeunes acteurs du développement évoluent. Ces processus sociaux se structurent dans le quotidien et révèlent des éléments cruciaux du profil de ces jeunes acteurs ainsi que leurs possibilités actuelles et futures d’insertion territoriale. Dans ce sens, nous essayons de comprendre les habitudes et les diverses facettes du comportement de ce jeune acteur du développement afin d’en reconstituer la cohérence au fil des divers contextes territoriaux où il choisit de vivre.
Les scénarios concernant la situation à venir pour une jeunesse en mouvement sont devenus plus difficiles sur le plan des prévisions que ceux de la période de la constitution de la société urbaine industrielle. On connaît différentes formes de migration : la migration rurale-urbaine, la migration interrégionale et intrarégionale et le phénomène de la migration internationale. Et cela sans compter les mouvements saisonniers, pendulaires et circulaires et les migrations de retour. Néanmoins, comme l’observe Delanay (2000), l’analyse distingue ces diverses mobilités parce qu’elles présentent des configurations spatiales propres, concernent des populations spécifiques et ont des causes et des répercussions singulières. De même, nous nous proposons d’analyser comment se configurent ces migrations dans une société en mouvement, marquée également par des réalités en perpétuelle mouvance .
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